2013 l'année à oublier et 2014 celle dont on se souviendra ?
Après une année 2013 particulièrement sombre pour l'économie régionale et nationale, 2014 pourrait être celle d'une timide reprise.
«2013 est à marquer d’une pierre noire.» Le président de la chambre de commerce et d’industrie de la région Nord de France, Philippe Vasseur, pèse ses mots concernant cette «annus horribilis», s’appuyant sur les résultats dévoilés au cours des Rencontres régionales de l’économie, le 20 février dernier.
D’après ces données, on peut effectivement observer que 2013 a coûté cher à l’économie régionale, avec près de 3 457 défaillances d’entreprises et plus de 10 000 emplois menacés. Cette année se poursuivait le douloureux cycle de cinq ans entamé en 2008 qui a fait perdre 50 000 emplois au Nord-Pas-de-Calais.
Au niveau national, l’industrie a particulièrement souffert avec une forte baisse du chiffre d’affaires (- 1,7%) et de l’investissement dans ce secteur (- 13,5%). Stéphane Latouche, nouveau directeur régional de la Banque de France depuis le 23 janvier dernier, évoque clairement «une année noire pour l’industrie» à l’échelle nationale, à l’exception de l’industrie agricole et alimentaire. Malgré tout, 2013 marque pour l’Hexagone un retour au niveau de richesse de 2008.
Plus d’optimisme. Ce retour à la situation d’avant-crise semble rendre les dirigeants du Nord-Pas-de-Calais plus optimistes pour 2014. D’après l’enquête d’opinion de la CCI menée auprès de 3 650 entreprises, 8% d’entre elles voient leur chiffre d’affaires augmenter en 2014 et 21% projettent une hausse de leurs ventes à l’étranger. Le retour de la croissance dans l’UE − «qui s’est disciplinée et peut s’appuyer sur une politique de la BCE accommodante», précise Stéphane Latouche − et dans d’autres pays développés devrait globalement favoriser les entreprises françaises : près de 60% des échanges de la France sont réalisés avec les pays développés. A noter que dans la région, un quart des entreprises ont une activité internationale, devenue incontournable pour croître.
Les dirigeants du Nord-Pas-de-Calais sont un peu plus optimistes sur leur rentabilité : 25% voient une augmentation de celle-ci en 2014 (contre 20% en 2013). Un optimiste qui reste néanmoins timide. D’autant plus que les entreprises françaises sont confrontées au taux de marge le plus bas qu’elles aient connu depuis 30 ans (environ 28%), avec près de 12 points d’écart avec l’Allemagne.
Mais toujours des inquiétudes. Ainsi, on comprend mieux les craintes persistantes sur leur situation financière : 20% des dirigeants régionaux sont pessimistes quant à leur trésorerie en 2014, contre seulement 18% d’optimistes. Cette inquiétude à propos des finances et la timidité de la reprise font qu’une véritable redynamisation durable de l’emploi dans le Nord-Pas-de-Calais reste précaire. Une entreprise sur quatre – seulement – envisage de recruter en 2014, même si cela correspond à un mieux par rapport aux années précédentes. «Contrairement à ce que l’on pourrait croire, plus l’entreprise est importante, plus celle-ci est prête à engager», souligne Philippe Vasseur, chiffres à l’appui : 51% des ETI envisagent de recruter en 2014, contre 35% des PME et seulement 12% des TPE. Les secteurs qui projettent le plus de recrutement se concentrent dans les services aux particuliers et aux entreprises (portées par les TIC, très présentes en région) ainsi que les transports. A contrario, les plus pessimistes côté recrutement restent la construction, l’industrie et les hôtels-cafés-restaurants. Les hôteliers et les restaurateurs avaient été déjà fortement impactés par l’atonie de la consommation en 2013 et restent un secteur durement touché par la crise.
En termes de perspectives sur le chiffre d’affaires, l’industrie de la région est en ordre dispersé entre une industrie automobile pessimiste et celle de l’agroalimentaire ou de l’énergie, beaucoup plus optimiste. En effet, dans ce dernier domaine, 50% des dirigeants estiment qu’ils vont augmenter leur chiffre d’affaires en 2014. C’est le cas également du secteur des TIC, encouragé par l’augmentation de 10% de son chiffre d’affaires en 2013. Globalement, malgré des signaux encourageants, la reprise espérée ne «sera pas explosive», reconnaît Phillipe Vasseur, tout en ajoutant que l’année 2014 verra vraisemblablement un basculement vers «un nouveau système de croissance». Reste à savoir la forme que prendra le nouveau cycle qui s’annonce.