Vegskin : l’alternative 100% végétale au cuir
L’entreprise nordiste Vegskin a mis au point une alternative végétale au cuir. Une levée de fonds vient d’être lancée pour un début de production espéré en mai.
Cela ressemble à du cuir, mais ce n’est pas du cuir. Entre ses mains, Loïc Debrabander, créateur de la société nordiste Vegskin, tient une matière produite à base de fruits normalement voués à la destruction, principalement des bananes. «L'idée est vraiment de valoriser ces bio-déchets» avance l’ex-commercial qui s’est lancé dans l’aventure il y a cinq ans avec son épouse, Anaëlle Picavet. Tous les deux végétariens, ils se fixent comme objectif de trouver une alternative 100% végétale au cuir. «Il a fallu faire pas mal d'essais dans le garage pour arriver à formuler les premiers prototypes» se souvient Loïc Debrabander.
Finalement, le couple met au point une recette à base de déchets de fruits valorisés (90 à 95%) et d'additifs qui servent de bioplastifiants (5 à 10%). «On récupère des bananes qu'on va réduire à l'état de bouillie et sur lesquelles on va appliquer des phases de montée en température», décrit Loïc Debrabander. «Puis on va ajouter nos additifs avant une mise en forme et une phase de séchage».
Un produit haut de gamme
«La banane n'est pas forcément le fruit qui marche le mieux mais c'est celui qui est le plus disponible sur notre territoire» explique le cofondateur de l’entreprise qui compte profiter de la proximité avec le port de Dunkerque, premier port français concernant le trafic de bananes. «On se positionne entre la partie importation et la porte de la grande distribution. À ce niveau-là, il y a un taux de perte qui est conséquent et qui nous permet d'avoir des approvisionnements réguliers dans des quantités suffisantes» indique-t-il.
Vegskin vise le très haut de gamme. «L’objectif est de travailler main dans la main avec des grandes marques et des maisons de luxe pour faire, dans un premier temps, de la maroquinerie et de la chaussure», projette Loïc Debrabander. Quelques matières devraient être disponibles prochainement pour des usages de design intérieur. «La vocation est ensuite d’aller sur des segments comme l’automobile et l'ameublement».
Une ligne semi-industrielle
Courant janvier, Vegskin lançait officiellement sa levée de fonds. L'objectif : récolter 750 000 euros pour un lancement de la production dès le mois de mai avec une équipe de sept personnes, contre trois actuellement. En termes de volume, l’objectif pour l’année 2024 sera de produire 500 à 600 mètres de matière qui représenteront 7,5 tonnes de fruits valorisés. En 2025, la production devrait monter à 8500 mètres et 120 tonnes. Mais l’objectif de Vegskin et ses fondateurs est plus grand : préparer une ligne de production semi-industrielle. D’ici 2026-2027, Loïc Debrabander prévoit ainsi de produire 200 000 mètres de matière pour 2 500 tonnes de déchets valorisés. Un pari ambitieux.