«Une réflexion de 15 à 20 ans pour une transformation en profondeur»

La Ville de Raismes a fait de la participation citoyenne un pilier de son projet politique. Sur un territoire marqué par une grande fragilité sociale (avec un revenu moyen annuel par habitant de 18 900 €), ainsi que par un sentiment de distance forte des habitants vis-à-vis de la politique, le conseil municipal entend ainsi préparer demain dès à présent, en concertation avec ses habitants.

Coconstruire les politiques publiques

Dès 2017, cette ambition s’est matérialisée dans le projet “Raismes 2032”. «Le bilan à mi-mandat en 2017 - dans un contexte particulier où nous subissons assez fortement les réformes institutionnelles et avec une désertion des séquences électorales, une abstention élevée - a mis en exergue le besoin de se réinventer pour notamment réconcilier le citoyen avec sa capacité à agir sur la chose publique, d’être acteur et coconstructeur de la politique publique. Cela permettait à la fois de les acculturer sur nos contraintes et de les associer à la construction de la ville.» Aymeric Robin ajoute : «C’est sur du temps long que l’on construit la ville de demain et cela nécessite donc une réflexion de 15 à 20 ans pour une transformation en profondeur. Et 'Raismes 2032' est le fruit d’une réflexion sur la façon d'associer les habitants face aux défis sociaux, environnementaux… Se projeter, sans abandonner le présent.»

Des crieurs de rue, une grande concertation autour du réaménagement de la ville et une mobilisation des collégiens sont les marqueurs forts de cette ambition politique. Des actions concrètes, sur proposition et avec les habitants, voient peu à peu le jour. «La méthode a été de changer de lunettes, prendre de la hauteur. Et pour le faire, nous nous sommes adossé à un bureau d’études qui n’intégrait pas que des urbanistes, mais les aspects sociologiques, écologiques, etc.» Le fonctionnement même de la collectivité est repensé pour intégrer les habitants dans chaque politique ou grand chantier de ville. Trois thèmes forts sont définis : la place de la forêt et des paysages, la rénovation du centre-ville et l’attractivité de la commune.

La création d’un lieu expérimental de démocratie participative

Quatre ans plus tard et après l’obtention à deux reprises d'un trophée de la Concertation, Raismes inaugurait son R-Lab, au coeur d’un château emblématique de la commune. A la fois un lieu expérimental de démocratie participative qui donne la parole aux usagers pour réfléchir ensemble aux projets et à leur faisabilité, mais aussi un lieu d’information et d’échange d’expériences. «Ce bâtiment communal a été réhabilité pour être mis à disposition de l’expression citoyenne, pour que les habitants de la commune soient force de proposition, pour leur redonner de la confiance.»

Balades urbaines, interventions artistiques, ateliers de coconstruction, médiateurs de rue, années thématiques et dernièrement un marathon des idées… Raismes poursuit les expérimentations en termes de concertation et de démocratie participative. Et entend mobiliser sa jeunesse (45% des habitants ont moins de 24 ans) pour la «réconcilier avec la vie politique», via notamment des dispositifs permettant l’émergence d’initiatives et de projets dont elle serait l’artisan.

8 réunions publiques et 724 questionnaires

A ce jour, 724 questionnaires ont été recueillis, 8 réunions publiques organisées, 4 ateliers collectifs organisés avec les habitants, les commerçants, les professions libérales et le monde associatif. Un triporteur a même sillonné les quartiers pour aller à la rencontre de la population. En 2022, Aymeric Robin et les élus de Raismes ont également décidé de s’attaquer à deux sujets complexes. L’égalité filles/garçons tout d’abord, notamment dans les quartiers prioritaires. La santé, ensuite, en faisant de la ville un laboratoire urbain du bassin minier sur ce sujet. A suivre…