2011 : année record en France…
Le marché français des enchères a progressé de 8,6%, l’an dernier. Les opérateurs de ventes volontaires bénéficient notamment de l’engouement pour l’art chinois. La France demeure le 4ème marché mondial.
A l’heure où la rigueur pointe son nez et où les plus fortunés sont invités à la discrétion, les chiffres des ventes aux enchères, publiés par le Conseil des ventes volontaires (CVV), l’autorité de régulation de la profession, pourraient heurter plus d’une âme sensible. En France, le marché des enchères a progressé en 2011 de 8,6%, représentant un total de 2,38 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le pays demeure ainsi le quatrième marché mondial, même s’il se classe loin derrière la Chine (11,5 milliards d’euros adjugés), les Etats-Unis (6,1 milliards) et le Royaume-Uni (3,4 milliards). Le marché français se porte donc bien. «2011 est la meilleure année jamais écoulée !», s’exclame Catherine Chadelat, présidente du CVV. Les chiffres surpassent même ceux de l’année 2009, lorsque la vente de la collection Saint- Laurent par Pierre Bergé avait dopé, très conjoncturellement, les résultats. Mais «attention aux cocoricos», souligne la présidente, soucieuse de nuancer la bonne performance française. «La France part d’assez bas. En conséquence, une succession de belles ventes suffit à faire grimper les chiffres», observe-t-elle.
396 opérateurs en France
Les réformes qui ont bouleversé le secteur depuis une dizaine d’années, ainsi que la montée en puissance des enchères en ligne, n’ont pas modifié sensiblement le paysage. On dénombre 396 opérateurs en 2011, contre 340 en 2002. On n’a donc pas assisté à une concentration du secteur, contrairement à ce que l’on aurait pu attendre. De même, la répartition entre les sociétés de vente parisiennes et celles qui sont établies en province est restée la même. Environ un tiers des opérateurs sont installés à Paris. Enfin, comme c’était déjà le cas il y a plusieurs années, une petite dizaine de maisons, parmi lesquelles les branches françaises de Sotheby’s et Christie’s, concentrent une grande partie de l’activité tandis que la majorité des sociétés de ventes affichent des chiffres d’affaires beaucoup plus modestes.
Régions : le top 5
Le CVV distingue trois grandes catégories d’objets vendus : l’art et les objets de collection, les véhicules d’occasion et le matériel industriel et enfin les chevaux. La proportion de chacun de ces trois grands secteurs reste, d’année en année, relativement stable, un peu plus de la moitié des adjudications pour l’art, un peu plus de 40% pour les objets utilitaires et le reste, environ 5%, pour les chevaux. Quatre régions, à part l’Ilede- France qui caracole loin devant avec 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires, ont enregistré en 2011 une activité supérieure à 100 millions d’euros. A chacune sa spécialité. La Bretagne bénéficie de la présence de plusieurs sociétés effectuant des ventes de voitures d’occasion. Deauville (Basse- Normandie), la région Provence-Alpes- Côte-D’azur profitent surtout d’une importante clientèle fortunée et d’un tourisme de luxe.
Boom de l’art asiatique
Enfin, en Midi-Pyrénées, on s’échange des voitures d’occasion mais on a aussi enregistré, en 2011, selon le CVV, «quelques vacations très importantes d’art asiatique», notamment un manuscrit chinois enroulé, qui fut adjugé 22 millions d’euros à Toulouse. Car l’art asiatique se vend bien en France. Le CVV y voit le résultat de l’enthousiasme «des collectionneurs américains, russes et surtout chinois, en quête des trésors de l’ancien empire du Milieu rapportés de Chine il y a plus d’un siècle». Pour être plus clair, les riches Chinois ont désormais les moyens de racheter les objets pillés par les Européens au 19ème siècle. On se souvient qu’au moment de l’adjudication Saint- Laurent, en 2009, la Chine avait protesté contre la mise en vente de têtes d’animaux représentant les signes du zodiaque chinois. Ces objets, présentés en France comme de simples «statuettes», provenaient en réalité de la décapitation de statues du Palais d’été de Pékin. En 1860, les troupes françaises et anglaises avaient mis à sac la capitale chinoise. A Paris, lors des six premiers mois de l’année, la pièce adjugée au prix le plus élevé (7,8 millions d’euros) est un album impérial daté de la période Qianlong (1735-1796). Cet ouvrage, qui retrace l’histoire de tribus vivant aux confins de la Chine et du Tibet, avait été commandé par l’empereur. Les experts ont constaté l’existence d’une numérotation et en ont déduit qu’il s’agissait d’une pièce extrêmement rare.