1ère édition de ConstructivESS

Les 7, 8 et 9 novembre 2019, les acteurs régionaux de l’ESS se sont retrouvés à Lille lors de  la première édition de «ConstructivESS» pour évoquer le bilan des dix dernières années de ce secteur et son avenir ; histoire d’inspirer les candidats en campagne aux élections municipales. 

© macrovector
© macrovector

2019 aura été riche en rencontres régionales de l’Economie Sociale et Solidaire. Celle de la CRESS d’abord, Chambre Régionale de l’ESS, le 30 janvier dernier à Lille avec la présentation d’un Livre Blanc. Statistiques, enjeux du secteur et stratégie de développement de la structure étaient au coeur de la rencontre. Puis les deuxièmes Assises métropolitaines de l’ESS de la Métropole Européenne de Lille (MEL) en février à Villeneuve d’Ascq ont permis notamment de lancer un appel à projets «Entreprendre autrement», pour soutenir financièrement les entrepreneurs. En cette fin d’année, c’est l’Apes, réseau d’acteurs de terrain de l’ESS créé en 2000, qui a proposé ConstructivEss à Lille. 

Visites de terrain

Pas de tête d’affiche nationale pour l‘occasion ; elles étaient toutes parties à Niort qui accueillait au même moment le Forum national de l’ESS et de l’innovation sociale. L’évènement lillois a réuni tout de même pendant trois jours des élus, universitaires, associations, entrepreneurs, institutionnels. Ils ont échangé notamment sur le rôle de l’Europe dans le développement du secteur, les coopérations à mener à l’international, l’intégration des communs dans ces modèles économiques ou encore la place de la finance solidaire. Certains collectifs de l’ESS ont présenté leurs modèles d’organisation et de rémunération et des visites de terrain (Wazemmes, Moulins et Fives) ont été planifiées. L’objectif de ces trois jours est de formuler de nouvelles propositions pour soutenir l’ESS. C’est l’occasion aussi de faire passer des messages politiques et nourrir les candidats qui s’engagent aux élections municipales de 2020. Parmi eux, Violette Spillebout, candidate La République en marche à Lille, avait fait le déplacement.

10% du PIB

L’ESS représente toujours 10% de notre économie régionale ; un chiffre stable depuis de nombreuses années. Pour Luc Belval, président de l’Apes, «c’est un pan de l’économie qui sert la société, qui ne cherche pas à enrichir individuellement des personnes. Ca passe par l’entrepreneuriat collectif, la démocratie sociale et économique, la prise en compte des besoins du territoire. Ce n’est pas forcément une économie parfaite mais elle propose les soubassements d’une économie au service de l’homme et de la société, qui permet d’articuler transition économique et innovation sociale.» Comme dans le quartier de Moulins à Lille. Fanny Houssière, directrice d’une structure de l’ESS – la Maison de Quartier Moulins-Lille – a témoigné de son expérience. Elle a mis en place le projet Moulin Coop : développement d’activités économiques à partir des passions et compétences des habitants. Un pôle traiteur et restauration, un jardin participatif, et une conciergerie de quartier ont ainsi émergé. Mais des difficultés récurrentes demeurent, «comme trouver des financements, pour accompagner au mieux les habitants dans leurs démarches entrepreneuriales et répondre aux commandes. Egalement, l’évaluation économique et sociale de notre action est encore compliquée.»

Charte à venir

D’autres difficultés existent comme le souligne Marc Godefroy, conseiller métropolitain délégué à l’ESS à la MEL, «il faut lutter contre la montée en charge des procédures des marchés publics qui sont contre-productives, cela complique l’accès des acteurs de l’ESS.» Christiane Bouchart, conseillère municipale de Lille en charge de l’ESS, regrette, elle, la faible mobilisation de la Région dans le développement de cette économie alternative. Celle qui s’est occupée de ce secteur pendant 18 ans à la mairie, annonce d’ores et déjà qu’elle ne fera pas de 4ème mandat à la mairie. Pour autant, elle reste mordante sur le sujet : «Il faut des politiques publiques plus incitatives et des alliances avec l’économie capitaliste, les organisations syndicales et l’Etat pour faire reconnaître ce secteur.» A l’issue de ces trois jours, l’ensemble des idées et propositions seront rassemblées et transmises aux décideurs, pour accompagner toujours plus l’essor de l’ESS.