Conjoncture

2023, l’année de toutes les incertitudes pour le marché immobilier picard

Après deux années marquées par une envolée des prix et un nombre de transactions record, le marché immobilier picard s’apprête à entrer dans une zone de turbulences. Inflation, coût de la construction, RE2020, hausse des taux d’intérêts… les professionnels de l’immobilier font face à une situation inédite.

Le marché de l’immobilier s’apprête à entrer dans une zone de turbulences. ©Aletheia Press/ D. La Phung
Le marché de l’immobilier s’apprête à entrer dans une zone de turbulences. ©Aletheia Press/ D. La Phung

En 2022, le nombre de transactions immobilières en France devrait frôler les 1,2 million. Un chiffre comparable au record historique atteint en 2021, mais qui cache cependant un phénomène observé depuis quelques mois : l’érosion lente mais perceptible des ventes. Une baisse qui devrait toucher principalement l’ancien, pour le moment.

« Il existe une plus grande possibilité de progression dans le neuf pour les constructions en cours. Mais l’entrée en vigueur de la RE2020 risque d’engendrer des coûts supplémentaires et potentiellement faire baisser les ventes », note François Desjardins, notaire à Quevauvillers et 1er vice-président de la Chambre interrégionale des notaires de Picardie, une organisation qui rassemble quelque 370 notaires et près de 1 700 collaborateurs dans les départements de l’Aisne, l’Oise et la Somme.

La maison avec jardin reste le bien le plus recherché. ©Aletheia Press/ D. La Phung

Le marché immobilier en Picardie

Sur l’ex-territoire picard, le marché immobilier suit les grandes tendances observées au niveau national. « L’Oise subit quelque peu l’évolution du marché parisien, analyse François Desjardins qui précise sa pensée : Les Parisiens s’éloignent de Paris poussant ceux qui étaient aux abords de la capitale à s’éloigner encore plus et ainsi de suite », pointe-t-il. Une vague qui a provoqué entre juillet 2021 et juin 2022 une hausse de +7,7% sur les maisons anciennes, avec un prix de vente médian à 210 000 euros et de +13,5% pour les maisons neuves, soit un prix de vente médian de 258 000 euros.

Une augmentation qui a aussi touché le marché de l’ancien dans la Somme (+2,2% en moyenne sur le département), avec un pic de +9% à Amiens. Le neuf a connu une importante croissance de +16,5% sur un an. « Les acquéreurs cherchent majoritairement de l’espace. Ils veulent une maison avec jardin », indique François Desjardins.

Une augmentation des prix qui a cependant épargné le département de l’Aisne puisque globalement, le territoire a enregistré un recul de -1,7% sur les maisons anciennes (prix de vente médian, 118 000 euros). Un phénomène qui ne touche pas le neuf puisque le secteur a enregistré une progression de +6,4%. Une situation qui devrait cependant évoluer dans les mois à venir.

Beaucoup d’incertitudes pour 2023

« Beaucoup de facteurs indiquent que l’on s’oriente vers une baisse des prix », souligne François Desjardins. Inflation, coût de la construction, hausse des taux d’intérêt, accès aux prêts restreint, mise en place d’un DPE peuvent expliquer cette baisse. 

« Mais il est probable que dans le même temps le marché doive faire face à une résistance à cette révision des prix de la part des vendeurs », temporise-t-il, évoquant la possibilité que certains biens soient retirés de la vente, provoquant une raréfaction de l’offre. 

« Il est très difficile de faire des projections claires sur ce qu’il va se passer, nous entrons dans une période de grande incertitude. Mon sentiment est que nous allons vers une diminution des ventes. La question est de savoir si nous allons retrouver une situation comparable à celle que nous avons connue avant la crise sanitaire ou si cette baisse sera plus marquée », confie François Desjardins.