Y a-t-il vraiment consensus sur un futur EPCI pévélois ?
Après Luc Monnet, c’est au tour de Thierry Lazaro de s’exprimer sur l’éventualité d’une communauté des communes pévéloises regroupant les actuels EPCI (établissement public de coopération intercommunale, appelé aussi intercommunalité) et Pont-à-Marcq. Face à la contestation, Dominique Bailly invite à un grand débat entre tous les élus territoriaux à partir du 1er juillet 2012.
Dans La Gazette du 4 mai dernier (n°8444), Luc Monnet prenait ses distances avec la décision préfectorale (en janvier) d’officialiser un EPCI pévélois regroupant lescommunautés de communes du Sud pévélois, du Carembault, d’Espace en Pévèle, du Coeur de Pévèle, de la sienne (Pays de Pévèle soit 80% de l’ensemble du territoire) et dePontà- Marcq. Il en contestait la géographie et le futur leadership flou, mais aussi les finalités et les modalités dont le financement, réclamant l’année de réflexion supplémentaire (jusque fin 2012) accordée par la loi Pélissard. Une loi votée alors que le préfet de Région avait déjà pris sa décision. Plus on entre dans les détails, plus l’impression de “cacophonie” se justifie. Un exemple : dans la même communauté de communes, un maire prône le rattachement immédiat à Lille Métropole Communauté urbaine, arguant non sans raison que cela se fera de toute façon d’ici 20 ans (“pourquoi attendre ?”demande-t-il) alors que son président veut réfléchir à tout cela paisiblement et que cinq autres maires de cette intercommunalité seraient favorables, comme Thierry Lazaro et Dominique Bailly, à une grande communauté de communes globalisant tout sur le modèle du Pays pévélois, et le plus vite possible. Bref, c’est de tout cela dont il faut se débarrasser maintenant, si l’on comprend bien la démarche commune du sénateur et du député. L’heure de la clarté sonne, résumerait- on in fine !
Un débat pressant. C’est cette dernière voie, la même que l’Etat et son préfet via la CDCI (Commission départementale de coopération intercommunale : conseil composé d’élus des différentes communautés de communes chargés de discuter avec le préfet des contours des nouveaux territoires)qui a été consultée, que veut emprunter Thierry Lazaro. Comme Dominique Bailly, le sénateur-maire d’Orchies et coprésident du Pays pévélois, il souhaite en tant que maire de Phalempin (membre de la communauté de communes du Carembault),mais surtout de député sortant de la 6e circonscription1, que tout le monde prenne de la hauteur pour ne pas s’embourber dans des querelles de clocher, et surtout que tous les élus débattent afin de dégager un consensus vaste et clair qui évite de nouvelles poussées de fièvre éparses.
A cet égard, Dominique Bailly a pris à la mi-mai l’initiative de réunir les présidents des cinq communautés de communes, le maire de Pont-à-Marcq (ville ne participant à aucun EPCI mais étant dans le Pays pévélois),le tout formant le Pays pévélois, ainsi que Jean-Marie Ruant, maire de Wahagnies et président deSudPévèle. Cette communauté de communes n’avait pas participé au Pays pévélois mais souhaitait être incluse dans une future grande communauté de communes. On le voit : la réalité pévéloise n’était, dès le départ, pas très lisible… Bref, il s’agit d’organiser une rencontre avec tous les délégués de ces intercommunalités au 1er juilllet prochain, puis de rencontrer tous les maires et leurs conseillers municipaux.
Orchies, ville-centre ? Pour Thierry Lazaro,parfois chatouillé sur ses réelles motivations dans cette affaire, les choses sont claires. “Je suis député de cette circonscription dont la Pévèle occupe presque 90%, le reste étant dix com- Tous les élus invités à en débattre en juillet Y a-t-il vraiment consensus sur un futur EPCI pévélois ? Thierry Lazaro encourage lui aussi un dialogue rapide, global et définitif en Pévèle. Patrick URBAIN Après Luc Monnet, c’est au tour de Thierry Lazaro de s’exprimer sur l’éventualité d’une communauté des communes pévéloises regroupant les actuels EPCI (établissement public de coopération intercommunale, appelé aussi intercommunalité) et Pont-à-Marcq. Face à la contestation, Dominique Bailly invite à un grand débat entre tous les élus territoriaux à partir du 1er juillet 2012. D. R. munes de la métropole lilloise. Je suis donc dans mon rôle puisqu’attaché à des terroirs de proximité et élu d’un territoire en devenir, je l’espère. De plus, je ne suis candidat à rien. Si cette grande communauté de communes se fait, je le dis tout net, j’estime que le meilleur président serait Jean-Luc Detavernier. Il est maire d’Aix-lez-Orchies, conseiller général, président de la communauté de communes d’Espace en Pévèle et donc coprésident du Pays, (ndlr : M.Detavernier est aussi le suppléant du député Thierry Lazaro). Il est mieux formaté que moi pour tout ça. Je veux donc fédérer dans le cadre d’une décentralisation, je ne veux d’aucun repli sur soi et je suis favorable à un large regroupement. Donc je ne me crispe pas sur les pointillés officiels qui délimitent tel ou tel territoire ou je ne sais quel héritage de l’histoire gallo-romaine qui ferait d’untel un vrai Pévélois, de l’autre un métropolitain et d’un troisième un ressortissant de la Haute-Deûle… Je ne m’embarrasse pas non plus de considérations politiciennes. Je le dis avec autant de clarté que le reste : je constate que Dominique Bailly ne cesse de doter son EPCI d’équipements structurants, qu’il dénomme de lui-même le futur grand palais des sports à taille régionale “Pévèle Arena”, qu’il va donc dans le sens qu’il faut : travailler pour tous les Pévélois en leur offrant des réalisations. Il faudra à notre futur territoire une ville-centre. Pour moi c’est Orchies qui en remplit toutes les conditions, même par rapport à la loi sur la réforme territoriale !”
Respect de la légalité. Une machine assez lourde a été mise en place pour aider le préfet à prendre ses décisions. Pour Thierry Lazaro, il convient d’en respecter le fonctionnement. “Cette CDCI est présidée par le préfet et un porte-parole coordinateur qui est Patrick Masclet, président des Maires du Nord. Tout le monde a discuté, il y a eu consensus à chaque fois sur la Pévèle. Moi, je ne suis pas le seul à trouver qu’en Pévèle, il y a homogénéité et que c’est ce qui compte par-dessus tout, bien plus que les frontières locales.” Cette “homogénéité”, le député la voit à travers le tissu rural, la façon commune de vivre et de travailler, l’attachement au terroir et son authenticité à assurer une foule de choses parfois peu palpables mais qui réunissent au lieu de diviser. “Il y a aussi autre chose, poursuit-il. Il y a un Pays pévélois qui regroupe ces cinq intercommunalités plus Pont-à-Marcq, dont le Carembault. J’entends dire qu’il n’est pas en Pévèle mais en Haute-Deûle. Et alors ? Ce n’est pas mon problème, je ne regarde que ce qui unit ces villages. Mais il faudra aussi harmoniser bien sûr. Les transports, par exemple, entre Pévèle et LMCU. C’est ce à quoi je contribue. Il faut donc un bloc homogène et non cinq ou six entités sans force car on connaît tous les mêmes problèmes.”
Laisser le temps au temps… L’autre argument du député, ce sont les projets en commun et le rapport de force négatif avec LMCU. “Si on reste comme ça, explique Thierry Lazaro, on sera absorbés dans 5 ans. Dans 25 ans en revanche, on sera respectés et on pèsera plus lourd face à LMCU, mais ça se fera. Il y en a même qui veulent aller très vite dans l’intégration métropolitaine. Je n’approuve pas ! De plus, dans cette même intercommunalité, celle de Luc Monnet, cinq maires pensent comme moi, comme Dominique Bailly, comme la CDCI et comme le préfet. Donc, même s’il faut passer une seconde fois devant la CDCI, faisons-le. J’entends aussi qu’il faudrait un délai de réflexion supplémentaire…Mais ça fait 20 ans qu’on discute de ces intercommunalités à unifier en une grande… Les élus n’auraient donc pas eu assez de temps pour se forger une opinion ? Cela dit, les textes ont sagement prévu du temps. Alors rien ne doit se faire à la hussarde. Ceux qui doutent, on parle avec !” Le temps presse un peu tout de même surtout quand on est désunis. Thierry Lazaro le sous-entend d’ailleurs: “Le plus urgent est de nous structurer sur le modèle du Pays pévélois, un modèle qui n’a été prévu que pour laisser un jour la place à notre nouvel EPCI. Comment pourrait-on faire un Pays sans aller jusqu’à la communauté de communes qui unirait tout ? Le terrain est donc préparé, allons-y, discutons et réglons cela. Le centre aquatique de Genech, trop cher ? Parlons-en et réfléchissons à d’autres sujets, mais à 90 000 Pévélois et 38 communes. A cette taille, notre voix comptera. Ne restons surtout pas trop petits, notre fragilité signifierait notre dilution pure et simple dans LMCU, et bien plus tôt que prévu.”
1.Thierry Lazaro s’exprimait avant les élections législatives.