200 ans de tradition et de patrimoine industriel régional

En bordure de la Deûle, la distillerie Claeyssens fait figure d’emblème dans le paysage wambrecitain. Depuis 1817, elle produit le genièvre1, cher au patrimoine nordiste. 200 ans après, les méthodes de production n’ont presque pas changé mais n’ont pas empêché la distillerie d’innover.

Le trieur-ventilateur et le broyeur datent d'il y a 200 ans et sont toujours utilisés en production.
Le trieur-ventilateur et le broyeur datent d'il y a 200 ans et sont toujours utilisés en production.

Cette «jeune demoiselle», comme aime à l’appeler Daniel Vendramin, PDG de la distillerie, a gardé tout l’héritage de son histoire. En 1789, le Belge Guillaume Claeyssens achète le moulin de l’écluse de Wambrechies pour y faire, dans un premier temps, du drap de lin. Transformé ensuite en moulin à huile, le bâtiment deviendra une distillerie de genièvre, bien plus rentable à l’époque. La présence d’un moulin à eau, existant sur le site de l’écluse depuis le XIIIe siècle, ainsi que la présence d’une nappe phréatique à 30 m de profondeur sont déjà des atouts de taille puisque, actuellement, 15 000 litres d’eau sont utilisés chaque jour. «Dans une bouteille de genièvre, il y a 51% d’eau», précise un des employés du site. En 1998, la famille Depasse, propriétaire belge des Grandes Distilleries de Charleroi (groupe GDC), rachète la distillerie ainsi que celle de Loos en 2000, qui fermait ses portes. L’occasion de se diversifier en produisant du whisky et une gamme de cocktails aromatisés à base de genièvre. «La diversification est fondamentale. Nous avons lancé le whisky il y a 20 ans. En France, il représente 35% des ventes en volume des ventes de spiritueux. C’est l’alcool numéro 1 des Français après le vin et la bière», détaille Daniel Vendramin.

Intertitre

Se diversifier pour continuer d’exister

Pour produire les  30 000 litres annuels, la distillerie fonctionne uniquement avec deux salariés à temps plein et un à mi-temps, qui travaillent comme le faisaient leurs prédécesseurs il y a deux siècles. Si la distillerie a les capacités de produire davantage, le plus grand problème reste le stockage. «Nous avons racheté 100 fûts de 500 litres pour produire le whisky, mais il faut le laisser vieillir et cela prend de la place !» poursuit Daniel Vendramin. La distillerie fonctionne six mois par an (d’octobre à mars) et produit donc en majorité pour un «gros client» français dont le PDG se gardera bien de donner le nom. Mais, pour autant, les affaires ne sont pas toujours florissantes : sur les dix dernières années, le chiffre d’affaires a baissé de 35% pour atteindre 1,5 M€ en 2017. «Nous n’avons pas la force de frappe marketing d’un groupe pour développer un produit haut de gamme et être présent chez les cavistes», déplore le PDG. Ce qui n’empêche pas d’avoir sorti une cuvée «Spéciale Bicentenaire» à quelques milliers de bouteilles et d’investir sur les visites – 8 000 visiteurs par an – de ce bâtiment classé Monument historique.

  1. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

 

Le trieur-ventilateur et le broyeur datent d’il y a 200 ans et sont toujours utilisés en production.