Une vigie pour le climat

Dans la région, le changement climatique se manifeste clairement. Que nous enseignent les observations disponibles sur l’évolution des données du climat, quels sont les risques, quelles sont les réactions possibles et comment sont-elles mises en œuvre dans la région : l’Observatoire climat des Hauts-de-France a tenté d’y répondre lors de son 6e Comité des partenaires.

Une vigie pour le climat

Températures à la hausse, baisse du nombre de jours de gel, augmentation du nombre de jours de forte pluie, particulièrement sur le littoral, hausse du niveau de la mer… Les observations réalisées depuis le milieu des années 1950 l’indiquent : le climat de la région a changé et continue de changer, les impacts sont mesurés et significatifs.
La température moyenne entre 1955 et 2016 est de + 1,75°C à Lille, soit + 0,29°C sur une décennie. La hausse est plus rapide à l’échelle de la région qu’à celle de la planète (+ 0,22°C/décennie).
Le nombre de jours de gel diminue fortement dans la région, en particulier sur le littoral. Sur la période 1955-2016, il est de 27 jours, rien de comparable entre les 62 j de gel de 1955 et les 11 j de 2016. La projection de la tendance actuelle prévoit l’absence complète des jours de gel à Boulogne-sur-Mer en 2055.
A Boulogne-sur-Mer, on observe une progression régulière des jours de fortes pluies (précipitations supérieures à 10 mm) : + 1,9 jour en moyenne sur une décennie. La progression est moins perceptible à l’intérieur des terres. A Dunkerque, les relevés indiquent une hausse du niveau de la mer de 9,5 cm entre 1956 et 2016, ce qui correspond à une vitesse d’élévation de 1,6 cm par décennie. Ce phénomène s’explique par la dilatation des masses d’eau océaniques et la fonte des glaciers provoquées par l’augmentation de la température à la surface du globe. «Selon le scénario le plus optimiste en matière d’émissions de gaz à effet de serre, le climat de Lille en 2080 sera proche du climat actuel d’Angers. Selon le plus pessimiste, il sera semblable à celui de Carcassonne.»

Une situation qui amène de vrais risques

Les risques météo-sensibles sont les risques dits «naturels» qui peuvent être aggravés par le changement climatique. Au vu de la géographie régionale et de la répartition des populations, les risques d’inondation et de submersion marine sont les plus importants, 76% des communes du Nord – Pas-de-Calais et 22% de la Picardie présentent une exposition forte à ces risques. D’autres risques liés au changement climatique et surtout à l’augmentation des températures sont moins perceptibles. Ainsi, les épisodes de pollution atmosphérique pourraient devenir plus fréquents et intenses et nous confronter à un enjeu sanitaire inédit.
La biodiversité est également directement touchée par les évolutions climatiques. Feuillaison plus précoce des arbres, arrêt de la migration de certains oiseaux, comme les cigognes blanches, ces phénomènes observés depuis quelques années sont clairement liés au changement climatique.

Les émissions de gaz à effet de serre, moteur du changement climatique

En France, 79% des émissions de gaz à effet de serre (GES) produites par l’activité humaine sont liées en 2013 à l’utilisation d’énergie (transports, industries, traitement des déchets, chauffage résidentiel et tertiaire, etc.), elle-même produite aux deux tiers à partir de combustibles fossiles. Ce constat est duplicable en région. On observe une hausse récente des émissions de GES due à la reprise économique, mais la tendance générale reste à la baisse dans des proportions insuffisantes pour atteindre les engagements de la France au niveau international (accord de Paris).

Stabilisation de la consommation régionale d’énergie

Une stabilisation de la consommation régionale d’énergie est observée. Si, en 2014, celle-ci est supérieure de 8,2% à celle de 1990, elle est inférieure de 19,2% au pic de 2002. Aussi, ‘l’intensité énergétique» de l’économie évolue favorablement, le rapport de la consommation énergétique au PIB baisse. Parallèlement, le mix énergétique de la consommation évolue : moins de charbon, plus de place pour les réseaux de chaleur et davantage d’énergies renouvelables représentant, en 2015, 8,1% de la consommation régionale totale (bois énergie, éolien, solaire, biogaz, etc.).
Cela étant, des disparités existent entre les différents secteurs d’activités et les trajectoires de réduction ne sont pas encore à la hauteur des objectifs nationaux et régionaux (division par quatre des émissions de GES en 2050 par rapport à 1990). En Hauts-de-France, si l’industrie reste en tête de la consommation d’énergie (41% contre 19% au niveau national), celle des transports et du résidentiel a connu des hausses importantes entre 1990 et 2014 : + 28% pour les transports, + 25% pour le résidentiel. Côté explications, on note pour les transports l’augmentation de la population et du parc de véhicules, l’accroissement des distances parcourues ; pour le secteur résidentiel, l’augmentation du parc bâti et le fait qu’il soit plutôt ancien et énergivore.
ׅÀ la fois source d’émission et d’évitement de GES, le tri des déchets a permis de doper de nouvelles filières de traitement comme la valorisation matière et la récupération d’énergie.
Le secteur de l’agriculture et de la sylviculture est à l’origine de 15% des émissions régionales. Les émissions de GES agricoles proviennent principalement de la gestion des sols (épandage, fertilisation) et du méthane émis par les ruminants. Elles sont plutôt à la hausse en raison de l’augmentation de la production végétale.

Phrase en gras :

“La projection de la tendance actuelle prévoit l’absence complète des jours de gel à Boulogne-sur-Mer en 2055”

 

Emmanuelle Latouche, directrice adjointe du CERDD (Centre ressource du développement durable) a animé le 6e Comité des partenaires de l’Observatoire climat des Hauts-de-France.

Encadré

Un Observatoire climat des Hauts-de-France
Porté par le CERDD (Centre ressource du développement durable) et piloté par cinq institutions – État (DREAL), conseil régional Hauts-de-France, Départements du Nord et du Pas-de-Calais, ADEME –, l’Observatoire climat des Hauts-de-France couvre la question du changement climatique en partant des émissions de GES, en qualifiant la réalité du changement climatique observé dans la région et ses effets sur la biodiversité, la santé, etc. Les enjeux climat pesant toujours plus dans les choix et les décisions de chacun, l’Observatoire entend prolonger son regard sur les solutions apportées pour réduire notre impact sur le climat. Sa mission est de collecter les données, fournir les chiffres nécessaires à la prise de décision, aider à suivre les politiques publiques et constituer un espace d’échanges et d’animation pour le réseau des acteurs de l’Observatoire autour de l’énergie et du climat.