2 200 dirigeants dérangeants à Lille
Les 11, 12, 13 mars 2016 derniers, les Entrepreneurs et Dirigeants chrétiens (EDC) avaient rendez-vous au Zénith de Lille, pour échanger autour du thème «Dirigeants et dérangeants : est-ce compatible ?». Une rencontre nationale qui a permis de mettre en valeur la région auprès d’investisseurs potentiels.
Durant trois jours, de nombreux secteurs d’activité se sont croisés : l’industrie, l’agriculture par hydroponie, des cabinets d’avocats, des agences de communication, la logistique… Les profils étaient divers : des dirigeants et des entrepreneurs, des chasseurs de tête et des repreneurs d’entreprise, des évêques et des prêtres, des croyants et des athées, de France et d’ailleurs …
Ces Assises se sont ouvertes avec une plénière haute en couleur avec Xavier Bertrand, président du Conseil régional, Jean-René Lecerf, président du conseil départemental du Nord, et Eva Escandon, présidente de FCE (Femmes cheffes d’entreprises). Puis, pendant trois jours, l’emploi du temps des congressistes fut dense. Des plénières ont accueilli des grands témoins comme Pierre Giorgini président-recteur de l’Université catholique de Lille, Jean Duforest, PDG d’ÏDKIDS Group, mais aussi Louis Gallois, président du conseil de surveillance de PSA, François Asselin, président de la CGPME, Xavier Huillard, président de Vinci… Différents ateliers comme «Oser entreprendre», «Oser bousculer les contraintes», «Oser partager la prise de risque» étaient proposés. Et 200 jeunes talents d’entrepreneurs et dirigeants sont également venus témoigner de leur expérience.
Mise en valeur de la région. Jean-Bernard Bonduelle, responsable régional de l’équipe organisatrice, a eu à cœur de faire rayonner les valeurs et les forces vives de la région. Un des objectifs était de mettre en avant les réalités économiques, universitaires, culturelles et d’innovation de la métropole lilloise et de la région. Se sont notamment investis durant ces Assises Lille’s Agency (agence-conseil qui accompagne les entreprises à une implantation dans la région), le conseil départemental du Nord, l’office du tourisme de Lille, l’Université catholique de Lille, etc., pour donner une autre image régionale aux investisseurs potentiels.
A table chez Martine Aubry. Durant les Assises, il est de tradition d’accueillir les congressistes qui viennent de loin,chez des membres des EDC locaux. Ainsi, le vendredi soir, 1 200 personnes ont été accueillies dans 200 familles des métropoles de Lille, Douai et Valenciennes. Certaines ont même été invitées à dîner par des politiques comme Xavier Bertrand, Jean-René Lecerf, mais aussi Martine Aubry, maire de Lille, Damien Castelain, président de la Métropole européenne de Lille, Philippe Hourdain, président de la CCI Grand-Lille ou Mgr Ulrich, archevêque de Lille. Des tables prestigieuses qui montrent l’intérêt de ces institutions pour un tel rassemblement.
Si de nombreux participants ont trouvé la première journée des Assises trop consensuelle, beaucoup ont été touchés, le samedi, par l’intervention de Xavier Vuillard, homme très engagé et qui croit dans l’entrepreneuriat, par celle de Sylvain Mas de Handynamic ou celle de Pierre Giorgini. Ce dernier intervenait dans la continuité de son dernier ouvrage La Fulgurante Recréation, paru début 2016 : «Dans cette économie de plus en plus créative, comment transformer les entreprises en espaces signifiants ? Comment donner du sens au travail ? C’est important pour attirer les jeunes talents.»
Pour Bertrand Macabéo, vice-président national des EDC, «nous sommes ravis de cette communion collective qui nous donne à vivre des temps humains et spirituels très forts. D’année en année, ces Assises sont de plus en plus fortes en émotion, avec toujours plus de monde : nous étions 1 800 à Nantes il y a deux ans, nous sommes passés à 2 200 en 2016.»
Encadré 1 :
Les EDC, un mouvement qui se rajeunit
Bertrand Macabéo est fier de voir le mouvement se développer ces dernières années : «300 équipes se réunissent tous les mois (dont 16 dans le Nord-Pas-de-Calais, sous la responsabilité de Patrick Zoude), soit l’équivalent de 3 000 personnes contre 2 000 en 2011. On compte parmi nos membres près de 70% de patrons de PME. Et depuis quelque temps, le mouvement se rajeunit : la moyenne d’âge est de 55 ans contre 59 en 2012. Les dirigeants d’entreprise viennent car ils ont besoin de donner du sens à leurs actions et d’échanger entre leurs pairs de façon confidentielle. Nous nous appuyons sur la prière et la pensée sociale chrétienne. Mais attention : ce n’est pas un réseau, on n’y vient pas pour faire du business !»
Encadré 2 :
Un entrepreneur syrien à Lille
Boullos Hallaq, syrien, a été invité par les EDC pour présenter à Lille sa vie d’entrepreneur à Damas. Formé par les Compagnons du Devoir en France, il a fondé en Syrie Accad Shoes en 1992, qui exporte toute une gamme de chaussures orthopédiques au Moyen-Orient. Malgré la destruction de son entreprise en 2012 par une bombe, il a réussit à poursuivre son activité avec un tiers du personnel (16 salariés), dans les sous-sols de Damas. En venant aux Assises, il a découvert une autre manière d’entreprendre : «En Syrie, nous essayons de survivre. La société civile est décimée, il n’y a aucun partage entre dirigeants, et ce, même avant la guerre. C’est la dictature. La question de quitter son pays n’est pas simple. Jusqu’à maintenant, j’ai toujours espéré que la situation s’améliore. Avant de venir aux Assises, j’avais l’impression d’une société française très rigide et capitaliste. J’ai finalement découvert la responsabilité sociale des chefs d’entreprise, leur implication dans la société. Et j’ai été ravi de rencontrer Gérard Mulliez. J’ai été touché par son courage et sa simplicité.»