4.000 menus présidentiels et royaux français aux enchères à Paris

Quand l'amour de Barack Obama pour le fromage aurait pu déclencher un incident diplomatique avec la Russie... C'est ce que révèle, entre autres, une exposition de menus présidentiels et royaux...

Menu d'un dîner d'Etat au château de Versailles, le 20 septembre 2023 © Daniel LEAL
Menu d'un dîner d'Etat au château de Versailles, le 20 septembre 2023 © Daniel LEAL

Quand l'amour de Barack Obama pour le fromage aurait pu déclencher un incident diplomatique avec la Russie... C'est ce que révèle, entre autres, une exposition de menus présidentiels et royaux français, mis aux enchères vendredi à Paris.

De Napoléon III à Elisabeth II en passant par Vladimir Poutine, la maison de vente Millon propose cette collection de 4.000 menus du chef lyonnais Christophe Marguin, une "première mondiale", selon elle, qui dévoile quelques anecdotes savoureuses.

Parmi ces menus, présentés au public depuis mercredi à Paris avant la vente, celui d'un dîner le 5 juin 2014 qui aurait pu donner lieu à un incident diplomatique. Lors des commémorations du 70e anniversaire du Débarquement allié en Normandie, le président François Hollande reçoit son homologue américain Barack Obama dans un restaurant étoilé du chef Guy Savoy.

Après une salade de homard bleu et un bar de ligne en écailles grillées, Barack Obama a "retardé le programme du dîner en demandant une assiette de fromage avant le dessert", ce qui aurait pu être problématique car M. Hollande devait ensuite rejoindre l'Elysée pour un deuxième repas avec le président russe Vladimir Poutine, raconte à l'AFP Pierre Marquis, expert au cabinet Poulain qui prend part à l'opération.

Encore plus spectaculaire: un repas servi à 23.000 maires au jardin des Tuileries, près du Louvre, pour l'exposition universelle de 1900, qui a nécessité 7 kilomètres de nappe, 125.000 assiettes, 600 cuisiniers et commis, 2.200 serveurs, 2 tonnes de saumon, 1.200 litres de mayonnaise et 39.000 bouteilles de vin.

La collection, qui couvre 150 ans d'histoire diplomatique et gastronomique, débute par un dîner donné par Napoléon III en 1868 avec profusion de vins fins. Suivent une myriade de dîners d'Etat incluant l'empereur du Japon Hirohito mais aussi Nelson Mandela et Saddam Hussein. 

Ces menus, estimés de 10 à 1.500 euros pièce, sont imprimés sur soie ou papiers précieux, enluminés et décorés par de célèbres artistes, comme celui réalisé pour le président américain Jimmy Carter avec une lithographie de Marc Chagall.

Messages subliminaux

"Au fil des années, on voit l'évolution des relations internationales avec des visites fin XIXe-début XXe (siècles) qui étaient beaucoup plus rares, donc à chaque fois marquées par des événements exceptionnels avec des défilés de plusieurs repas à l'Élysée, un repas parfois à Versailles et, souvent, des manœuvres militaires et des soirées à l'Opéra ou au théâtre", rapporte M. Marquis.

Certains menus comportent aussi des messages subliminaux.

Lorsque la France tente de resserrer ses liens avec la Russie et la Grande-Bretagne en 1897, le dîner offert en l'honneur du tsar Nicolas II inclut de "l'esturgeon de Volga à la moscovite", ainsi que de "l'ananas à la Victoria", un dessert portant le nom de la reine d'Angleterre de l'époque.

Habituellement, c'est le président français qui a le dernier mot concernant le choix du menu, hautement discuté en amont pour ne pas commettre de bévue diplomatique, selon Pierre Marquis.

A l'occasion d'une des nombreuses visites de la reine Elisabeth II, la France proposa par exemple un menu "avec ou sans foie gras" par crainte de froisser son fils Charles, défenseur du bien-être animal.

"Mais c'est la reine, qui adorait le foie gras, qui eut le dernier mot", révèle l'expert.

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