Med-Tech

Algoscope veut révolutionner le prélèvement tissulaire

Algoscope c’est la contraction d’algorithme et de microscope. Comme son nom l’indique, la jeune pousse mixe numérique et science en développant un système fondé sur l'imagerie 3D et l’IA en vue d'améliorer l'analyse des tissus prélevés lors d'une opération chirurgicale. Portrait d’une start-up compiégnoise pleine de promesses.

Soufiane Azdad, pathologiste et fondateur de la start-up Algoscope. (© Algoscope)
Soufiane Azdad, pathologiste et fondateur de la start-up Algoscope. (© Algoscope)

Du rêve d'enfant à la réalité. Entre ces deux étapes, il y a parfois le travail de toute une vie, mais pour le Dr Soufiane Azdad et deux de ses amis, il n'aura fallu que quelques années. « Je viens d’un quartier prioritaire de Compiègne. Je voulais rendre fiers mes parents en obtenant les diplômes les plus prestigieux. » Il choisit finalement les études de médecine, lors desquelles il rencontre ses futurs associés, avec qui il fait germer une idée, et un projet. « Algoscope c’est un rêve de gosse qui s’est concrétisé. »

L'idée concrète est née lorsque lui et ses associés ont répondu à l'appel à projets étudiants lancé par la fondation de l'Université de Picardie Jules Verne (UPJV). Ils se proposent alors de créer un système fondé sur l'imagerie 3D et l’IA en vue d'améliorer l'analyse des tissus et des organes prélevés lors d'une opération chirurgicale. « Les prélèvements de tissus, du bloc opératoire jusqu’au laboratoire, c’est un périple de 17 étapes manuelles, qui manque de traçabilité, d’automatisation et de standardisation », explique le pathologiste.

Tout un chemin qui peut représenter un risque d'erreur, et donc en bout de chaîne un risque pour le patient. « Les opérations manuelles sont répétitives et réalisées en grand nombre, chaque jour. Il en résulte des risques d’erreur, des inversions et des oublis pouvant survenir lors de plusieurs phases du pré-analytique. Des études estiment entre 3% à 9%​ d'erreurs dans le processus diagnostique pouvant conduire à des problèmes d'identito-vigilance plus ou moins graves », détaille le Dr Azdad.

Un prototype en 2023... et plein de projets

Cette idée leur vaut aux fondateurs d'Algoscope d'être lauréats de l'appel à projets de la fondation de l'UPJV en 2018. Ils décrochent alors un financement de 15 000 € qui leur permet de démarrer concrètement l'aventure. La société est alors créée, et depuis, les trois associés travaillent d'arrache-pied pour faire aboutir leur projet. Un prototype associant l’imagerie 3D et la métrologie devrait voir le jour cette année.

Une fois commercialisée, cette machine serait susceptible d’intéresser un grand nombre de laboratoires pathologiques en France et en Europe. « Nous visons une entrée sur le marché en fin d’année 2023 au national et à l’échelle européenne, mais nous intéressons déjà beaucoup le secteur libéral », annonce Soufiane Azdad. « Grâce à notre système et à l'IA nous pourrions réduire les inégalités des chances dans le diagnostic », insiste le fondateur.

Dans ce même esprit, Algoscope développe déjà d’autres solutions. Mais pour cela, l’équipe de huit personnes a de nouveau besoin de fonds. « Depuis le début, nous avons principalement financé ce projet sur fonds propres », souligne le dirigeant. Dans cette idée, Algoscope participera à l’organisation du Data Challenge 2023. La société avait bénéficié en 2021 du label Deeptech de la BPI avec une aide de 90 000 euros pour son développement. Elle espère autant de succès cette année.