Gazettescope
Vigilance citoyenne...
L’attentat du 13 octobre à Arras a fait ressurgir des actes sinistres. Si l’État doit assurer sa mission régalienne de protection des populations, chacun de nous a un rôle à jouer dans la chaîne de vigilance et de prévention. L’entreprise également, dans la détection et le signalement des cas de potentielles radicalisations. Que peut faire le chef d’entreprise ? La Gazettescope décrypte plusieurs points cruciaux à appréhender. En Moselle comme ailleurs : la sécurité n'a pas de territoires.
L’attentat du 13 octobre dernier contre un professeur de français, Dominique Bernard, trois ans après celui de Samuel Paty, s’ajoute à une longue liste sanglante commis en France depuis une dizaine d’années. Nos voisins européens paient aussi un lourd tribut au fanatisme. L'horreur, l’effroi, l’indicible, la sidération, la colère. Nous apeurer, nous diviser : c’est bien là l’objectif des barbares porteurs d’une idéologie mortifère et d’obscurantisme. Il y a ce que doit faire l’État, dans sa mission régalienne de protection des populations, déclinée au niveau de nos territoires. Il y a aussi, ce que chaque citoyen doit adopter comme attitude au quotidien. Il ne s’agit pas ici de tomber dans la psychose, dans la loi du talion. Mais, de prendre conscience plus amplement, de quitter un relatif déni. Cela nous bouscule, nous pays libre et des Lumières. Nous ne devons jamais renoncer à nos modes de vie, à nos libertés. Tout le contraire. Mais accorder davantage d’attention à notre environnement de tous les jours, dans la rue, dans les espaces publics…
Obligation de sécurité de l'employeur
On entend beaucoup évoquer le terme «radicalisation». On le définit «comme le processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui contexte un ordre établi sur le plan politique, social ou culturel.» Par leur nature, leur activité, le rassemblement de personnes qu’elles forment en tant que communauté humaine, les entreprises sont exposées à la menace terroriste, victimes directes ou indirectes. On se souvient qu’en janvier 2015, les assassins de Charlie Hebdo se retranchèrent dans une imprimerie où ils prirent en otage le gérant de l’entreprise, avant de le relâcher, avant que le GIGN ne donnent l’assaut et abattent les terroristes. Il faut bien distinguer la radicalisation jihadiste de l’expression religieuse en entreprise. Laquelle devra repérer les situations de radicalisation. L’employeur est tenu d’assurer la santé et la sécurité de ses salariés et des tiers, a l’obligation d’évaluer les risques et de prendre les mesures adéquates. En sachant que la radicalisation ne relève pas de la responsabilité de l’employeur au titre de son obligation générale de sécurité.
Les autorités seules compétentes
Rupture avec les collègues de travail, repli sur soi, clivage tendu hommes/femmes, comportements identitaires, interdits étendus à l’entourage (alimentaires, musique…), discours complotistes, antisémites, hostilité pour motif religieux, apologie du terrorisme, menaces, prosélytisme en vue de radicaliser ses collègues, fréquentations de sites internet extrémistes, lectures de documents djihadistes, d’individus susceptibles de radicalisation… On le voit, ce n’est pas un indice, mais un faisceau d’indices qui doivent alerter le chef d’entreprise qui devra agir avec discernement, en confrontant son point de vue avec d’autres personnes de l’entreprise. Il pourra alors déclencher un signalement aux autorités compétentes. C’est ici un devoir moral et citoyen. Si le dirigeant fait part de doutes, c'est aux autorités qu’il appartient seules de vérifier la pertinence du signalement. Il est une certitude : chacun d’entre nous doit défendre cette idée essentielle que la vie est plus forte que la mort, contre tous les vents de folie et océans d’intolérance.