2018, année record pour Eurasanté, toujours plus attractif
Avec des bilans positifs depuis plusieurs années, la filière santé et nutrition régionale n’a pas dérogé à la règle pour 2018 avec 28,5 millions d’euros de fonds levés et un chiffre d’affaires consolidé à 12 milliards d’euros en 2017.
Il s’agit de la seconde meilleure année pour la filière, après 2017 – année qui avait surtout été marquée par la levée de fonds de Genfit, à hauteur de 180 millions d’euros, l’une des plus importantes levées de fonds d’Europe. «La filière va bien. Ce qui la caractérise, c’est bien évidemment le temps long de maturation des projets qui nécessitent de nombreux investissements», se réjouit Etienne Vervaecke, directeur général du GIE Eurasanté. Avec 30 800 salariés, la filière régionale a créé 3 000 emplois entre 2015 et fin 2017, et devrait probablement atteindre le seuil des 4 000 emplois créés en 2020. En 2018, une vingtaine d’entreprises de la filière ont levé 28,5 millions d’euros (contre 24 millions en 2017), dont 7,4 millions d’euros uniquement par les start-up incubées à Eurasanté. Que ce soit pour Infimed (9,8 M€), MDMS (9 M€), Cutii (1,2 M€), Lattice Medical (1,3 M€) ou encore InBrain Pharma (1,2 M€), la dynamique de la filière poursuit son ascension, portée par la vitalité du secteur des services spécialisés, notamment des structures de maintien et services de santé à domicile, pourvoyeuses d’emplois et à la recherche d’innovations.
Tout quitter pour les
Hauts-de-France
Preuve de l’attractivité régionale, certaines entreprises n’hésitent pas à quitter leur ancien siège pour s’installer en région ou à créer une antenne en Hauts-de-France. C’est le cas d’Assystem Care, société de conseil en ingénierie industrielle, spécialisée dans les sciences de la vie, qui ouvre une agence de cinq salariés à Villeneuve-d’Ascq ; d’InnovaFeed, implantée en région depuis 2017 et qui a inauguré un nouveau site de production à Nesle (Somme) ; du groupe bucco-rhodanien Isolvar, avec une agence de trois collaborateurs dans le Nord, à Hardifort ; de Oui Help avec une agence à Lille, qui accompagne les seniors à domicile ; du courtier en assurances santé Santiane à Villeneuve-d’Ascq (vingt-cinq salariés) ; et d’un site de production pour Ynsect, spécialisée dans la fabrication de protéines d’insectes pour l’alimentation animale et les enfants, à Poulainville dans la Somme. Et Etienne Vervaecke de citer également l’incubation prochaine d’AptamiR Therapeutics, une entreprise américaine fondée par un Français (siège à Austin, au Texas) : «Nous allons accompagner cette filiale dans une levée de fonds, c’est une première implantation américaine significative.»
En 2022, le Hub
Eurasanté
L’année 2018 aura également été celle des records avec 28 transactions immobilières (7 727 m2) et la création de 340 emplois d’ici deux ans. «Nous n’avons jamais commencé l’année avec autant de prospects : 30 projets en examen, pour 14 000 m2 en cours de transaction», se réjouit Etienne Vervaecke, qui avoue devoir commencer à pousser les murs, notamment au Bio-incubateur. D’où le projet du Hub Eurasanté à horizon 2022 : un bâtiment de 4 000 m2, à vocation de synergies entre chercheurs, start-up, entrepreneurs… «Nous devrions bientôt avoir un retour sur le financement de l’Etat et de la Région (coût total du projet : 2 M€), pour ce projet qui fait partie du programme d’investissement d’avenir (PIA) régional. Le Hub augmentera la capacité d’incubation, mais servira aussi à organiser des événements de la filière.» Premiers travaux prévus au premier semestre 2019.
Labellisation «Apporteur
d’affaires French Tech Seed»
Malgré les échecs de l’implantation de l’Agence européenne du médicament (AEM) à Lille, puis de l’IHU (Institut hospitalo-universitaire) – pour lequel le projet lillois PréciDIAB, porté par le professeur Philippe Froguel, a été classé deuxième et voit donc les 50 M€ initialement prévus lui passer sous le nez –, la filière santé et nutrition reste déterminée. Le 22 janvier dernier, le consortium French Tech Seed Hauts-de-France, piloté par Eurasanté, a été labellisé dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt «Apporteur d’affaires French Tech Seed ». Doté de 400 millions d’euros issus du PIA et opéré par Bpifrance, ce fonds d’investissement soutient les start-up innovantes de la deeptech (produits et services sur la base d’innovations de rupture) de moins de trois ans. En obtenant ce label, French Tech Seed Hauts-de-France devient prescripteur de ce fonds et sera donc un levier supplémentaire dans le financement des pépites régionales. Deux candidatures sont également en cours d’instruction pour la 4e phase de l’appel à projets RHU (Réseau hospitalo-universitaire) du PIA, dont les réponses doivent tomber au printemps prochain (entre 5 et 10 M€ accordés aux projets sur cinq ans, ndlr) : le projet Gift, porté par l’entreprise Macopharma, développé en lien avec le CHU de Lille et la start-up InBrain Pharma. Il développe des solutions thérapeutiques innovantes dans les maladies neurodégénératives. Le second, DIABote, vise à apporter une meilleure compréhension du syndrome inflammatoire chez le patient diabétique de type 2 insulino-résistant. Quant aux pôles de compétitivité, amenés à être réduits puisque sur 56 candidatures, seuls 48 pôles seront relabellisés, Etienne Vervaecke reste confiant : «A ce stade, nous en faisons partie, mais nous attendons la confirmation du Premier ministre»
Quelques nouvelles
entreprises du parc Eurasanté en 2018
– Be Lab : outil de mesure de la perte hydrique chez
les sportifs
– Bioversys : recherche et développement de petites
molécules qui contrent la résistance aux antiobiotiques existants
– CVO Europe : conformité réglementaire en life sciences
– GD Biotech : créée par Gènes Diffusion, développement
de partenariats dans l’écosystème santé
– Pans&Perf : coordination des soins de
cicatrisation à domicile
– Quest Medical Imaging : conception et fabrication de
systèmes de caméra de pointe pour des applications médicales
– RAPS : développement d’ingrédients à destination des agro-industriels et GMS
– SCB : cabinet-conseil en propriété intellectuelle
– X’Prochem : procédé chimique destiné à simplifier le
processus de production des biomédicaments
Bientôt un Centre national de ressources et de résilience à Lille
Né à la suite des attentats de 2015, un appel à projets gouvernemental, organisé dans le cadre du plan ministériel de l’aide aux victimes, proposait la création d’un Centre national de ressources et de résilience (CN2R). Pour renforcer la résilience de la société française face aux phénomènes et événements qu’a récemment connus le pays, ce CN2R vise à développer la recherche et l’enseignement dans le domaine du psychotraumatisme et de la résilience et à développer l’information du grand public. Et c’est à Lille que ce futur CN2R verra le jour (après examen de la candidature de dix villes), courant du premier trimestre 2019, porté par le professeur Guillaume Vaiva (CHU de Lille) et le professeur Thierry Baubet (APHP). «Le CN2R sera une centre de ressources de formation pour les professionnels et s’articule autour d’un consortium pluridisciplinaire», explique le professeur Guillaume Vaiva. Il devrait employer une quinzaine de personnes, et pourrait avoir son siège dans les locaux de l’Institut cœur-poumons. Avec une ambition de levées de fonds d’1,6 million d’euros chaque année, durant dix ans.