Une nouvelle lettre de Robespierre à Arras
Deux ans jour pour jour après l'achat de la Lettre aux serins de Maximilien Robespierre, la Ville d'Arras vient d'acquérir une nouvelle lettre manuscrite du célèbre Arrageois.
La vente aux enchères qui s’est tenue à Paris le 29 novembre a dispersé une partie des collections de l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin. Des deux lettres de Robespierre mises aux enchères, la Ville d’Arras a pu, le ministère de la Culture ayant fait valoir son droit de préemption, acquérir la première pour la somme de 17 000€. Elle va enrichir de manière significative la collection d’autographes de Maximilien Robespierre (six au total) possédés par la médiathèque municipale d’Arras. La lettre, de deux pages et demie, est datée du 4 mars 1790, expédiée de Paris et adressée à Antoine-Joseph Buissart (1737-1820), avocat comme Robespierre et ami arrageois, partisan des idées nouvelles.
Les débats politiques à l’Assemblée constituante. Dans cette correspondance, Robespierre relate l’adoption par l’Assemblée constituante d’un décret dont il est l’inspirateur et concernant les biens communaux. Il y évoque également l’agitation menée contre lui à Arras par un autre de ses confrères, Bon Albert Briois de Beaumetz (1755-1800), membre comme lui de l’Assemblée. Elle fait suite au célèbre discours dit «du marc d’argent», prononcé à l’Assemblée le 25 février 1790, dans lequel Robespierre remet en cause le fait que pour être électeur, il faille acquitter un impôt direct. En réponse, Briois de Beaumetz publie une lettre qui, déformant les propos de Robespierre, lui fait regretter que les Artésiens ne paient pas assez d’impôts directs. Dans sa lettre, Robespierre exhorte son ami à mobiliser les patriotes arrageois, tout en affirmant son dédain envers les attaques dont il est l’objet et affirme sa confiance dans l’avenir : «il ne faut pas désespérer de la République…». La missive présente le double avantage de nous plonger dans les débats politiques de l’Assemblée constituante de 1790, tout en évoquant leurs répercussions à l’échelon local arrageois, à un des moments décisifs de l’Histoire de France.