Une nouvelle chaîne de transformation pour la volaille de Licques
Licques volailles va investir massivement dans une nouvelle chaîne de transformation. Des travaux titanesques qui vont mobiliser toute l’attention de ses dirigeants d’ici novembre…
4 millions d’euros. C’est le coût du projet, financé par emprunt bancaire. Pour se faire une idée de l’importance de l’investissement dans l’opération, le chiffre d’affaires annuel de l’entreprise est de 9 millions d’euros… Un investissement pour le moins audacieux qui permettra, selon les estimations de Carine Marchand-Saint Maxent, directrice générale de Licques volailles, d’apporter à court terme une croissance de 30% du chiffre d’affaires annuel à l’entreprise.
Des habitudes de consommation différentes
Cette troisième ligne de fabrication devrait être consacrée aux produits panés. «On est à la recherche de nouveaux produits», développe la directrice générale, qui veut «redorer le blason du cordon bleu» : «On veut y mettre de la bonne viande de volaille fermière. De la cuisse, principalement [la cuisse étant bien moins utilisée pour les produits transformés pour des raisons purement pratiques, ce qui, jusque-là, créait des déséquilibres après découpe des volailles, ndlr]. D’autre part, nous chercherons du fromage régional.» Car les habitudes de consommation ont changé : les consommateurs veulent des produits transformés de qualité. «Il y a dix ans, on ne vendait pas de produits découpés, rappelle Carine Marchand. Aujourd’hui, ces produits constituent 35% de nos ventes.» La panure, introuvable dans la région et difficilement trouvable en France, sera certainement importée.
… Donc de nouvelles méthodes
En plus du dossier de la nouvelle unité de transformation, Licques Volailles investit dans de nouveaux produits, dans le biologique et le local, qui est de plus en plus prisé par les consommateurs. «On est toujours sur l’amélioration de nos produits, ajoute Carine Marchand – Saint Maxent. Il y a deux mois, nous avons lancé notre volaille 100 % sans antibiotiques. Là, nous sommes en train de faire une recherche sur une volaille différente, dont l’alimentation serait basée sur une autre céréale que le soja, qui viendrait des Hauts-de-France, sans OGM. On est en train de créer une filière bio…» Elle devrait être alimentée obligatoirement par d’autres éleveurs, qu’il faut trouver. Aussi, demain, les produits transformés seront 100 % sans conservateurs.
Le grand chamboulement
Au siège, où tout se passait jusqu’ici, la volaille sera abattue et découpée. La suite se déroulera dans les 1 600 nouveaux mètres carrés de l’entreprise, qui va donc quasiment doubler de taille (les locaux actuels font 2 000 m²). Après découpe, la volaille sera transformée cent mètres plus loin, sur l’une des trois lignes de transformation. Ce mode de fonctionnement va complètement changer la vie de l’entreprise et – ses dirigeants l’espèrent – augmenter la productivité. En somme, Licques volailles va «créer une nouvelle activité» qui, à terme, changera du tout au tout les modes de production. Un défi énorme auquel se consacrent quotidiennement les dirigeants de la coopérative, «24 heures sur 24» : l’exigence sanitaire d’un tel site est très importante, il faut être attentif au moindre détail. «S’il faut moins deux degrés dans une salle, il ne faut pas que la température soit de – 4 ou de zéro.»
Des créations d’emploi
Naturellement, le nouveau site de Licques volailles ne fonctionnera pas tout seul. Carine Marchand-Saint Maxent annonce de cinq à douze personnes recrutées. Une belle croissance, étant donné que l’entreprise compte actuellement quarante-huit salariés. Mais ces embauches s’avèrent plutôt compliquées, selon la gérante : «C’est particulier. Ce ne sont pas des bouchers qui travaillent en boucherie, ce sont des bouchers qui travaillent en industrie.» De nouvelles compétences qu’il faudra apprendre aux nouveaux venus. Carine Marchand-Saint Maxent formera donc ses salariés actuels pour qu’ils puissent, à leur tour, former les salariés nouvellement recrutés : «Ils deviendront tuteurs pour transmettre leur savoir aux nouvelles équipes. Nous avons mis en place des certificats de qualification professionnelle (CQP).» Malheureusement, si les candidatures sont nombreuses, rares sont celles qui retiennent l’attention de prime abord. «En abattoir, c’est le plus compliqué», déplore la directrice générale. Des tables rondes sont néanmoins organisées avec la DIRECCTE et Pôle emploi pour que ce projet d’extension puisse voler de ses propres ailes…