Zone euro : les voies possibles d’une sortie de crise

Comment la zone euro peut-elle se sortir de la crise ? L’IAE Lille a fait appel à trois économistes pour mettre en perspective les solutions envisagées et contribuer ainsi au débat d’idées.

 Née en 1999, la zone euro subit depuis 2007 les affres de la crise et chacun voudrait bien qu’elle en sorte par le haut. Parce que «des solutions existent pourtant», l’IAE Lille les a mises à l’ordre du jour d’une conférence-débat organisée en mai dernier sous le thème «Crise de la zone euro : remise des dettes publiques, saut fédéral ou dissolution ?».

Premier intervenant, Henri Sterdyniak, directeur du département économie de la mondialisation à l’OFCE, a évoqué les péchés originels de la zone euro (déséquilibres en matière de commerce extérieur et de compétitivité, insuffisance de mécanismes de solidarité contraignants, problématique d’une BCE ne disposant pas de la qualité de prêteur en dernier ressort…) et les moyens de réparer ces dysfonctionnements. Des trois scénarios envisagés aujourd’hui pour organiser la relance économique de la zone euro, aucun ne l’agrée, tous trois lui paraissant «invraisemblables». Ni la poursuite de la politique d’austérité mise en œuvre par la Commission depuis 2010 même assortie de plus de compétences budgétaires, car trop peu soucieuse des différences économiques entre Etats, ni la dissolution organisée de la zone euro, l’Allemagne retrouvant une monnaie forte et les pays du Sud leur compétitivité − solution qui éviterait les drames sociaux mais qui affaiblirait l’influence de l’Union européenne dans le monde−, et pas davantage le scénario d’un retour au modèle social européen mis en œuvre pendant les Trente Glorieuses.

Face à un euro «en suspens», la position de Gérard Thoris, économiste et philisophe, est plus tranchée : il milite pour un effacement de la dette publique. Faute de pouvoir actionner les trois leviers que sont le taux d’inflation, le taux de croissance et le taux d’intérêt légal, il suggère d’agir sur le taux de la dette, un rachat de toutes les dettes publiques jusqu’à hauteur de 50% du PIB de chaque pays ayant sa préférence sur l’instauration d’un moratoire sur les dettes par report de l’échéance ou par diminution des taux d’intérêt. Les objections à ces solutions ne manquent pas, mais, comme le dit Gérard Thoris, «l’histoire est pleine de crises de dettes sans collatéral».

Faut-il effacer les dettes publiques, mutualiser la dette avec des euro-obligations, faire l’union budgétaire, dissoudre la zone euro ? Florence Huart, maître de conférences à Lille 1, s’est interrogée sur l’intérêt de chacune de ses solutions, dressant à la fois leurs avantages et leurs inconvénients tout en rejetant la solution de la dissolution.

«L’heure des choix a sonné», indiquait David Bourghelle, responsable du master 2 finance et développement des entreprises. Dans leurs convergences et dans leurs divergences, les analyses proposées par ces trois spécialistes d’économie politique trouveront écho dans les décisions politiques, économiques et monétaires qui seront prises dans les mois qui viennent.