Vingt ans après sa disparition, Nougaro le chanteur-poète inspire toujours
Claude Nougaro à Toulouse aujourd'hui c'est une statue, une photo géante et même une station de métro, mais c'est surtout une inspiration qui, vingt ans après la mort du poète-chanteur le 4 mars...
Claude Nougaro à Toulouse aujourd'hui c'est une statue, une photo géante et même une station de métro, mais c'est surtout une inspiration qui, vingt ans après la mort du poète-chanteur le 4 mars 2004, continue à nourrir les artistes.
"Il reste ce grand-père qu'on a tous en commun", résume Oli du duo rap BigFlo & Oli, nouvel ambassadeur musical de la Ville rose.
"C'est un peu l'ange gardien spirituel des artistes d'ici", dit encore le rappeur, se souvenant d'avoir assisté au cortège funèbre du chanteur décédé à 74 ans, avec sa professeur de primaire en pleurs qui, en cours, enseignait les chansons de Nougaro.
C'était "un maître poète" qui "avait bien compris que l'avenir de la poésie n'était pas uniquement sur le papier mais bien plus par le truchement de la chanson", estime Joël Saurin, ex-bassiste du groupe Zebda, qui produit en mars à Toulouse le spectacle "Ames soeurs", autour d'un album méconnu des années 70, "Soeur Ame".
"L'âme est le seul monument qui m'intéresse, toujours prêt à la visite, je cherche l'âme en l'homme", cette phrase du poète Nougaro que cite à l'AFP Hélène sa dernière épouse, va d'ailleurs comme d'autres s'afficher en gare de Toulouse-Matabiau, dans le cadre du Printemps des poètes 2024.
"Ses paroles d’amour, comme ses rythmes blues résonnent en nous et dans chaque rue de celle qu'il a contribué à faire connaître sous le nom de +Ville rose+", souligne le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc.
Hymne à Toulouse
Car, pour tous les Toulousains, le souvenir de Nougaro, natif de la ville, tient d'abord à un "hymne", un "cantique laïque", comme l'avait appelé le quotidien régional La Dépêche du Midi, le jour de sa mort: la chanson "Ô Toulouse".
Son refrain résonne pour chaque essai du Stade toulousain dans son antre d'Ernest-Wallon et elle ponctue souvent les grands évènements dans la ville.
Selon les biographes de Nougaro, cette chanson-hommage ne l'était pourtant pas dans ses premières versions, marquées par les mauvais souvenirs d'une enfance difficile dans le quartier populaire des Minimes.
Elle a en tout cas associé le chanteur à la ville et à l'Occitanie, même s'il a passé une large partie de sa vie à Paris.
Il y a un "réel attachement identitaire" à la figure de Claude Nougaro, explique Claire Fita, vice-présidente de la Région, qui organise chaque année un prix homonyme distinguant de jeunes artistes locaux.
Depuis 2006, quelque 5.000 jeunes entre 15 et 25 ans y ont participé, tels BigFlo & Oli ou Lombre, autre rappeur originaire de Rodez.
"Pour beaucoup d'entre eux, Claude Nougaro, ça représente un visage tutélaire" et c'est aussi "un emblème de la langue française, de notre région et de notre accent", dit encore Mme Fita.
L'accent, on y revient forcément quand on parle de Nougaro: "c'était sa force en fait", souligne la musicienne Cécile DeLaurentis, marraine du prix cette année.
Porter son étendard
"C'est son accent qui a donné le rythme à ses mots, ses phrases, ses mélodies, c'est un exemple très fort", insiste-t-elle.
Plus largement, poursuit Joël Saurin, "c'est aussi le bon contre-exemple à tous les a priori que j'ai entendus dans ma jeunesse, qui étaient qu'avec le français, on ne pouvait rien faire de musical, de rock n'roll ou de swing".
"Claude c'est une scansion, je ne sais pas s'il prononçait vraiment à la toulousaine, mais c'est un phrasé personnel complètement reconnaissable", décrit Hélène Nougaro.
"Ca a été une influence dans l'écriture, c'est certain", ajoute Oli: "dans sa façon de faire sonner les syllabes, les consonnes, même si c'est très différent, il y a quelque chose où on est allé puiser".
Alors tant pis si, en Occitanie, certains ont l'impression que Claude Nougaro n'est peut-être pas assez mis sur le même plan que Gainsbourg, Brassens ou Brel.
"C'est ce qui nous rattache encore plus à lui", dit Oli. "Le côté un peu maudit, pas reconnu à 100% nous pousse à encore plus porter son étendard."
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