Yves Marmont : «Le numérique, des enjeux passionnants à accompagner»

Principalement orientés sur les petites entreprises, les Centres de gestion agréés tiennent leurs 38es Journées nationales à Lille les 7 et 8 novembre 2016 autour du thème «Les TPE ont-elles l'ère numérique ?». Entretien avec le président de leur Fédération depuis novembre 2014, Yves Marmont.

Yves Marmont : «Le numérique, des enjeux passionnants à accompagner»

 

 

La Gazette. Après «Entreprendre et développer» à Paris en novembre 2014 et «La compétitivité des entreprises face aux nouvelles normes : contraintes ou opportunités» à Grenoble il y a un an, la FCGA s’approprie cette année la thématique de l’ère numérique. Pourquoi cet intérêt à inscrire les TPE dans la transition numérique ? Quel est votre état de lieux ? Quels sont vos objectifs ? Le numérique, enjeu principal des prochaines années pour les TPE ?

 

Yves Marmont. Nous sommes tous engagés dans une révolution numérique qui bouleverse chacun d’entre nous dans ses activités quotidiennes, tant professionnelles que personnelles. Il faut se rappeler que la génération Y, c’est-à-dire les enfants nés avec le numérique, représentent déjà 45% des actifs en France. Cela bouleverse nécessairement nos habitudes ! Et c’est là que les Centres de gestion agréés interviennent auprès des petites entreprises qu’ils accompagnent pour les aider à comprendre ce nouveau monde en perpétuelle mutation.

Pendant nos Journées nationales, nous allons rassembler de nombreux spécialistes du numérique pour débattre de ces enjeux passionnants. Notre objectif est de donner des pistes de réflexion, mais également et surtout des pistes d‘actions, avec comme seul fil conducteur la simplicité, le bon sens et l’efficacité. Il faut commencer par là ! Il s’agit de se préparer à aborder les temps nouveaux… Voyez ce que disent et écrivent les politiques, les penseurs, les philosophes, les économistes, les chroniqueurs journalistes… La Fédération et les Centres de gestion agréés de son réseau ont donc voulu également entamer une sérieuse réflexion, à leur niveau, concernant cet enjeu majeur et incontournable.

 

Force est de constater que le contexte économique est toujours marqué par l’instabilité faute d’une reprise durable… À quelques jours de la parution de votre étude statistique «Chiffres et commentaires», quel bilan tirez-vous de 2015 ? Quels sentiments vous laisse d’ores et déjà 2016 ? Les TPE peuvent-elles entrevoir un mieux durable ? 

Comme le montre l’analyse des déclarations fiscales de nos adhérents (près de 300 000), l’activité des TPE en 2015 est encore en légère baisse. En effet, le chiffre d’affaires régresse de 0,9% et le résultat, de 0,8%. Il en ressort que même s’il y a un léger mieux par rapport à 2014, la reprise tant attendue n’est encore au rendez-vous pour les TPE. Tout au plus un léger frémissement. L’année 2016 semble être dans la continuité de 2015 avec un chiffre d’affaires relativement stable puisque, à fin août, l’activité sur 12 mois ressort à -0,4%. Il est bien évident que tous espèrent une reprise significative et durable afin de leur permettre d’améliorer leur trésorerie et de réinvestir à nouveau. 

 

Les organismes de gestion agréés ont gagné de nouvelles missions depuis la loi de finances rectificative de 2015, avec le contrôle sur pièces et le contrôle de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), en contrepartie du rétablissement d’une partie des avantages liés à l’adhésion à un OGA. Où en est-on ? Le sujet du devenir des OGA est-il toujours aussi prégnant ? 

Effectivement, de nouvelles missions sont dévolues aux OGA (organisme de gestion agrée) ; je n’emploierais pas le terme «ont gagné». Tout d’abord, il faut distinguer les deux mesures. En effet, le rétablissement d’une partie des avantages liés à l’adhésion est le fruit de nombreux entretiens menés en 2015 par notre Fédération dans différents ministères, dont les cabinets du Premier ministre et du président de la République.

En ce qui concerne les nouvelles missions, elles sont la résultante du rapport de la Cour des comptes de septembre 2014. Le décret d’application de la loi de finances rectificative de 2015 relative aux nouvelles missions, principalement au contrôle des pièces justificatives (examen périodique de sincérité – EPS), est paru le 13 octobre 2016.

Notre Fédération n’est pas hostile à un examen de cohérence et de vraisemblance approfondi en cas d’anomalies détectées ou de renseignements complémentaires (demandes de pièces justificatives), mais les tests ont démontré la lourdeur d’un EPS tel que prévu par les pouvoirs publics et l’inadéquation entre le temps passé et les résultats obtenus. Une dernière réunion de synthèse, suite à la phase de tests effectués par les OGA, est programmée avec la Direction générale des finances publiques le 5 décembre 2016.

Le devenir des OGA est toujours préoccupant du fait d’une baisse régulière d’entreprises sous la forme individuelle. Il est donc primordial de réfléchir aux pistes permettant de trouver de nouveaux adhérents tels que, par exemple, les petites sociétés soumises à l’IS, correspondant au tissu économique couvert par les Centres de gestion agréés. 

 

La présence de Philippe Arraou, président du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables, est annoncée à vos 38es Journées. Qu’en attendez-vous ? 

Non seulement elle est annoncée, mais je vous confirme que Philippe Arraou sera présent et interviendra lors de nos Journées nationales. Le président Arraou représente l’institution comptable et sa présence, qui nous honore, démontre, si besoin en était, que le Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables est un interlocuteur privilégié des OGA et que nous avons des intérêts communs et complémentaires dans l’accompagnement des petites entreprises. Chacun doit garder son indépendance dans le respect de l’autre. C’est que nous avons toujours fait ensemble.

 

ENCADRE

 

Le poids des Centres de gestion agréés

La Fédération des Centres de gestion agréés comporte près de 300 000 petites entreprises (TPE) et 103 100 Centres de gestion agréés (CGA) ; 50% des TPE imposées au BIC sont adhérentes à un CGA. Grâce à l’adhésion à un CGA, le revenu imposable de l’entreprise n’est pas majoré de 25%.

 

Sur l’agenda des congressistes

Lundi 7 novembre 2016 

− 8h45 : ouverture des 38es Journées nationales par Yves Marmont, président de la FCGA

• Allocution de bienvenue de Pierre de Saintignon, premier adjoint à la mairie de Lille

• Intervention de Philippe Arraou, président du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables

• Intervention de Martine Pinville, secrétaire d’État chargée du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Economie sociale et solidaire (sous réserve)

• “La France et le numérique – état des lieux et propositions” : intervention de Mounir Mahjoubi, président du Conseil national du numérique

• “Les TPE ont-elles l’ère numérique ?”, table ronde

− 11h45 : remise des 22es trophées des Ailes de la TPE

− 14h45 : en simultané, quatre ateliers

• “Moyens de paiement : du troc au paiement sans contact”

• “Commerces connectés et objets connectés : évolution ou révolution ?”

• “Cloud et mobilité : vos données n’importe où, n’importe quand”

• “Transformation numérique des relations avec l’administration”

− 16h45 : répétition des ateliers avec les mêmes intervenants

 

Mardi 8 novembre 2016 

− 9h : toute l’actualité de la FCGA et de son réseau

− 10h : “Cybercriminalité : tous concernés !”, conférence

− 11h30 : “CGA : vos nouvelles missions”

− 12h30 : clôture des 38es Journées nationales