Washington craint une "crise humanitaire" si Israël isole les banques palestiniennes
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a affirmé jeudi craindre "une crise humanitaire" si Israël mettait à exécution sa menace de priver les banques palestiniennes d'accès à son propre système bancaire, bloquant...
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a affirmé jeudi craindre "une crise humanitaire" si Israël mettait à exécution sa menace de priver les banques palestiniennes d'accès à son propre système bancaire, bloquant ainsi des transactions vitales en Cisjordanie occupée.
"Je suis particulièrement préoccupée par les menaces d'Israël de prendre des mesures qui couperaient les banques palestiniennes des banques israéliennes", a déclaré Mme Yellen lors d'une conférence de presse à l'ouverture de la réunion des ministres des Finances du G7 à Stresa, en Italie.
"Ces canaux bancaires sont essentiels pour effectuer des transactions permettant près de huit milliards de dollars d'importations en provenance d'Israël, y compris l'électricité, l'eau, le carburant et l'alimentaire, et facilitent près de deux milliards d'exportations par an dont dépendent les moyens de subsistance des Palestiniens", a-t-elle souligné.
Mme Yellen a précisé avoir écrit au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à ce sujet.
"Je crois que couper les banques palestiniennes de leurs homologues israéliennes créerait une crise humanitaire", a-t-elle insisté. La question pourrait être abordée au cours du G7 Finances et "je m'attends à ce que d'autres pays expriment leur préoccupation concernant l'impact d'une telle décision sur l'économie de la Cisjordanie".
"Je pense que cela aurait aussi des conséquences très négatives pour Israël", a poursuivi Janet Yellen qui s'est également dite inquiète de la rétention par Israël des taxes que le pays collecte au nom de l'Autorité palestinienne et qu'il est censé lui reverser en vertu des accords d'Oslo signés en 1994.
Or après le 7 octobre, Israël a cessé de reverser l'intégralité de ces recettes douanières, arguant refuser de financer le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'elle considère comme une "organisation terroriste".
Mercredi, la Norvège, l'Irlande et l'Espagne ont annoncé leur décision conjointe de reconnaître l'Etat de Palestine, une initiative qui a provoqué la colère d'Israël.
A la suite de cette décision, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a menacé de mettre fin à un arrangement financier en faveur de l'Autorité palestinienne dans lequel la Norvège est impliquée.
"La Norvège a été la première à reconnaître unilatéralement un Etat palestinien aujourd'hui, et elle ne peut pas être un partenaire dans tout ce qui concerne la Judée et la Samarie", a écrit M. Smotrich à M. Netanyahu dans une lettre datée de mercredi, en utilisant les termes bibliques juifs pour désigner la Cisjordanie occupée.
"J'ai l'intention de cesser de transférer les fonds vers (la Norvège) et d'exiger la restitution de tous les fonds transférés" jusqu'ici, a-t-il ajouté, sans préciser combien d'argent avait été envoyé à la Norvège dans le cadre de cet accord.
Il a également déclaré qu'il n'avait "pas l'intention de continuer à indemniser les banques correspondantes qui transfèrent des fonds à partir de la fin du mois prochain".
Cette année, le cabinet israélien a approuvé un plan de transfert vers la Norvège de fonds provenant des impôts palestiniens et destinés à l'Autorité palestinienne pour son personnel à Gaza.
Certains responsables israéliens, en particulier des ministres d'extrême droite comme M. Smotrich, ont demandé l'arrêt des transferts de fonds, affirmant craindre qu'ils ne soient utilisés par le Hamas. Israël est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza depuis l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le territoire israélien.
34TD8EX