Une tête chercheuse et partageuse
Nom : Floer. Prénom : Cécile. Signe particulier : cette doctorante au sein de l’Institut Jean Lamour de Nancy vient de recevoir le Prix Jeunes Talents 2019 «Pour les femmes et la science» de la fondation L’Oréal pour ses recherches en nanosciences version capteur de température sans fil qu’elle qualifie de «tatouage connecté» adaptable aux mouvements du corps humain et aux multiples applications biomédicales. Derrière l’aspect purement recherche, cette scientifique de 26 ans originaire de Moselle Est, engagée auprès de l’Association française des femmes diplômées des universités, espère inspirer les jeunes filles à se lancer dans ces domaines de la science et de la recherche. Dans l’Hexagone, les femmes ne représentent que 28 % des effectifs universitaires en science. De là à la qualifier d’ambassadrice, il n’y a qu’un pas…
Dans les couloirs de l’Institut Jean Lamour (IJL) de Nancy, ils sont nombreux à la féliciter dès qu’ils la croisent au moment d’une pause entre deux temps de recherche appliquée. «Félicitations, j’ai appris cela en lisant les news de l’Institut et en plus tu es super photogénique.» Cécile Floer sourit, presque timidement, peut être un peu surprise de cette petite notoriété qu’elle vient d’acquérir au sein de la communauté scientifique. À 26 ans, cette doctorante de l’IJL au sein du département nanomatériaux, électronique et vivant (pour une thèse effectuée sous la direction du professeur Omar Elmazria et du docteur Sami Hage-Ali, qu’elle va soutenir le 20 novembre prochain) fait partie des 35 jeunes chercheuses (20 doctorantes et 15 post-doctorantes) récompensées début octobre par le prix Jeunes Talents 2019 «Pour les femmes et la science» de la Fondation l’Oréal (organisé depuis douze ans en partenariat avec l’Unesco et l’Académie des Sciences). C’est dans la catégorie «Biologie et médecine» que cette diplômée de l’Ensem (École nationale supérieure d’électricité et de mécanique) de Nancy s’est distinguée pour ses travaux sur «l’élaboration d’un capteur de température sans fil que l’on peut qualifier de tatouage connecté sur l’épiderme de l’épaisseur d’un cheveu.»
Curiosité, partage, échange
Lorsqu’elle explique ses travaux de recherche, les termes sont simples, limpides loin d’être techniques et incompréhensibles comme on pourrait s’y attendre de la part d’un chercheur. L’image stéréotypée du chercheur cloîtré dans sa tour d’ivoire, Cécile Floer en est le parfait opposé. Ce qui la pousse, «c’est la curiosité, le partage, l’échange, la possibilité de pouvoir apporter une avancée technologique pour les besoins sociétaux actuels», explique celle qui affiche un parcours «assez classique dans l’univers scientifique.» Originaire de l’agglomération de Sarreguemines, elle passe un baccalauréat scientifique, fait ses classes préparatoires au lycée Kléber de Strasbourg avant de gagner l’Ensem à Nancy avec un passage de six mois à l’Université de Munich pour se perfectionner en biomécanique. Détour par la région parisienne à l’IFP Energies nouvelles de Rueil-Malmaison, sanctionnée par le dépôt d’un brevet avant de rejoindre l’IJL pour sa thèse. «J’ai toujours eu une curiosité à outrance histoire de ne pas m’ennuyer. La recherche entraîne également une certaine liberté même si naturellement un cadre est établi mais les collaborations avec d’autres chercheurs de secteurs différents sont très fortes. L’échange est permanent.» L’échange, le partage, elle les effectue également comme enseignante à Polytech Nancy ou encore dans son implication auprès de l’Association française des femmes diplômées des universités. En France, les femmes représentent 28 % des effectifs universitaires en science, à l’instar de ses autres consœurs doctorantes et chercheuses, Céline Floer espère «bien inspirer d’autres à se lancer dans les domaines scientifiques et la recherche. Le problème est surtout le manque d’information et de véritable modèle de femme scientifique. C’est peut être réducteur mais nous en sommes restés au modèle de Marie Curie.» Son prix «Pour les femmes et la science» est une reconnaissance et peut permettre de faire avancer les choses. «Homme ou femme, nous sommes avant tout des scientifiques.» C’est dit et c’est surtout vrai…
En dates :
2016 : Cécile Floer obtient son diplôme d’ingénieure de l’Ensem (École nationale supérieure d’électricité et de mécanique) de Nancy ;
2019 : ce 20 novembre, elle soutiendra sa thèse après avoir passé trois ans au sein de l’Institut Jean Lamour de Nancy sur ses travaux de capteur de température sans fil connecté.
2020 : Cécile Floer s’envolera fin janvier pour les États-Unis, direction l’Université de San Diego pour son post-doctorat.