«17 % des chefs d’entreprise envisagent le dépôt de bilan»

«Notre ADN est très opérationnel et notre but est d’accompagner concrètement les TPE en leur facilitant les démarches grâce notamment à un accompagnement et du conseil pour assurer la pérennité de leur structure», assure Jean-François Ferrando, président du CNTPE.
«Notre ADN est très opérationnel et notre but est d’accompagner concrètement les TPE en leur facilitant les démarches grâce notamment à un accompagnement et du conseil pour assurer la pérennité de leur structure», assure Jean-François Ferrando, président du CNTPE.

Le syndicat patronal CNTPE (Confédération nationale des Très Petites Entreprises) vient de faire paraître une enquête nationale sur l’impact de la crise du Covid-19 sur les TPE. D’après cette enquête, 17 % des chefs d’entreprise de cette typologie d’entreprises envisagent le dépôt de bilan. Ce collectif de chefs d’entreprise, créé en novembre 2017, entend renforcer ses actions d’accompagnement, notamment pour faire face à la situation conjoncturelle délicate. L’occasion également de renforcer son maillage national en créant des antennes départementales et particulièrement dans la région.

Votre syndicat a diligenté, via l’Observatoire des TPE, une enquête nationale d’opinion sur l’impact du Covid-19 sur les TPE. Quels en sont les principaux enseignements ?

Aujourd’hui, 17 % des chefs d’entreprise de TPE (de zéro à vingt salariés) envisagent de déposer le bilan. Cela risque d’entraîner la fermeture de 527 000 d’entre elles et la mise au chômage de 2,4 millions de Français soit 8,3 % des salariés de notre pays.

La situation est-elle critique pour cette typologie d’entreprises ?

Les TPE ne représentent pas moins de 93 % des entreprises nationales et 40 % de l’emploi et elles contribuent à hauteur de 35 % dans la valeur ajoutée du tissu productif français. La situation actuelle est plus que délicate.

Les aides de l’État peuvent-elles réellement enrayer la spirale ?

Les actions menées par l’État sont jugées nécessaires par les chefs d’entreprise de TPE mais les entreprises qui sont aujourd’hui au bord du dépôt de bilan ont plus souvent demandé une suppression de la TVA et une annulation des frais bancaires plutôt que des aides. En plus bon nombre d’entre elles n’étaient pas éligibles. Selon nos analyses des chiffres seulement un tiers des entreprises ayant demandé des aides de l’État les ont réellement touchées.

Quelles sont les réponses que votre confédération entend apporter aux TPE ?

Notre ADN est très opérationnel et notre but est d’accompagner concrètement les TPE en leur facilitant les démarches grâce notamment à un accompagnement et du conseil pour assurer la pérennité de leur structure, une assistance juridique et pénale, des solutions de financement, une centrale d’achat pour les fournitures avec plusieurs partenariats, la mise en place de workshops animés par des experts visant à informer et donner les outils nécessaires aux patrons de TPE.

Les syndicats patronaux traditionnels et d’autres organismes et réseaux proposent eux aussi ce type d’accompagnement et de service aujourd’hui ?

Sans doute mais nous ne nous reconnaissons plus dans ces syndicats patronaux traditionnels. C’est d’ailleurs la base de la naissance de notre confédération en novembre 2017. Cela fait bientôt plus de vingt-cinq ans que je côtoie les patrons de TPE et que je nous entends nous plaindre, sans jamais rentrer dans l’action. C’est pourquoi, nous avons créé la CNTPE avec pour mot d’ordre d’arrêter de nous plaindre individuellement dans notre coin, de passer à l’action et de devenir des patrons militants.

La crise sanitaire peut-elle s’afficher comme un accélérateur ?

Cet événement inédit a mis en avant le poids que représente réellement les structures de zéro à vingt salariés qu’elles soient des sociétés, des indépendants, des artisans, des commerçants, des professions libérales dans notre pays. Nous souhaitons être un mouvement différent de ceux qui existent déjà, avec une mission transversale qui complète celle des ordres professionnels.

Votre siège est à Paris, vous avez une vingtaine de correspondants départementaux, votre objectif est-il de mailler tout l’Hexagone ?

C’est l’une de nos volontés. Aujourd’hui, nous fonctionnons avec des correspondants départementaux dans certaines régions. Notre objectif est de créer des antennes départementales sous forme d’association. Nous sommes à la recherche de dirigeants de TPE qui souhaitent se mobiliser pour créer des collectifs locaux dans le but de défendre les dirigeants, de promouvoir nos actions et de faire bouger les choses, ensemble.

Maillage territorial en marche

Une vingtaine de correspondants départementaux sont aujourd’hui dans la région parisienne, les Hauts-de-France ou encore dans le Sud et l’Ouest de la France. La CNTPE entend accélérer son maillage territorial dans l’Hexagone. Encore absente dans le Grand Est et en Lorraine, ce récent syndicat patronal (créé en novembre 2017) est à la recherche de dirigeants de TPE pour créer de véritables antennes départementales. Ils peuvent se faire connaître via le : collectif@cntpe.org.