Une radio locale qui revient de loin

La liquidation avait été évitée de justesse fin 2001. Mais, en dix ans, l’ardoise de 200 000 euros a été effacée et, en parallèle, l’association s’est donné les moyens d’une certaine indépendance et d’un développement nouveau.

Gaëlle, journaliste, et Julien, animateur… A l’arrière plan, Jean-Paul Lajeunesse, le président (à gauche) et Didier Cornet, directeur de la station.
Gaëlle, journaliste, et Julien, animateur… A l’arrière plan, Jean-Paul Lajeunesse, le président (à gauche) et Didier Cornet, directeur de la station.
D.R.

Gaëlle, journaliste, et Julien, animateur. A l’arrière-plan, Jean-Paul Lajeunesse, le président (à gauche) et Didier Cornet, directeur de la station.

Difficile d’être plus au sud-est du Nord qu’elle. La radio locale Echo FM, gérée par l’association Nord média, est en effet installée à Anor, dans les locaux d’une ancienne école, proche de l’Aisne et de la frontière belge. L’association, créée en 1997, a obtenu sa première autorisation d’émettre fin 1999. Aujourd’hui, elle compte quatre salariés, cinq à six bénévoles passionnés, affiche un budget de l’ordre de 170 000 euros, émet à la fois sur la Thiérache du Nord et de l’Aisne (104.5) et vers Laon (91.6). Jean-Paul Lajeunesse, président depuis décembre 2001, estime que l’audience oscille maintenant entre 10 000 et 15 000 auditeurs/jour et que la radio dispose d’un bon ancrage local.

 

Dépôt de bilan en 2001. Pourtant, il y a onze ans, la petite radio a bien failli disparaître, à peine deux ans après sa naissance. «A l’époque, elle avait accumulé 200 000 euros de dettes, explique le président, et le bilan avait dû être déposé le 18 avril 2001. En décembre de cette année-là, j’ai proposé un plan d’apurement sur dix ans. Il a été accepté par la présidente du tribunal de commerce d’Avesnes-sur-Helpe, mais contre l’avis de l’administrateur et représentant des créanciers ainsi que du procureur de la République. Eux voyaient l’absence d’actif et l’importance du passif… Ce qui démontre que l’on peut toujours se sortir d’une situation économique dramatique, en l’occurrence d’un scénario de liquidation.»

Il faut reconnaître que Jean-Paul Lajeunesse avait des arguments pour inspirer confiance : il a lui-même pratiqué la radio et sa profession d’expert-comptable constituait, à l’évidence, un gage de sérieux. Didier Cornet, directeur depuis 2001, note cependant au passage que son président, en relevant le défi, avait aussi engagé sa réputation professionnelle et mis de sa poche, notamment pour payer les salaires. En 2002, l’audience que mesure Médiamétrie n’était que de 3 000 auditeurs/jour.

 

Redressement. Jean-Paul Lajeunesse précise que c’est le bilan 2003, bénéficiaire, qui a redonné l’impulsion qu’il fallait, en permettant notamment au directeur actuel, bénévole pendant deux ans, de redevenir salarié. Le président insiste sur le fait qu’il a toujours eu le soutien du maire d’Anor et que ce soutien s’est poursuivi notamment avec la réalisation de travaux dans l’école, permettant de reloger la radio dans de bonnes conditions.

Parallèlement au retour progressif à la santé financière, le président et le directeur ont, disent-ils, persuadé les administrateurs de l’association de faire des choix jugés «stratégiques». Exemples : campagnes de promotion sur le territoire, développement de partenariats, modernisation technique et informatique, remplacement du mât traditionnel par un contrat avec TDF («pour le confort d’écoute et d’émission» explique le président).

 

Changement de catégorie. Mais, dans les épisodes, il y a surtout un changement de catégorie. A sa création et jusqu’en 2008, Echo FM figurait dans la catégorie A des radios associatives, ce qui plafonne les recettes publicitaires à 20% du budget global. Pour ne plus être dépendante des subventions publiques locales, aléatoires et versées avec retard, elle a décidé d’accéder à la catégorie B des radios commerciales, où la part de pub n’est plus limitée. Autre choix stratégique et onéreux à noter : la demande d’une deuxième fréquence afin d’émettre sur le Laonnois. 

Aujourd’hui, le président et le directeur estiment avoir les moyens d’aller plus loin et de faire mieux : en développant un programme spécifique à l’Aisne, en investissant dans un studio mobile, en embauchant… Jean-Paul Lajeunesse indique qu’aujourd’hui, le «taux de notoriété» de la radio est de 80% (selon un sondage de Médiamétrie réalisé sur échantillonnage). Quant à Didier Cornet, il affirme, avec fierté lui aussi, même s’il sait que la vie d’une radio est fragile, que sur son territoire et dans la tranche 9h/12h, Echo FM est la radio la plus écoutée après RTL.