Textile
Yesi : naissance d’une marque
La marque de vêtements Yesi a pris vie cet été avec le démarrage de sa commercialisation via la mise en ligne d’un site Internet dédié. Créée et portée par Laura Schamber, jeune trentenaire installée en Moselle, la marque 100 % française vise à allier modernité et écoresponsabilité.
Une vision et des certitudes. Voilà comment Laura Schamber construit son parcours professionnel. À l’heure où de nombreux jeunes doutent et s’interrogent sur leur avenir, elle a décidé de s’engager dans l’entrepreneuriat depuis toute petite. Et pour cause, entourée d’un père et d’un oncle, tous deux entrepreneurs, sa voie était toute trouvée. «Ce sont des modèles pour moi», confie-t-elle, défendant «une famille ambitieuse», un virus qui, semble-t-il, coule également dans ses veines. Si ses proches évoluent dans le secteur de l’agroalimentaire, la jeune femme a souhaité se démarquer, tracer son propre chemin. Cette amoureuse de la mode s’est naturellement tournée vers une école de textile, une fois son baccalauréat en poche puis une école de management en alternance pour décrocher un master Entrepreneuriat PME. En 2015, elle décide de partir en Australie pour découvrir une autre culture, sans savoir quand ou si elle reviendrait. Finalement, c’est une fois à l’autre bout du monde qu’elle prend conscience de la richesse de la France et de son système. De retour dans l’hexagone, Laura intègre le groupe Chaussea pendant six ans. Très vite, elle gravit les échelons pour décrocher le poste de chef de marché pour le secteur sport. «J’avais besoin d’un tremplin avant de me lancer dans l’aventure entrepreneuriale, de gagner en expérience et en compétences», analyse-t-elle aujourd’hui. Jusqu’au jour où elle ressent le besoin de prendre davantage de décisions ; le costume de salariée était devenu trop étriqué pour cette personnalité affirmée qui revendique son goût pour «la liberté et la création.» C’est à ce moment précis qu’elle décide de voler de ses propres ailes.
Le choix assumé du «Made in France»
Si son cœur balance entre le textile et l’agroalimentaire, elle choisit de se lancer seule, en son nom, dans la mode en créant une marque. Mais pas n’importe quelle marque. L’enjeu est alors de participer et de se raccrocher au mouvement initié par des irréductibles qui depuis une dizaine d’années à l’image du Slip Français ont choisi de relocaliser la production et de s'engager dans le «Made in France». Pour y parvenir, elle décide de créer des vêtements modernes ; des modèles élaborés par ses soins. Elle commence par un tour de France pour identifier les partenaires qui allaient l’accompagner dans son projet, à savoir les ateliers. Elle en sélectionne plusieurs en fonction de ses pièces (casquettes, bonnets, chaussettes, T-shirts, sweats…). Si son entreprise est créée en septembre 2023, il faudra attendre juillet 2024 pour que le site internet soit mis en ligne et que les premières commercialisations démarrent sous le nom de Yesi pour «Yes (oui en anglais) et si…». Le message est clair : c’est possible de créer en France avec des matériaux de qualité et le savoir-faire français. C’est tout simplement «un message d’espoir de s’habiller mieux en stoppant la surconsommation», confie-t-elle. À l’antipode du géant chinois Shein, Laura sélectionne ses matières premières écoresponsables recyclées ou naturelles. Sur son site internet, des pièces incontournables sont disponibles en couleurs neutres ou sombres.
Basic et précommande
À
une période où les fins de mois sont difficiles pour de plus en
plus de consommateurs, où la situation économique est tendue, il
fallait oser se lancer dans la création d’une marque de textile
française. «Mon
offre s’appuie sur des basic avec des achats raisonnables de pièces
que l’on peut utiliser tous les jours. Pour gagner en compétitivité
en termes de prix, j’ai opté pour la précommande»,
explique la jeune créatrice. Ce modèle se développe depuis
maintenant quelques années en France avec des clients qui commandent
un produit qui n’est pas encore confectionné, facilitant son
financement grâce au volume. Pour les vêtements Yesi, il faut
attendre six semaines. «Nous
devons encore sensibiliser, expliquer et défendre ce modèle mais
notre démarche est comprise par nos clients»,
ajoute-t-elle. Des clients qui mettent en avant la juste valeur des
vêtements acquis, et non une frénésie d’achat et de livraison en
moins de 24 heures. Un an après avoir lancé son entreprise, Laura
vit de «véritables
montagnes russes»
entre joie et stress. Dans un contexte difficile, elle se dit fière
et reconnaissante envers ses premiers clients qui la suivent déjà.
Bien entourée, elle a également bénéficié d’accompagnements
bienveillants avec les Éco-défis
de l’Eurométropole de Metz et le label Initiative Remarquable.
«Deux
beaux labels, deux belles victoires qui ne sont pas des promesses
marketing mais une véritable reconnaissance.»
Pour 2025, elle souhaite renforcer la notoriété de sa marque avec
toujours de nouveaux projets, beaucoup d’ambition… et
accessoirement un bébé qui arrivera dans quelques semaines pour
celle qui ne se donne aucune limite, sauf celui de réaliser ses
rêves.