Nouvelle gouvernance à la Société d'exploitation des ports du Détroit
Le Port de Calais Boulogne a son nouveau président : le Dunkerquois François Lavallée a pris, le 16 août dernier, les rênes de la Société d’exploitation des ports du Détroit (SEPD). Portrait et perspectives.
Avec l’élection de François Lavallée, président de la CCI Côte d’Opale, réélu l’an dernier, c’est en quelque sorte le retour des consulaires dans les affaires maritimes. A moins de 60 ans, le Dunkerquois prend les rênes d’un port «en bonne santé» dit-il, mais avec une «gouvernance qui sera très différente» : «C’est une rupture dans la gouvernance. Le président préside de manière bénévole et le directeur général dirige.» .
C'est dans l'industrie que François Lavallée a passé la majeure partie de sa carrière : d’abord contrôleur de gestion dans les ferro-alliages, ensuite, pendant une décennie, chez Terenvi dans la prestation de service en 2005. Il est directeur général d’Evariste, une fédération de PME spécialisées dans les services aux collectivités. Dans la vie publique, il est trésorier de l’association des ports de plaisance maritimes et fluviaux de la région. Conseiller consulaire à Dunkerque où il présidait la commission finance, conseiller Côte d’Opale ensuite, puis président de la CCI, François Lavallée est d'ailleurs sensible aux questions portuaires, étant petit-fils de marin-pêcheur originaire de Gravelines.
Un cadre expérimenté pour présider
Il présidera le conseil d’administration qui compte sept élus consulaires sur douze (deux administrateurs viennent des autres actionnaires Meridiam, deux de la Caisse des dépôts et consignations et un du Conseil Régional Hauts-de-France). Le nouveau président s’est voulu rassurant : la stratégie ne changera pas (notamment retrouver les chiffres d’avant-Covid), les investissements programmés sont maintenus et la concurrence entre les ports doit être mineure. «Chacun ses spécialités ; on peut avoir quelques concurrences. Calais, c’est le transmanche mais il y faut aussi un peu de vrac...»
François Lavallée croit à un modèle économique tenable avec une ligne transmanche à Boulogne-sur-Mer : «S’il y a une compagnie qui a un projet sérieux, nous sommes prêts à l’accueillir. Je pense que Boulogne peut avoir une destination directe avec le Royaume-Uni. Peut-être pas de manière permanente mais saisonnière. Il faut construire une ligne rentable.».
Réglementations européennes et gestion des flux
La nouvelle gouvernance devra par ailleurs se pencher sur la future réglementation européenne relative aux contrôles biométriques avec la Grande-Bretagne. «Nous serons concernés par cet ultime conséquence du Brexit", indique le nouveau directeur général, Benoît Rochet. Le ministère de l’Intérieur conférera aux agents de la SEPD des tablettes pour effectuer les contrôles et ces derniers devront installer des aubettes pour la PAF...
A la question des charges temporelles supplémentaires dans un trafic où les derniers bouchons estivaux ont mené à une quasi-crise entre la France et le Royaume-Uni, le directeur général assure que «les trafics transmanche ne sont et ne seront pas plus longs. La population concernée par ces futurs contrôles, c’est à peine 15% : des chauffeurs qui sont extra-Union européenne. Les bus vont plus vite aussi grâce au sas automatisé. Les poids lourds ? C’est deux codes-barres à présenter. Les compagnies maritimes ont adapté leurs outils également.» La direction du port devra aussi avoir à l’œil la production automobile qui a baissé. Ipso facto, les trafics sont orientés à la baisse entre la France et le Royaume-Uni.
Des investissements conséquents
Les investissements portuaires se poursuivent par ailleurs. À Calais, «de gros investissements terminent le projet de nouveau port», indique Benoit Rochet. Il s’agit de reconfigurer les lignes d’embarquement et de réparer le poste 9. À Boulogne, 17 millions d’euros sont programmés. Moins de la moitié viendra des partenaires publics et de fonds européens. Avec les collectivités, François Lavallée dit vouloir approfondir les relations. Conscient que sa nature dunkerquoise peut susciter une certaine méfiance, il rassure : «Je ne suis pas dunkerquois, je suis Côte d’Opale. Vous savez, quand on vend nos ports à l’étranger, on vend 100 millions de tonnes de marchandises et 60 km de façade maritime.»