Vie chère en outre-mer, soignants à l'hôpital: deux premiers textes PS approuvés à l'Assemblée
L'Assemblée nationale a adopté jeudi deux propositions de loi socialistes, l'une pour lutter contre la vie chère en outre-mer, l'autre instaurant des ratios de soignants à l'hôpital, deux premières victoires décrochées par les élus PS qui entendent...
L'Assemblée nationale a adopté jeudi deux propositions de loi socialistes, l'une pour lutter contre la vie chère en outre-mer, l'autre instaurant des ratios de soignants à l'hôpital, deux premières victoires décrochées par les élus PS qui entendent ainsi montrer leur capacité à dégager des majorités.
Dans le cadre de leur "niche" parlementaire, qui leur permet de décider de l'ordre du jour, les socialistes ont fait voter dans l'après-midi un texte qui propose d'instaurer progressivement dans les hôpitaux un nombre minimal de soignants par patient et par service.
Il s'agit de répondre à la "souffrance" de l'hôpital public, a expliqué le rapporteur Guillaume Garot (PS), soulignant que les ratios ne seraient appliqués que très progressivement - ceci afin d'éviter que, faute de personnel, des services hospitaliers ne soient contraints de fermer, ce qui serait contraire à l'effet recherché.
Les élus de la droite et du centre ont salué une "intention louable", mais déploré une "fausse bonne idée": "fixer des seuils minimaux ne répondra jamais à la pénurie actuelle de soignants", a ainsi estimé Jean Moulliere (Horizons). Après avoir tenté, en vain, de l'amender, ils se sont finalement, pour la plupart, abstenus. Le texte, voté dans les mêmes termes qu'au Sénat, peut donc entrer en vigueur.
Dans la matinée, l'Assemblée avait voté une première proposition socialiste, présentée par Béatrice Bellay (PS, Martinique) pour lutter contre la vie chère en outre-mer. Le texte permet le plafonnement par l’État du prix d'un panier de biens de première nécessité - pour le ramener au niveau constaté en métropole -, s'attaque aux monopoles et autres oligopoles, ainsi qu'à la toute-puissance de la grande distribution.
Là aussi, les députés du "socle commun" ont préféré s'abstenir: aligner les prix sur ceux pratiqués dans l'Hexagone est "irréalisable et inapplicable", c'est de l"affichage", a déploré Maud Petit (Modem). "On va empêcher les nouveaux investisseurs d'arriver dans nos territoires et de faire fonctionner la concurrence", s'est inquiété Nicolas Metzdorf, élu macroniste de Nouvelle-Calédonie.
Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a reconnu que les écarts de prix d'au moins 30% entre la métropole et les outre-mer posaient un "défi à la cohésion sociale". Mais le gouvernement, au nom de la "liberté d'entreprendre", a tenté de s'opposer à une disposition interdisant aux grands groupes de distribution de détenir plus de 25% de parts de marché. En vain: les députés ont maintenu cet article.
Repas à un euro et pannes d'ascenseurs
Au final, M. Valls a néanmoins "salué" l'adoption du texte, "un premier pas nécessaire", selon lui.
Avant que leur "niche" ne se referme, jeudi soir à minuit, les socialistes espéraient encore pouvoir faire adopter deux ou trois autres propositions "concrètes, du quotidien" et montrer ainsi qu'ils peuvent "arracher des victoires" en "construisant des majorités".
Parmi les propositions à l'agenda, figurent l'instauration d'un "repas à un euro" pour tous les étudiants, un dispositif de lutte contre les pannes d'ascenseurs, ou encore une proposition s'attaquant à la "financiarisation" des crèches, dont les dérives ont récemment été dénoncées dans un livre-enquête du journaliste Victor Castanet.
Après avoir renoncé la semaine dernière à censurer le gouvernement Bayrou - dont ils espèrent encore obtenir des concessions sur le budget - les élus PS entendent marquer des points: "nous restons dans l'opposition, évidemment, mais nous montrons notre capacité à gagner des votes, à faire avancer des dossiers", indique une source au groupe.
Le chef des élus PS, Boris Vallaud, n'a pas caché attendre "sur certains textes, un soutien" de la part du gouvernement et des élus du centre et de la droite.
Avant l'ouverture des débats, le député macroniste Pierre Cazeneuve avait assuré à l'AFP que son groupe aurait une "position constructive" face à des propositions "assez consensuelles". Tout en soulignant qu'il ne fallait y voir aucun "effet conjoncturel" - comprendre, lié à la récente décision des socialistes de ne pas censurer l'exécutif.
Quant aux élus du Rassemblement national, ils avaient annoncé leur intention de voter "comme d'habitude ce qui va dans le bon sens, celui de l'intérêt de la France et des Français". En l'occurrence, ils ont approuvé le texte sur les prix en outre-mer, mais se sont abstenus sur les ratios de soignants.
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