"Une nécessité : revisiter nos politiques"
«Installer une nouvelle dynamique porteuse de croissance, d’emplois, d’assainissement de notre situation financière, et capable de donner toute sa place à la solidarité à l’égard des plus fragiles», c’est le défi du président du Conseil départemental. Pour y parvenir, il compte beaucoup sur les entreprises.
Comme convenu, c’est le sénateur Jean-René Lecerf qui, le 2 avril, a été élu président du conseil départemental du Nord lors de sa séance d’installation. Sans surprise donc, puisque les scrutins organisés les 22 et 29 mars avaient rendu un verdict clair en attribuant 52 des 82 sièges à l’Union pour le Nord (UMP, UDI, non-inscrits), contre 30 à la gauche, dont 20 pour le parti socialiste et 10 pour le parti communiste. Jean-René Lecerf a fait le plein des voix de son groupe, les socialistes se partageant entre votes blancs et nuls (10) et l’abstention (10), le groupe communiste ayant annoncé qu’il ne prendrait pas part au vote.
L’exécutif. Si le nom du 1er vice-président, en l’occurrence Christian Poiret, était connu dès avant la séance − il est en charge des finances, du contrôle de gestion et de l’administration générale −, les 14 autres postes de vice-président ont été attribués à Joëlle Cottenye (éducation, collège), Olivier Henno (insertion), Béatrice Descamps-Plouvier (culture), Guy Bricout (aménagement du territoire), Geneviève Mannarino (personnes âgées et personnes handicapées), Patrick Valois (ruralité), Brigitte Astruc (tourisme), Jean-Luc Detavernier (ressources humaines), Marie-Annick Dezitter (santé, prévention, communication), Arnaud Decagny (infrastructures et transport), Doriane Bécue (enfance, famille et jeunesse), Paul Christophe (environnement, eau, développement durable et assainissement), Sylvie Labadens (relations internationales, relations européennes) et Max-André Pic (habitat, logement et politiques urbaines). Dany Wattebled a été nommé conseiller délégué aux sports. Une nouveauté à ce stade : le choix du nouveau président de revoir la composition de la Commission permanente en l’élargissant à l’ensemble des membres du Conseil dans un souci de proximité et d’association de tous à l’ensemble des travaux du Conseil départemental.
Les priorités. Au-delà de ces affectations de postes, c’est l’intervention du nouveau président – qui démissionnera du Sénat pour rester chef de file de l’opposition au conseil municipal de Lille − qui était attendu car révélateur des nouvelles priorités du département. Jean-René Lecerf a rappelé que “les temps sont difficiles alors que l’Etat n’en finit plus d’étouffer les collectivités territoriales (…) par le double effet de l’absence de compensations raisonnables des compétences transférés et d’une chute des dotations des collectivités“, indiquant qu’il “nous faudra nous battre sur deux fronts, en revisitant nos politiques (pour nous) efforcer de dépenser moins pour un service aux habitants de même qualité, voire autant que possible meilleur encore, et en parvenant à convaincre de l’absolue nécessité de préserver les compétences de proximité et de nous laisser les moyens de préserver le vivre-ensemble, la solidarité, l’attractivité, l’innovation“. Et d’afficher sa volonté “d’installer une nouvelle dynamique porteuse de croissance, d’emplois, d’assainissement de notre situation financière et capable de donner toute sa place à la solidarité à l’égard des plus fragiles“.
Jean-René Lecerf n’est pas, dans son intervention, entré dans les détails de son programme présidentiel, que Didier Maniez, au nom du groupe socialiste, a résumé sur la base des informations de presse “en un seul mot : la rigueur“, revenant sur “trois points qui m’interpellent : les économies (…), le désengagement dans les domaines du sport et de la culture (…) et le sujet des relations avec les entreprises et de l’investissement”, pour conclure : “Si votre volonté est bien d’augmenter le volume d’investissement de notre collectivité, j’ai envie de vous dire chiche, mais dites-nous comment…“
Appel aux entreprises. Reportant ses réponses à “bien d’autres occasions d’aborder ce débat“, Jean-René Lecerf a quand même indiqué que “ce n’est pas avec une épargne nette négative qu’on peut beaucoup investir. Il faudra donc rétablir un certain nombre d’équilibres“. Hors séance, il a précisé qu’”une des premières décisions phares sera la nouvelle manière de gérer le revenu de solidarité active. Pour nous, la nouvelle solidarité, c’est de tendre la main pour ramener les gens à l’emploi. On ne le fera qu’avec les entreprises. Je compte beaucoup sur elles pour y parvenir“. Evoquant “un nouvel âge des collectivités territoriales“, il est persuadé qu’elles “ne retrouveront jamais l’âge de l’argent facile“, qu’elles sont “aujourd’hui durablement dans une situation où l’argent public sera extrêmement rare et difficile à trouver, et qu’il faut donc adapter nos politiques“. Premiers rendez-vous les 24 avril et 15 et 16 juin.