Vers une révolution copernicienne…
Dans son dernier ouvrage, «Nouvelles perspectives en entrepreneuriat» (paru au début du mois chez Vuibert), Christophe Schmitt, vice-président de l’Université de Lorraine en charge de l’entrepreneuriat et de l’incubation, affirme que les théories classiques en la matière ont montré leurs limites. Une nouvelle approche, basée sur la réelle interaction entre les entrepreneurs et leur écosystème, s’avère nécessaire. Une vraie révolution copernicienne !
Il appelle cela la théorie des 3 M : Moi, Mon projet, Mon écosystème, «reste que l’écosystème et les interactions avec lui sont souvent oubliées.» Christophe Schmitt, vice-président de l’Université de Lorraine en charge de l’entrepreneuriat et de l’incubation milite depuis des années pour une approche différente de l’entrepreneuriat plus en phase avec l’évolution générale sociétale. «Et si, pour comprendre l’entrepreneuriat, il convenait d’aborder le sujet d’une autre façon ?» C’est l’accroche du dernier ouvrage de ce professeur des Universités, «Nouvelles perspectives en entrepreneuriat» (paru au début du mois chez Vuibert). «La vision de l’entrepreneuriat est très linéaire, c’est ce que j’appelle le modèle télégraphe sans aucune interaction entre le porteur de projet et son écosystème. Il faut passer à un modèle que je qualifie de chef d’orchestre introduisant une nouvelle perspective pour comprendre l’entrepreneuriat : celle de la complexité.» Le maître-mot : interaction. «Il faut réinventer la relation avec les porteurs de projets. Et c’est paradoxal car dans la situation actuelle où nous sommes avec la crise sanitaire et économique qui en découle, il est très difficile d’être en réelle interaction et pourtant elle se doit d’être renforcée et sans doute réinventée également.»
Nouvelles frontières
Pour le chercheur, il apparaît impératif d’opérer rapidement ce changement et cette prise de conscience que les «vieux» modèles linéaires où le porteur de projet est éloigné de son écosystème (quand Christophe Schmitt parle d’écosystème, et non d’environnement), il parle de la première ligne des relations de l’entrepreneur à l’image des fournisseurs, des clients ou encore des syndicats et fédérations professionnelles) doivent laisser place à un modèle ouvert et atomique où l’interaction entre les fameux 3 M doit être optimale et naturelle. «C’est une vraie révolution copernicienne ! Il ne s’agit pas d’un simple ajustement, mais bien de définir de nouvelles frontières dans le domaine de l’entrepreneuriat et surtout de la vision que nous avons de lui.» Cette nouvelle approche souhaitée dans la recherche sur l’entrepreneuriat ne peut être louable qu’avec une transposition sur le réel terrain de l’entrepreneuriat. «Le porteur de projet ou l’entrepreneur ne peut exister si il n’est pas reconnu par l’œil de l’autre. Il se doit de parvenir à faire comprendre et accepter sa vision du monde, son projet à son écosystème.» De son côté, l’écosystème se doit être d’être ouvert et à l’écoute de l’entrepreneur. Ce nouveau modèle à élaborer va devoir se confronter à ce que le chercheur qualifie d’entrepreneuriat de contrainte. «Avec la crise, le marché de l’emploi va défaillir avec une demande qui augmente et une offre qui diminue. On peut s’attendre au développement d’un entrepreneuriat de contrainte, à la différence de l’entrepreneuriat volontaire qui prévaut actuellement.», assurait le chercheur dans nos colonnes fin juin. Cette notion d’entrepreneuriat de contrainte devrait faire l’objet d’un nouvel ouvrage de la part de Christophe Schmitt à paraître l’année prochaine aux éditions PUG (Presse Universitaire du Québec).