Une profession mobilisée «pour la croissance des entreprises»

L’ordre des experts-comptables a consacré son 72e congrès au conseil, axe majeur de développement d’une profession en pleine évolution. Il fut aussi l’occasion pour Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, d’illustrer et de défendre les réformes portées par le président de la République et le gouvernement.

Une poignée de mains à la hauteur des applaudissements nourris des congressites.
Une poignée de mains à la hauteur des applaudissements nourris des congressites.

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances et Charles-René Tandré, président du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables.

«Soyez géants !» C’était l’invitation faite l’an dernier aux confrères «en ascension professionnelle» par le Conseil régional de l’ordre Lille Région Nord – Pas-de-Calais. Le défi a été réussi au-delà de toutes attentes avec près de 5 000 participants – 4 852 plus précisément –, record de participation pour un congrès tenu en province, avec un thème très attendu par la profession pour s’engager sur cette route du conseil, traduction des mutations profondes qui traversent la profession.

Doléances

Après avoir rappelé les «propos positifs à l’égard de la profession» tenus en 2014 lors du congrès de Lyon par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, Jean-Charles Tandré a indiqué que pour être «au service de l’économie car nous sommes au service de ceux qui font l’économie», «notre profession a toujours été une profession citoyenne… Vous pouvez compter sur nous pour être des relais efficaces des initiatives en faveur de la croissance». Pour autant, les doléances n’ont pas manqué : «Il est temps de clarifier notre législation en supprimant les régimes dérogatoires (CICE…) en les intégrant, quand ils sont utiles, dans le droit commun, d’offrir aux PME un environnement stable, sécurisé et adapté à leur environnement, de repenser le statut de l’entrepreneur individuel… Je souhaite que la consultation de l’ordre sur un projet de texte devienne un réflexe pour le gouvernement. Il faut nous donner de l’air.»

Une allusion aux contraintes tels que le contrôle des pièces justificatives, la DSN du fait de certains organismes complémentaires, voire, en 2018, le bulletin de paye clarifié et les logiciels de caisse certifié… Mais «nous serons là pour l’accompagner», a aussi vite tenu à affirmer Charles-René Tandré, en évoquant l’annonce par le Premier ministre d’un plan pour l’investissement et la croissance des entreprises. Et d’annoncer la mise à disposition pour les cabinets d’outils leur permettant d’initier une démarche d’identification des potentiels de croissance des entreprises : «Nous devons proposer ce diagnostic stratégique à tous nos clients afin de détecter les axes d’amélioration. La compétitivité et la croissance de nos entreprises passent par un accompagnement renforcé.»

Un public conquis

Devant ce public déjà conquis, Bruno Le Maire n’a pas hésité : «Je suis venu vous dire que je crois profondément dans l’avenir des experts-comptables et des commissaires aux comptes. Ce que vous apportez à l’économie française et aux entreprises est indispensable. Ce lien de confiance, entre vous et les entreprises, est indispensable et ne disparaîtra jamais.» Avant d’ajouter que «c’est parce que les choses vont mieux que c’est le moment de transformer en profondeur l’économie française». Et de défendre successivement la réforme du droit du travail, l’allègement de la fiscalité sur le capital, la transformation du CICE, etc., de se déclarer prêt à clarifier l’élargissement des régimes simplifiés d’imposition des auto-entrepreneurs, à déplafonner le CIR pour en faciliter l’accès aux PME, à apporter des solutions aux inquiétudes de la profession en recevant les organismes complémentaires, à réfléchir à la possibilité d’inclure dans sa loi sur la transformation des entreprises les commissaires aux comptes dans les sociétés pluriprofessionnelles d’exercice.

«J’ai besoin de vous comme ministre de l’Economie et des Finances pour porter cette nécessité de transformation économique», a conclu Bruno Le Maire, ajoutant : «Nous avons tout pour réussir. Nous avons des salariés compétents, travailleurs. Encore faut-il que le travail soit mieux rémunéré dans notre pays. Nous avons des nouvelles générations qui sont prêtes à retrouver un esprit d’entreprendre qui a fait la force de l’histoire de France et qui sont prêtes à prendre des risques. Encore faut-il que le risque soit récompensé et pas confisqué par le Trésor public. Nous avons des entrepreneurs qui sont prêts à se moderniser, à robotiser, à digitaliser leur entreprise. Encore faut-il arrêter de surtaxer le capital pour qu’ils puissent investir et innover dans de bonnes conditions.»

 

Phrase en exergue

«J’ai besoin de vous pour porter cette nécessité de transformation économique

 

ENCADRE

Au détour des allées…

 

Xavier Bertrand

Hubert Tondeur et Xavier Bertrand.

«Nous avons beaucoup de choses à faire ensemble. Les experts-comptables sont-ils bien informés des outils que nous mettons à disposition de leurs clients, les entreprises ? Ne pourrait-on aussi réfléchir plus en amont à des outils et à les évaluer ? Autre sujet, la simplification, non pas celle qui vient de la technostructure, mais celle qui vient du terrain. Je rêve d’un process de réflexion sur les simplifications souhaitées, voulues par les entreprises et utiles pour elles. Sur la question du sourcing, du recrutement, l’expertise-comptable a l’image de formations très élevées…»

Pierre Duriez, président du CJEC Nord – Pas-de-Calais

Pierre Duriez

«Je suis au congrès parce que je considère que la comptabilité est la base du métier, mais aussi que le conseil est le pourquoi du métier. Quelqu’un qui ne fait que de la compta s’arrête à mi-chemin des besoins des clients et de nos capacités contributives. En tant que jeune dans la profession, je suis peut-être plus sensibilisé que mes confrères à ces éléments. L’ouverture d’esprit à la compréhension des besoins de conseil commence enfin à se faire sentir. Nous ne sommes plus des comptables, mais des experts-comptables et pour être expert, il faut conseiller…»