2016, année de lutte contre le chômage ?

François Hollande l’a confirmé lors de ses vœux : cette année, le gouvernement devrait prendre des mesures importantes pour lutter contre le chômage. Le sujet, premier sujet de préoccupation des Français, malgré une très légère décrue du chômage prévue par l’Insee pour 2016, suscite de nombreuses discussions parmi les partenaires sociaux.

 “ L’urgence sociale et économique”… Lors de ses vœux à la Nation pour l’année 2016, le président de la République a présenté plusieurs pistes de travail pour tenter de résoudre le problème du chômage. Tout d’abord, “un plan massif de formation des demandeurs d’emploi sera lancé : 500 000 personnes de plus seront accompagnées vers les métiers de demain”, a déclaré François Hollande. Deuxième piste annoncée, de nouvelles aides à l’embauche devraient être attribuées aux TPE et PME dès le début de cette année. Troisième piste, le renforcement de l’apprentissage, actuellement en perte de vitesse. Et pour finir, c’est une politique de grands travaux orientée vers la croissance verte (rénovation des bâtiments, énergies renouvelables) qui devrait être mise en Tmuvre. Reste à définir les modalités et le financement de ces mesures. Réponse le 18 janvier ? Ce jour-là, François Hollande devrait présenter son plan de lutte contre le chômage, lors des traditionnels vœux aux acteurs de l’entreprise et de l’emploi, au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Le plan avait été annoncé suite aux attentats de novembre dernier et suivi des interventions de Manuel Valls, Premier ministre, qui en avait indiqué les principaux sujets, au lendemain des élections régionales. Les régions sont en première ligne, qui sont dotées de compétences en matière de formation professionnelle et d’apprentissage.

Depuis le mois de novembre 2015, hommes politiques et partenaires sociaux se sont largement exprimés sur le sujet. Car, si chacun s’accorde à considérer la lutte contre le chômage comme prioritaire et urgente, les mesures jugées pertinentes diffèrent. En particulier, le 15 décembre, le Medef a publié dans un communiqué ses propres préconisations pour “un plan d’urgence en faveur de la création d’emplois”, qui se décline en trois temps. Lignes directrices : favoriser “la compétitivité” et “l’agilité” des entreprises. Pour le court terme, le syndicat patronal propose l’exonération totale de charges pendant deux ans pour toute nouvelle embauche de salarié ou d’alternant, le plafonnement des indemnités prud’homales, ainsi que l’assouplissement des conditions de recours aux contrats à durée déterminée. Pour les mesures à prendre durant l’année 2016, il préconise de continuer à alléger les charges en diminuant les impôts de production, une mesure qui serait financée par le relèvement du taux de TVA. Autres mesures proposées : la réhabilitation de l’apprentissage, la réforme du Code du travail et de l’assurance chômage, ainsi que l’incitation au maintien dans l’emploi des seniors, par un allègement des cotisations sociales. Au chapitre des réformes structurelles réclamées par le Medef figurent une baisse des dépenses publiques, une réforme sociale, ainsi que la simplification de l’environnement législatif et réglementaire des entreprises.

Très légère décrue du chômage d’après l’Insee.

“Le patronat est figé dans ses postures. Je constate que les idées du Medef, c’est la précarité, la baisse supplémentaire du coût du travail, et aucune réflexion sur l’économie”, a pour sa part réagi Laurent Berger, secrétaire de la CFDT, dans le Journal du Dimanche du 20 décembre 2015. “Je demande que le gouvernement réunisse dès que possible tous les partenaires sociaux pour tirer les choses au clair, faire le bilan des engagements sur l’investissement, les embauches, l’apprentissage. Il faut commencer par demander des comptes au lieu de se laisser embarquer dans l’escalade des revendications patronales”, a poursuivi le responsable syndical.

C’est dans ce contexte que mi-décembre, l’Insee a publié ses prévisions sur le chômage. À en suivre les statisticiens, le chômage devrait commencer à refluer légèrement d’ici à mi-2016. En Métropole, il atteindrait alors 10% de la population active, quand il est à 10,2%, au troisième trimestre 2015. Cette diminution progressive ramènerait le taux au niveau du premier semestre 2015. La légère amélioration prévue repose sur une augmentation des emplois dans le secteur marchand : au premier semestre, ce sont 35 000 postes qui devraient être créés dans le secteur, contre 24 000 au second semestre 2015. Et au niveau global, l’Insee prévoit un taux de croissance de 1% au premier semestre 2016, correspondant à la création de quelque 73 000 emplois… Pas de quoi remettre en cause la nécessité d’un plan concerté contre le chômage, doté des moyens nécessaires.