Une semaine pour (re)donner le goût d’entreprendre
De Pont-à-Mousson à Epinal et Saint-Dié-des-Vosges, en passant par Bar-le-Duc, Verdun, Longwy, Joeuf, Nancy, Metz ou encore Lunéville, la Semaine de la création, reprise et transmission d’entreprises en Lorraine a battu son plein du 19 au 23 novembre. De forums en ateliers et autres séances d’échanges et de conseils pratiques, les organisateurs ont souhaité insuffler un vent nouveau sur ce secteur aujourd’hui atone dans la région.
Une semaine… et après ! Pendant cinq jours, les différents acteurs de la création et reprise d’entreprises en Lorraine ont mobilisé leurs troupes pour accueillir, informer, conseiller les potentiels créateurs et repreneurs. Cinq jours de forums, d’ateliers, de rencontres mais aussi de moments festifs, à l’image de la soirée du réseau Créalliance du 20 novembre à l’Hôtel de Ville de Nancy (voir encadré), dans les quatre coins de la région. Objectif premier : faire connaître l’offre régionale existante et «permettre aux porteurs de projet de bénéficier de conseils et d’un accompagnement individualisé, personnalisé et sécurisé», comme l’a expliqué l’exécutif régional, le 23 novembre à Metz, à l’occasion de la remise des prix du concours régional de la reprise et création d’entreprises. Derrière cette mobilisation apparaît surtout l’urgence de redonner un nouveau souffle à l’esprit d’entreprendre en Lorraine, aujourd’hui mis à mal. La dernière livraison de l’Insee est criante de vérité. La création d’entreprises en Lorraine est en phase descendante, la baisse au troisième trimestre affiche les 4.5 %.
Auto-entrepreneurs Les bonnes stats…
«3387 entreprises ont été créées en Lorraine au cours du troisième trimestre. Hormis un sursaut au premier trimestre, les créations d’entreprises dans la région sont en diminution constante depuis le deuxième trimestre 2010», révèle l’Insee. Sur une année, la donne est encore plus parlante. «Par rapport au troisième trimestre 2011, les créations baissent de 5.1 % principalement en raison d’une chute des créations classiques (- 9.1 %). Les créations dans le commerce diminuent ainsi de 4 % malgré la hausse de 5 % des créations d’auto-entreprises. La construction et les services aux ménages sont quant à eux touchés par une baisse de leurs créations sous le régime d’autoentrepreneur. » Les auto-entrepreneurs, hier boosters incontestables dans les chiffres de la création d’entreprises sont, eux également, sous le joug d’une diminution dans certains secteurs d’activité. Un peu logique vu l’inquiétude grandissante qui règne aujourd’hui sur leur statut. Il n’en demeure pas moins que cette catégorie d’entrepreneurs demeure un moteur statistique positif indéniable. «27 % d’auto-entrepreneurs ont été enregistrés dans l’Hexagone sur le seul mois d’octobre», assure la Fédération des auto-entrepreneurs. Dans l’Hexagone, on enregistre près de 910 000 auto-entrepreneurs et ils représentent la moitié des créations d’entreprises. Le sujet a d’ailleurs était évoqué à l’occasion d’un atelier au forum nancéien «Auto-entrepeneurs : avantages et inconvénients». Créateurs inquiets Les avantages de cette typologie d’entrepreneurs existent toujours, même si la hausse annoncée des cotisations sociales pour 2013 est établie et que leur réforme, notamment pour lutter contre la concurrence déloyale dénoncée par nombre de fédérations professionnelles, semble aujourd’hui en marche. Le recours fort à l’autoentrepreneuriat peut à lui seul résumer l’état de l’esprit d’entreprendre, et notamment en Lorraine. Ce statut, adapté pour certaines personnes, notamment au niveau d’un complément de revenu, fausse dans les chiffres la réelle santé de la création d’entreprises. Une création d’entreprises bloquée dans son développement, pourtant nécessaire, par des freins législatifs, notamment, comme l’évoquent certains acteurs de la chaîne de la création en Lorraine. «Il faut encourager les créateurs, qui se montrent plutôt effrayés et inquiets […] Il faudrait abolir 50 % des lois, elles brident les initiatives. Il faut aller vers une simplification des textes, alléger les charges sociales, simplifier le droit du travail… et surtout faire un peu plus confiance aux hommes», assure Philippe Bertaud, vice-président du Grand Nancy délégué au développement économique. Si la création pure d’entreprises semble être sur une pente glissante, l’état, beaucoup plus inquiétant, de la transmission d’entreprises est loin d’être réjouissant. Avec 45 % de chefs d’entreprise lorrains de plus de cinquante ans, l’urgence de la transmission est de nouveau mise en avant, histoire tout simplement de faire perdurer un tissu économique de PME dans la région. D’après les chiffres de la Chambre régionale de Commerce et d’Industrie, plus de 25 000 affaires seraient à transmettre dans les dix années à venir. Reste à trouver des repreneurs et également à inciter les «vieux» chefs d’entreprise à préparer leur transmission et à lâcher leurs affaires.
Nouvelle stratégie pour la transmission…
C’est là que le bât blesse ! D’après la dernière enquête de la CCIT de Meurthe-et-Moselle sur le sujet, à peine 422 offres de transmission ont été recensées sur le portail Opportunet (une plateforme commune aux CCIT régionales). D’une façon générale, l’offre et la demande en matière de transmission d’entreprise ont du mal à se rencontrer. Si bon nombre de démarches, notamment du réseau consulaire, sont aujourd’hui faites pour tenter de mettre en relation les repreneurs et les cédants, une stratégie renforcée pourrait voir le jour entre les différents représentants de l’univers entrepreneurial. «Si la problématique de la transmission d’entreprise n’est pas prise en compte aujourd’hui, et en particulier en zone rurale, cela constituera un handicap supplémentaire pour la région», assure Jacques Bachmann, le président d’Alexis Lorraine. Reprise ou création pure, la prise en compte de l’urgence actuelle ne semble plus à faire et l’édition 2012 de la Semaine de la création reprise et transmission d’entreprises l’a, de nouveau, démontré.