Violences conjugales: fin de garde à vue pour le patron de Sciences Po, l'enquête se poursuit

Nouvelles turbulences à l'école de l'élite, secouée ces dernières années par plusieurs scandales: le directeur de Sciences Po Paris, Mathias Vicherat, en poste depuis 2021, a été placé en garde à vue dans une affaire de violences conjugales avant d'être...

Le directeur de Sciences Po Paris, Mathias Vicherat, à Versailles le 18 juillet  2022 © Ludovic MARIN
Le directeur de Sciences Po Paris, Mathias Vicherat, à Versailles le 18 juillet 2022 © Ludovic MARIN

Nouvelles turbulences à l'école de l'élite, secouée ces dernières années par plusieurs scandales: le directeur de Sciences Po Paris, Mathias Vicherat, en poste depuis 2021, a été placé en garde à vue dans une affaire de violences conjugales avant d'être remis en liberté lundi mais l'enquête se poursuit.

Mathias Vicherat, 45 ans, et sa compagne qui s'accusaient réciproquement de violences conjugales avaient été placés en garde à vue dimanche soir au commissariat du 7e arrondissement, selon une source proche du dossier et le parquet de Paris. 

Celle-ci a été levée lundi en fin d'après-midi, a précisé le parquet de Paris. 

"L'unité médico-judiciaire n'a relevé d'incapacité totale de travail sur aucun des deux, et aucun des deux n'a souhaité déposer plainte à ce stade. L'enquête se poursuit en préliminaire", a précisé le ministère public.

"Sciences Po a appris par voie de presse les informations concernant son directeur Mathias Vicherat. S’agissant d’une affaire strictement privée, Sciences Po n’a à ce stade aucune précision ou commentaire à apporter", a commenté l'institution dans un message à l'AFP. 

Souvent présentée comme la fabrique des élites françaises, Sciences Po Paris cumule déboires et scandales autour de ses dirigeants depuis une dizaine d'années sans que son prestige académique n'en soit pour l'heure entaché. 

Mathias Vicherat avait succédé en novembre 2021 à la tête de Sciences Po Paris à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février de cette année-là pour avoir dissimulé les soupçons d'inceste visant le politologue Olivier Duhamel. 

M. Duhamel était alors le président de la fondation nationale des Sciences politiques (FNSP) qui exerce la tutelle sur Sciences Po Paris également surnommée "l'école de la rue Saint-Guillaume", où elle a son siège historique à Paris. 

Dans le sillage du scandale Duhamel, un mouvement de dénonciations de violences sexuelles dans les instituts d'études politiques (IEP) avait émergé, d'abord sur les réseaux sociaux.

Frédéric Mion avait lui-même été désigné à la tête de Sciences Po Paris après le décès accidentel dans une chambre d'hôtel à New York de Richard Descoings, emblématique patron de Sciences Po de 1996 à 2012 qui a profondément modernisé et développé l'institution fondée en 1872.

Le bilan de l'ère Descoings avait cependant été assombri par un rapport au vitriol de la Cour des Comptes sur la gestion financière de l'établissement, ce qui avait suscité une première crise de gouvernance.

Ancien élève de Sciences Po, dont il est sorti en 2000, Mathias Vicherat est un ancien camarade de promotion d'Emmanuel Macron à l'ENA. Il est décrit comme un touche-à-tout ambitieux doté d'un solide réseau. 

Sous le choc

Il a été en poste à la direction générale de la police nationale (DGPN) avant d'exercer les fonctions de directeur de cabinet du maire de Paris Bertrand Delanoë puis d'Anne Hidalgo, de directeur général adjoint de la SNCF puis de secrétaire général de Danone. 

Peu après son arrivée à la tête de Science Po, il avait décrété "priorité absolue" les violences sexistes et sexuelles.

Né en 1978 aux Lilas (banlieue est de Paris), il est le fils d'un employé de la Fnac et d'une éducatrice spécialisée.

Ce quadragénaire à l'allure soigné suscite des commentaires variés de ses anciens collègues et collaborateurs: "intelligent", "brillant", "travailleur", mais aussi "arrogant" ou "petit marquis". 

Il a été en couple avec la journaliste Marie Drucker, avec qui il a un fils en 2015. Il a publié en 2001 un livre sur le rap, "Pour une analyse textuelle du rap français".

"On attend bien sûr d’avoir des éléments supplémentaires mais on ne peut pas fermer les yeux sur ce sujet", a réagi auprès de l'AFP Inês Fontenelle, vice-présidente étudiante au conseil de l’Institut (Union étudiante) et membre du conseil d’administration de la FNSP.

Dans un communiqué son syndicat juge que "la confiance entre la direction et la communauté étudiante est rompue". 

"Mathias Vicherat doit donc faire preuve d'exemplarité et démissionner immédiatement. En attendant, la direction de l'établissement doit le suspendre de ses fonctions", a-t-il mis en avant.

Sciences Po Paris scolarise quelque 15.000 étudiants, dont la moitié d'étudiants internationaux et 25% de boursiers.  

346W2PR