Une production maintenue mais des incertitudes
Le marché papetier aurait mieux tenu que d'autres lors du premier confinement. Une annonce à nuancer : si l'activité s'est maintenue, les marges ont pour certaines entreprises du secteur fortement réduit pendant une période.
«C’est le secteur industriel qui a le mieux tenu pendant le confinement : 90% de la production a été maintenue», annonçait Philippe d’Adhémar, président de l’Union française des industries des cartons, papiers et celluloses, en juin dernier. «Certaines parties de nos sites de production sont très difficiles à redémarrer une fois arrêtées, explique Bertrand Helle, directeur général des Cartonneries de Gondardennes. Dès lors, il est normal que l’activité continue, on ne peut pas s’arrêter en claquant des doigts.» Du côté d’Henri Bréban, dirigeant du groupe Be Paper, qui comprend Wizpaper et Express Packaging, «en termes d’activité, le confinement n’a pas eu d’impact dans le fonctionnement de l’entreprise chez Express Packaging. Tout ce qui concerne la partie emballage qui tourne autour de l’agroalimentaire a bien fonctionné. Il faut imaginer qu’à cette époque, c’était un peu la panique : tous les gens allaient dans les magasins, il fallait avoir des emballages à livrer. Le reste a souffert de l’arrêt de certaines activités. L’agroalimentaire a compensé la baisse d’activité des autres branches. Durant cette période, nous n’avons que très peu eu recours au chômage partiel».
Pas de perte d’activité, mais des doutes
En mars, la période était particulière pour certains. «Il y a eu une véritable hausse d’activité, relate Henri Bréban. Hausse qu’il fallait conjuguer avec les travailleurs en arrêt maladie. Il y avait beaucoup de commandes à ce moment-là, avec la crainte de ne pas pouvoir les honorer. Mais nous avons réussi à livrer tous nos clients habituels, et même à dépanner des entreprises qui nous ont sollicité à ce moment.» Un autre entrepreneur dénonce une situation difficile durant cette période d’incertitude : «Les marges se sont plus affinées, les récupérateurs de papier se sont gavés, leurs prix ont triplé avec l’effet Covid.» Au début du confinement, les centres de tri qui fonctionnaient étaient plus rares, ce qui avait pour conséquence une raréfaction de la matière première de nombreuses papeteries, ce qui a considérablement amoindri les marges. Une situation de tension du marché qui s’est apaisée par la suite.
Un deuxième confinement moins pénalisant
La situation est différente pour le deuxième confinement : l’emballage alimentaire était très demandé, les consommateurs faisant le plein dans les grandes surfaces en mars. En novembre, cette forte demande a été anticipée. «La première fois, nous avons été pris de court. Il n’y a pas eu ce choc sur la deuxième vague, résume Henri Bréban. Mais cette année n’aura vraiment pas été comme les autres. Elle est plus compliquée pour tout le monde, il ne faut pas rêver…»
D’Arjowiggins à Wizpaper, l’aventure continue pour la papeterie de Wizernes
Henri Bréban a repris le site d’Arjowiggins à Wizernes, il y a maintenant deux ans. Aujourd’hui baptisée Wizpaper et sous l’égide du groupe Be Paper, l’entreprise est rentable. Les quelque 125 salariés du site sont pour une bonne partie d’entre eux issus des rangs d’Arjowiggins. «J’ai été le seul qui étais assez fou pour le faire, raconte le dirigeant. C’était un pari risqué. J’ai repris ce site qui produisait du papier couché pour catalogue. Aujourd’hui, nous produisons du carton ondulé. Nous avons redémarré les machines au bout de cinq mois. Nous devons encore progresser sur la cadence, mais nous avons un beau résultat.»