Vingt-neuf logement sociaux dans un ancien mont de piété

Datant de 1626, le Lombard est unique dans l’architecture lilloise. Il est aujourd’hui aussi unique par sa reconversion.

Le Lombard est un des seuls pignons lillois parvenus jusqu'à nous. Un emblème.
Le Lombard est un des seuls pignons lillois parvenus jusqu'à nous. Un emblème.

Pour avoir une idée exacte du Lombard de Lille au temps de sa splendeur, il faut aller à Bergues où le même architecte flamand, Wenceslas Coobergher, a construit au XVIIe siècle son jumeau. Il s’agissait lors d’abriter un mont de piété, nommé «Lombard» parce que les banquiers italiens de Lombardie avaient exporté le modèle économique de prêt sur gage. Celui de Lille est sis dans la rue éponyme, à deux pas de la gare Lille Flandres.

Au fil des siècles, il a connu des fortunes diverses : Archives départementales en 1803, école de chimie en 1822, école d’ingénieurs en 1875, puis musée industriel et commercial de Lille en 1888 et disparu en 1990. Le bâtiment fut abandonné jusqu’à ce que l’Etat le rachète en 2000, pour la Direction régionale des affaires culturelles à l’étroit dans son vis-à-vis, l’hôtel Scrive, et qui se voyait s’étendre sous le pignon du Lombard. La crise économique eut raison du projet, non sans que l’Etat n’eût réalisé d’importants travaux de restauration, dont les toitures et les huisseries sous la direction d’un architecte spécialisé, Philippe Prost.

 

Un projet sous surveillance. Le Lombard, restauré à la hussarde en 1930 lorsque les pierres ont été remplacées par du ciment armé, fut traité avec finesse par Philippe Prost qui lui rendit les fines menuiseries à petits carreaux de ses 60 fenêtres sans toutefois lui restituer la délicate mouluration des façades. La toiture retrouva ses lucarnes. Le bâtiment en acquit une élégance certaine. Néanmoins l’Etat, qui avait aussi racheté les bâtiments de l’école Pigié voisine, jeta l’éponge, se contentant de cette dernière pour le Service départemental d’architecture, et celui régional d’archéologie. La Ville se porta acquéreur pour créer des logements sociaux en plein centre-ville dans un bâtiment historique restauré, une occasion unique.

L’ICF, filiale immobilière de la SNCF, le racheta en avril dernier. Le bâtiment sera entièrement retransformé par les architectes roubaisiens G.O. qui vont créer, dans les 1 657 m² sur quatre niveaux, 29 logements en BBC rénovation, répartis en 11 types 1, 2 types 2, 8 types 3, 7 type 4 et un type 5.  L’opération coûtera au total 2,9 M€, dont des subventions de 99 000 € de l’Etat, 143 000 de la Ville et 135 000 de la communauté urbaine.

Les architectes ont été contraints de travailler dans l’enveloppe sans aucun nouveau percement car, si le bâtiment n’est pas protégé MH, il est jalousement surveillé.

Le perdant sera l’Etat qui avait acheté le Lombard et Pigié pour 6 millions de francs (soit environ 1 M€), y a dépensé 6 M€ et a revendu le Lombard pour 1,7 M€, soit 600 € le mètre carré après avoir refait le clos, le couvert, la structure et le chauffage. Mais, en 2010, la politique était de vendre les biens de l’Etat.

 

D.R.

Le Lombard est un des seuls pignons lillois parvenus jusqu'à nous. Un emblème.