À Calais, l’Atelier Lass allonge le pas

Décorer ses baskets ? Au-delà d’une simple variante, l’acte s’est marchandisé et un créateur a peut-être formalisé un nouveau marché juteux. Rencontre avec Atelier Lass dirigé par Hugo Lassalle, un jeune créateur d’entreprise à Calais.

Hugo Lassalle, créateur et dirigeant d’Atelier Lass. © Aletheia Press/M. Railane
Hugo Lassalle, créateur et dirigeant d’Atelier Lass. © Aletheia Press/M. Railane

Comme toute sa génération, Hugo Lassalle a grandi avec des sneakers au pied et cultive la passion des baskets. Il a fait de cet objet fétiche son métier en proposant, à Calais, un service de customisation. Il a testé l’idée pendant trois ans, son le statut d’auto-entrepreneur. Un bon moyen pour appréhender le marché et de tâtonner sur la production. «Je suis passé en entreprise individuelle en juillet 2022» raconte-t-il. Hugo Lassalle a tout appris lui-même. «Au début, je faisais simplement des logos. J’utilise du calque, une petite machine à impression qui fait pochoir» explique-t-il encore.

Deux millions de vues

Le mois dernier, le Carré des affaires l’a accueilli. Il y occupe désormais un grand bureau qui sert de mini-atelier : «Je pars d’une paire de baskets. Blanche, généralement d’une grande marque. J’ai un pinceau, de la peinture, des bombes à grapher. J’ai travaillé par exemple pour un studio de jeu de F1, Electronics Art ; pour leur nouvelle saison Apex Legend, ils m’ont demandé une personnalisation» ajoute-t-il.

À 22 ans, le Calaisien a connu un énorme succès. Ses premières vidéos pendant la période de confinement dépassent les 2 millions de vues. Suivi par plusieurs dizaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux (150 000 sur Tik Tok, 25 000 sur Instagram), il enchaîne les commandes pour les particuliers et collabore avec des entreprises. «Je vends partout dans le monde aujourd’hui». Pour les réseaux d’agents immobiliers ERA, il livre une dizaine de paires customisées. D’autres clients vont plus loin et commandent aussi une vidéo à poster sur les réseaux sociaux de l’entrepreneur, qui met ainsi un pied dans le monde des influenceurs.

Bientôt les vêtements

Globalisé, ce nouveau marché voit rapidement apparaître des concurrents en Amérique du Nord. «Aux USA, ils passent à l’impression 3 D. Il faut sans cesse se renouveler, investir et travailler à sa manière». Avec la 3D, l’idée est de faire évoluer la customisation ; ajouter des objets, changer de couleur, de logos, de styles. Et évoluer sur des services plus larges…

L’an dernier, Hugo Lassalle a produit plus de 1 000 paires et a dépassé le rythme de 800 paires par mois. Mais en ce début d’année, sa production est retombée à 200 par mois. Aussi, il choisit de se diversifier en lançant, cet été, sa marque de vêtements : Lass Memory. «Nous sortons nos premiers articles le mois prochain. Une marque semi-luxe. En noir et blanc. Nous avons choisi un producteur grec et un fournisseur allemand. Je commence avec deux T-Shirt» précise le jeune homme. Pour suivre l’activité croissante, Hugo Lassalle a recruté un alternant, devenu son associé, qui assure la fonction d’assistant commercial. Il devra aussi savoir courir le sprint.