VirtySens créé la réalité multi-sensorielle

Ce sont bien plus que des lunettes connectées pour découvrir une autre réalité. La start-up VirtySens stimule les sens : à la vue à 360 degrés, elle ajoute l’odeur, la chaleur, les bruits, la pluie parfois aussi. Le monde médical et paramédical a saisi les bienfaits de cette innovation née à Somain, dans le Douaisis.

La start-up VirtySens a élaboré 14 machines capables, pour l'instant, de proposer 10 expériences multi-sensorielles.
La start-up VirtySens a élaboré 14 machines capables, pour l'instant, de proposer 10 expériences multi-sensorielles.

Sans Lilou, il n'y aurait rien. Pas de casques VR légers pour la vue et le son en haute définition. Pas de boitiers pour diffuser les huiles essentielles, les courants d’air chauds et froids, la pluie, le bien-être. Pas de fauteuils ni de lits médicaux à glisser en-dessous. «Ma fille est atteinte d’un autisme sévère, explique Xavier Melin, co-fondateur de VirtySens. A six ans, aucune structure ne pouvait plus l’accueillir.» Xavier Melin est alors directeur commercial, à Reims, chez un distributeur pétrogazier. «J’ai décidé de créer un appareil capable de faire découvrir à Lilou autre chose que les murs de notre maison.» C'était en 2013.

Il n’a aucune connaissance technique. Il se rapproche donc de l'ESIEE, l’école d’ingénieurs d’Amiens. Ses professeurs l’encouragent. Il parvient, la troisième année, à avoir un prototype opérationnel. Avec lui, il arrive à EuraTechnologies et rencontre ses deux futurs associés. Ludovic Wiart et Guillaume Lucas. Ils mettent sur pied un premier appareil, en bois. Les machines de VirtySens se sont perfectionnées depuis (et ont abandonné le bois). Leur commercialisation a commencé en juin 2020 depuis Somain, où la start-up a ses locaux. Le siège est quelques kilomètres plus loin, à Pecquencourt.

«Nous avons déjà 14 machines en location, détaille Xavier Melin. Elles sont dans les maisons d’accueil spécialisé, les instituts médico-éducatifs, les maisons d’accueil et de résidence pour l’autonomie et bientôt aux soins palliatifs du CHRU de Lille et dans les EHPAD du centre hospitalier de Roubaix.» Elles proposent, pour l'instant, de découvrir 10 expériences, en 2D ou à 360 degrés. «Elles sont réparties en trois catégories. La découverte, la relaxation et les souvenirs positifs, comme par exemple ceux liés à la plage. Tous les six mois, nous voulons proposer de nouveaux voyages.»

Les trois associés travaillent avec le rectorat, et plus particulièrement avec le collège Arthur-Rimbaud de Villeneuve-d’Ascq, pour créer certaines des prochaines expériences. «Les enfants, encadrés par des professionnels, vont réaliser des films dans la région, par exemple à La Piscine à Roubaix. Nous, nous les rendrons sensoriels, précise Xavier Melin. Ces collégien sont majoritairement des élèves décrocheurs qui ont besoin de s'impliquer dans un projet pédagogique fort.» Les jeunes en situation de handicap de l’Ecole des têtes en l’air, de Liévin, interviennent eux aussi dans le processus créatif. Ils se chargent de réaliser des photographies et films par drone.

Mobiles et installées dans le quart d’heure

La start-up a conçu ses machines pour qu’elles soient mobiles et installables en 15 minutes. Elle a aussi voulu réaliser le plus de choses par elle-même. Aujourd’hui, 90% de la fabrication se fait en interne. «Nous avons développé et fabriquons un dispositif apportant bien-être et relaxation. Nous aimerions que nos appareils puissent être reconnus comme dispositif médical dans quelques années.»

«J'ai fait une croix sur un certain confort de vie, reconnait Guillaume Lucas, ancien cadre logistique pour Auchan, mais ne me suis jamais senti aussi bien : ce que nous faisons a du sens et fait du bien aux autres comme à notre équipe.» «Quasiment toutes les personnes avec qui nous travaillons sont des Hauts-de-France, abonde Ludovic Wiart, ancien directeur technique de la start-up Concierge, actuel responsable de la R&D et de la production de VirtySens. Et nous, nous avons à coeur de recruter des personnes du bassin minier.» Ils sont déjà deux dans ce cas. Le premier est leur technicien électronique et mécanique, le second leur "business developeur". Et prévient Guillaume Lucas : «Nous serons 24 ou 25 d’ici 2024.» Grâce à Lilou.