Investissements

À Caulières, Dangreville lauréate du Plan France Relance

L’entreprise est notamment spécialisée dans la fabrication de bennes agricoles et pour les Travaux publics et dans les épandeurs à fumier. Grâce à France relance, elle va pouvoir enfin accueillir une presse monobloc et regarder l’avenir en toute sérénité.

Dangreville est notamment spécialisée dans la fabrication de bennes destinées aux Travaux publics.
Dangreville est notamment spécialisée dans la fabrication de bennes destinées aux Travaux publics.

« Cela fait dix ans que je l’attends. Je n’ai pas bétonné un endroit dans l’atelier de 10 000 m² pour elle. Le jour où elle sera là, je sortirai le champagne. » Directeur général de l’entreprise Dangreville à Caulières (45 salariés), Emmanuel Carpentier est pressé de voir fonctionner sa futures presse monobloc de neuf mètres de long et d’une puissance de 1 000 tonnes.

Il attend toutefois de recevoir la fameuse convention certifiant qu’il va bien recevoir pour son achat une subvention de 600 000 euros, soit la moitié de son investissement, avant de signer son prêt à la banque et de commander la fameuse machine et l’outillage qui va avec. Le délai d’attente est d’un an, alors, Emmanuel Carpentier s’avoue impatient…

Le siège de Dangreville à Caulières.

Son entreprise familiale créée en 1910 - il est la quatrième génération - est spécialisée dans le haut de gamme. Elle fabrique des épandeurs à fumiers, des bennes agricoles et pour Travaux publics, des plateaux fourragers, des portes-engins et des bétaillères entièrement conçus (trois salariés et demi au bureau d’études) et fabriqués à Caulières. Épandeurs et bennes sont les matériels les plus vendus; avec une centaine d’unités chacun par an.

Un soin extrême est apporté à chaque étape de la fabrication et jusqu’aux moindres finitions. Les engins Dangreville sont facilement reconnaissables à leur couleur orange et portent la marque de la société. L'entreprise assure aussi de la sous-traitance de peinture à façon, du pliage, de la soudure, de la découpe de tôles pour les artisans, industriels et particuliers, elle entretient et répare le matériel vendu et dispose de son parc de matériel d’occasion.

Pour Dangreville, l’avenir est en partie au composite. En 2019, la société a conçu un châssis de remorque agricole en cette matière, durable dans le temps, permettant de gagner jusqu’à deux tonnes de charge utile sans compter un tassement du sol qui est moins important. Il a été testé sur trois campagnes et pourrait être industrialisé. L’entreprise cherche des partenaires dans l’aéronautique ou le naval pour l’aider. 

Le châssis de remorque en composite, un matériau d'avenir pour le dirigeant de l'entreprise.

« Nous allons gagner en compétitivité »

« Je suis heureux d’avoir été retenu par France Relance, confie Emmanuel Carpentier. C’est une grande chance. La dernière fois que nous avons été aidés, c’était par des fonds Feder, donc européens, il y a une vingtaine d’années. Avec la future presse monobloc, nous allons être tranquilles pour les 30 prochaines années. Il était temps de réindustrialiser la France. »

De plus en plus, les machines grossissent en même temps que les exploitations agricoles s’agrandissent : « Notre matériel devient obsolète, poursuit le dirigeant. Nous perdons du temps en productivité. En moyenne, avant, les bennes avaient une capacité de 14 tonnes, nous en sommes aujourd'hui à 32 tonnes. Nous sommes obligés de faire trois plis pour assembler l’acier, là, il n’y en aura plus. Nous allons gagner en compétitivité et en marges. Le matériel sera logiquement plus léger mais tout aussi robuste. »

Flambée des matières premières

Comme toutes les entreprises travaillant l’acier, Dangreville fait face à une flambée des matières premières : « Des gens tomberont en panne et nous ne pourrons pas des dépanner, prévoit-il. Imaginez, les coques viennent d’Ukraine… En janvier 2021, l’acier était à 680 euros la tonne, il atteint actuellement 1 800 euros la tonne et il faut payer cash ! Nous sommes trop dépendants de tout. Heureusement que nous avions bien stocké avant la crise du Covid, mais nous pâtissons de plus belle avec la crise ukrainienne. » Malgré un horizon incertain, Emmanuel Carpentier croit toujours en l’avenir, en la jeunesse et en l’industrie. C’est pourquoi elle accueille avec bonheur stagiaires et apprentis.