Vers une ville de plus de 70 000 habitants ?
Les points d’interrogation sont de mise. Un processus historique est engagé, mais il suffirait d’un grain de sable pour enrayer la machine et la faire dérailler… Le challenge est de fusionner les 26 communes de la communauté d’agglomération de Saint-Omer (CASO) en une seule cité de 70 000 habitants. Un peu à l’image de Dunkerque et des villes satellites, sauf qu’à Dunkerque entre la fusion initiale (Malo en 1970) et les dernières arrivées (Saint-Pol et Fort-Mardyck), plus de 40 années se sont écoulées.
Un point d’histoire. La pratique communautaire fait partie de l’ADN audomarois. En 1962, à l’initiative de Raymond Sennellart, élu visionnaire, Saint-Omer et Longuenesse créent le District de la région audomaroise. Douze ans plus tard, en 1974, le même décideur crée une agence d’urbanisme, bras armé du District pour l’aménagement. Durant les trois décennies suivantes, les communes voisines rejoignent le District qui en compte 19 au 1er janvier 2001, puis 25 au 1er janvier 2014 et 26 à l’été 2015, avec le rattachement de Racquinghem. Au-delà des divergences politiques, les élus s’apprécient et se retrouvent également au sein de Saint-Omer développement, créé en 1998 par Daniel Pecqueur.
Les hommes. Depuis deux ans les choses s’accélèrent. Le regroupement de communes a toujours été un serpent de mer qui ressortait au hasard des événements puis, tel le monstre du Loch Ness, rejoignait les profondeurs de l’histoire. La réduction des dotations étatiques appauvrit singulièrement les communes et, peu à peu, les projets d’union fleurirent dans quelques cerveaux. Le sous-préfet Christian Abrard, au gré de ses interventions, instilla la bonne parole, relayé par plusieurs édiles locaux. L’élection d’hommes et de femmes politiques nouveaux en 2014 bouleversa profondément le paysage communautaire. Parmi ceux-ci, François Decoster, nouveau président de la CASO, n’eut de cesse de créer des liens forts avec ses voisins urbains, tel Bertrand Petit, maire de Saint-Martin-au-Laërt, et ses voisins ruraux, comme Marc Thomas, le maire de Moulle.
Une ville nouvelle à 7… La Gazette s’en était fait l’écho : la tendance originelle était de regrouper les sept communes les plus urbanisées en une seule capitale de 50 000 habitants. Trois étaient pour – Saint-Martin, Saint-Omer et Tatinghem – et quatre, dans l’expectative : Arques, Blendecques, Longuenesse et Wizernes.
… ou à 26 ?! Le coup de poker est venu de deux communes rurales : Bayenghem-les-Eperlecques au nord et Racquinghem au sud. Jean-Michel Bouhin et Bernard Idzik, leurs maires respectifs, par leurs initiatives spectaculaires ont rebattu les cartes de ce poker incertain.
Bernard Idzik vient de quitter la communauté de communes du Pays d’Aire et, aussi vite, a signé un pacte de regroupement avec les maires de Campagne-les-Wardrecques (Thorel) et de Wardrecques (Louis Cainne). Dans le même temps, Jean-Michel Bouhin fait une proposition quasi iconoclaste : pourquoi ne pas réunir les 26 communes en une seule ? “Donnez-moi un point d’appui et un levier et je soulèverai le monde !” On ne peut s’empêcher de penser au postulat d’Archimède en observant l’accélération des choses dans l’Audomarois. Les maires ruraux seront-ils les Archimède de la fusion ?!
Les avantages de cette fusion et son calendrier : 42 millions d’euros. Le 31 décembre est une date butoir. En effet, l’État s’est engagé à maintenir leurs dotations pour 2016, 2017 et 2018 aux territoires fusionnés avant le 1er janvier 2016. Soit près de 42 millions d’euros pour Saint-Omer : les 18 M€ de la trésorerie de la CASO conservés plus 24 M€ de dotations de l’État maintenus, chiffres présentés par le cabinet lyonnais Acti public.
Cette échéance proche oblige à un calendrier accéléré. Le 24 septembre, les élus communautaires ont été appelés à voter une délibération autorisant chaque commune à délibérer sur la naissance d’une ville nouvelle se calquant sur la communauté d’agglo. Ensuite, à une même date (sans doute fin novembre) et à la même heure, les 26 conseils municipaux se prononceront pour ou contre la fusion. Si une seule commune faisait défaut, petite ou grande, le projet capoterait ! Troisième et dernière étape, si les deux premières étaient franchies, l’arrêté préfectoral viendrait parachever ce parcours du combattant.
Les 26 communes en question : population, surface, maire. (chiffres INSEE 2012)
Les sept villes urbaines.
50 087 hab. pour 7 347 ha
Arques : 9 958 hab. (2 241 ha). Mme C Saudemont.
Blendecques : 5 205 hab. (956 ha). M. R Ben Amor.
Longuenesse : 11 108 hab. (840 ha). M. J.M Barbier.
Saint-Martin-au-Laërt : 3 840 hab. (494 ha). M. B Petit.
Saint-Omer : 14 881 hab. (1 640 ha). M. F Decoster.
Tatinghem : 1 791 hab. (560 ha). M. G Louf.
Wizernes : 3 304 hab. (616 ha). M. D Herbert.
Les 12 autres communes à la naissance de CASO (1er janvier 2001)
14 564 hbts pour 11 024 ha
Campagne-les-Wardrecques : 1 180 hab. (469 ha) . M. G Thorel.
Clairmarais : 627 hab. (1 802 ha). M. D Morel.
Eperlecques : 3 350 hab. (2 556 ha). M. L Denis.
Hallines : 1 251 hab. (572 ha). M. M Prévost.
Helfaut : 1 596 hab. (892 ha). M. F Marquant.
Houlle : 1 052 hab. (652 ha). M. R Dusautoir.
Moringhem : 520 hab. (998 ha). M. C Cornette.
Moulle : 1 049 hab. (539 ha). M.M Thomas.
Salperwick : 511 hab. (400 ha). M. M Martinot
Serques : 1 130 hab. (1 043 ha). Mme M Lefebvre.
Tilques : 1 109 hab. (729 ha). M. P Bédague.
Wardrecques : 1 189 hab. (372 ha). M. L Cainne.
Les 7 communes arrivées récemment : 6 de l’ex-CCRAVH* et une de la CC Pays d’Aire.
7 216 hbts pour 5 207 ha
Bayenghem-les-Eperlecques : 968 hab. (451 ha). M. JM. Bouhin.
Mentque Nortbécourt : 619 hab. (1078 ha). M. JP Leclercq.
Nordausques : 1 078 hab. (594 ha). M. JM Marcotte.
Nortleulinghem : 200 hab. (345 ha). M. JM Brame.
Tournehem-sur-la-Hem : 1 423 hab. (1 814 ha). M. JCl Hiraut.
Zouafques : 609 hab. (393 ha). M. F Dupont.
(*communauté de communes de la région d’Ardres et vallée de la Hem)
Racquinghem : 2 319 hab. (532 ha). M. B Idzik.
TOTAL : 71 867 hab. pour 23 578 ha (soit env 236 km²)