À Comines, le tressage haute technicité de STN

Ils peuvent servir à refermer des pochettes de bijoux de luxe, être sur des bracelets de montres ou dans l'aéronautique et l'automobile : les tresses et rubans de STN Tressage, à Comines, sont utilisés sur des marchés de niche. Dirigée par Mathias Fauchille, la PME fait partie des dernières rubanneries présentes dans la commune. 

Mathias Fauchille dirige STN Tressage depuis 2010. © Lena Heleta
Mathias Fauchille dirige STN Tressage depuis 2010. © Lena Heleta

Si l'entreprise s'appelait Société des Tresses Normandes (STN) à l'origine de sa création en 1969, elle n'a aujourd'hui de normande que le nom. Rachetée il y a quelques années par une entreprise de Comines, elle est actuellement basée rue Ampère et est dirigée par Mathias Fauchille depuis 2010. Sandow (un élastique rond pour l'industrie, l'automobile, le militaire, les sports outdoor...), câble technique, lacet, sangle ou encore ruban..., STN «peut tresser l'impossible» selon son dirigeant.

«On ne dit jamais non à une commande. On répond à tous les moutons à cinq pattes de nos clients. Cela nous permet d'aller plus loin». Implantée au cœur de la vallée de la Lys, le berceau historique et ville emblématique du textile depuis plus de 500 ans – il y a 150 ans, 70% de la production mondiale de rubans était réalisée à Comines – STN Tressage mise sur des productions uniques : des tresses plates, rondes, rigides ou élastiques, dans tous les diamètres et largeurs possibles mais aussi dans tous les coloris.

Du luxe au militaire en passant par l'industrie

Le spécialiste du textile étroit produit pour des secteurs variés : «Nous travaillons beaucoup pour le luxe avec par exemple la fabrication du cordon pour les pochons et étuis de bijoux, mais aussi pour l'aéronautique avec des élastiques à très haute performance ou du catapultage de drones. Nous sommes aussi le dernier fabricant en France de cordes lisses, utilisées dans les cirques», détaille Mathias Fauchille.

L'entreprise a aussi un savoir-faire unique à destination de l'automobile avec la fabrication d'élastiques utilisés dans les tests pour les airbags. Autant de marchés de niche qui font de STN Tressage une PME très recherchée – et unique – dans son domaine. «On s'est intéressés au label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant) notamment pour les entreprises de luxe qui sont clairement en recherche de savoir-faire français. On a aussi misé sur des matières naturelles comme le lin et on a généralisé le coton bio. C'est un vrai atout». STN Tressage utilise le polyester et le polyamide pour les produits techniques comme le dyneema® ou l'aramide, qui résistent au feu.

450 métiers à tresser

Il y a quatre ans, STN Tressage a quitté Comines pour... Comines dans le but de doubler sa surface. Aujourd'hui implantée sur 3 600 m2, la PME compte une vingtaine de salariés. «La particularité d'un métier à tresser, c'est qu'il peut fonctionner tout seul. On a ici 450 machines dont certaines peuvent parfois tourner une semaine sans s'arrêter !» explique Mathias Fauchille. En moyenne, celles-ci produisent entre 10 et 60 mètres de l'heure selon la matière. Chaque jour, il sort de chez STN entre 70 000 et 100 000 mètres de tresses.

L'entreprise compte une vingtaine de salariés. ©Lena Heleta

«La fabrication textile la plus ancienne qui soit»

Tous les ans, la société investit 6% de son chiffre d'affaires dans de nouvelles machines ou dans la R&D : «On travaille toujours sur le coup d'après. Par exemple, on a imaginé des cordes 100% papier et donc totalement recyclables. Elles sont utilisées dans des anses de sacs, notamment dans le luxe». L'entreprise réalise un quart de son chiffre d'affaires à l'export, en Angleterre, en Allemagne, en Italie et en Espagne. «On livre aussi certains produits techniques en Chine pour des applications militaires» précise le dirigeant, pour poursuivre : «On doit vendre des produits zéro défaut. On leur fait faire des tests d'allongements, d'abrasion et de résistance au feu».

Depuis le Covid, STN Tressage a doublé son chiffre d'affaires – durant cette période, la PME a fabriqué les élastiques pour les masques – pour arriver aujourd'hui à 5 millions d'euros. «Ici, depuis Comines, on propose aux clients une vraie histoire française. Certes, nous sommes une petite structure, mais cela nous offre la flexibilité et l'agilité. Le tressage, c'est la fabrication textile la plus ancienne qui soit et on espère bien maintenir ce savoir-faire unique».

Groupe Fauchille : des savoir-faire uniques

Le groupe familial Fauchille compte 22 entreprises indépendantes, dirigées par Mathias Fauchille et ses trois frères et sœurs. La majorité des usines se situent dans les Hauts-de-France, principalement dans le nord de la métropole lilloise dans des domaines allant du textile au plastique en passant par la tôlerie et l'usinage. Au total, 550 salariés pour un chiffre d'affaires de 120 millions d'euros, dont 25% à l'export. Chaque jour, le groupe produit plus de 2 millions de mètres de textile, avec environ 3 500 machines.