Une Italienne conquise par la région

La société de recherche en santé SPQI, première start-up hôte régionale du programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs, a récemment accueilli la graphiste italienne Ilaria Federici. Celle-ci a totalement été séduite par la vitalité économique régionale. Si bien qu’elle compte y rester.

La start-up lilloise SPQI est la première entreprise des Hauts-de-France à participer au programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs en tant que société hôte.
La start-up lilloise SPQI est la première entreprise des Hauts-de-France à participer au programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs en tant que société hôte.

Une histoire d’échanges de compétences. C’est par ce prisme que l’Italienne Ilaria Federici et la start-up lilloise SPQI – pour «Services et produits de qualité innovants» – ont abordé le programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs. «C’est une première dans la région, et pourtant il est proposé dans les Hauts-de-France depuis 2016», rappelle Vincent Cruder, coordinateur du pôle mobilité de l’association Adice (voir encadré). En tant que jeune entrepreneuse dans le domaine du graphisme et du web design, Ilaria Federici est arrivée à Lille le 12 mars dernier. L’aventure se terminera le mois prochain. Sa mission lors de ce «stage ++», comme aime l’appeler Maryse Delehedde, cofondatrice de SPQI, est de s’occuper de la communication de l’entreprise spécialisée dans la conception de produits destinés à la recherche en santé humaine et animale.

«Beaucoup de chefs d’entreprise refusent de participer à ce gendre d’initiative bénévole parce qu’ils ont peur de perdre du temps. Or, on y gagne toujours»

Gagnant-gagnant

Le premier marché de SPQI consiste en la vente de tests de qualité des semences animales. Pourtant, la graphiste italienne, qui a créé sa propre start-up en 2015, n’avait aucune connaissance scientifique lorsqu’elle a été sélectionnée pour le poste. Pour la société nordiste, ce fut davantage une qualité plutôt qu’une lacune : le docteur Delehedde et son équipe étaient à la recherche de la vulgarisation de ses processus pour attirer plus facilement le client. Selon elle, le programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs est un processus gagnant-gagnant. «Ilaria nous a apporté ses connaissances en design et en communication. Nous lui avons fait part de nos connaissances dans la gestion d’entreprise et dans la création d’un réseau professionnel.» La jeune vadrouilleuse a dernièrement participé au salon #SheMeansBusiness à Lille. L’opportunité pour elle de rencontrer des clients potentiels, car elle espère continuer de travailler dans les Hauts-de-France, voire en Belgique. Les compétences linguistiques d’Ilaria Federici en français, anglais, portugais et italien ont également permis à la société hôte de développer son commerce, notamment avec un distributeur italien. Une aubaine pour la start-up qui établit plus de la moitié de son chiffre d’affaires à l’étranger. SPQI avait pris connaissance du programme grâce au réseau de chercheurs Eurasanté. «Beaucoup de chefs d’entreprise refusent de participer à ce gendre d’initiative bénévole parce qu’ils ont peur de perdre du temps. Or, on y gagne toujours, même en temps qu’hôte», encourage Maryse Delehedde.

Le programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs

Contrairement à son homologue dédié aux étudiants, Erasmus pour jeunes entrepreneurs favorise la création d’entreprise en organisant des échanges européens entre créateurs et sociétés hôtes. Démarré il y a une dizaine d’années, le programme fonctionne en France par le biais de plusieurs organismes intermédiaires. Parmi eux, l’Adice (coopération et mobilité internationales), intégré au programme depuis 2016. L’organisme a permis le départ de sept Français sur la période 2016/2018 et cinq pour 2018/2020, dont quatre de la région Hauts-de-France. «Il n’y a pas de limite d’âge. Il suffit d’avoir 18 ans, d’avoir créé une entreprise depuis moins de trois ans ou de souhaiter monter une activité», explique Vincent Cruder, coordinateur du pôle mobilité de l’Adice. L’échange s’effectue sur une période allant de un à six mois exclusivement dans des pays de l’Union européenne. Chaque entrepreneur désireux de prendre part au programme a accès à une indemnité mensuelle financée par la Commission européenne. «Elle est calculée en fonction du niveau de vie dans le pays hôte.» Cette bourse peut également être complétée par l’entreprise hôte si elle le désire.

 

Ilaria Federici, première accueillie dans les Hauts-de-France

Ilaria Federici est graphiste et web designer. «J’ai créé mon activité en 2015 au Portugal. J’ai beaucoup exercé dans des studios ou des agences.» Elle travaille principalement sur des flyers, des illustrations à main levée ou digitales, avec une prédilection pour l’image d’entreprise. La jeune femme entend pour la première fois parler du programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs en 2010 et tente de s’y inscrire en Italie, avant de finalement renoncer. «Je suis partie à Malte avec un autre programme européen pendant douze semaines et je suis restée travailler dans l’entreprise où j’ai fait le stage.» De retour au Portugal, Ilaria Federici se décide finalement à postuler au programme. En parallèle, elle travaille avec quatre-cinq clients à distance. Elle a intégré les équipes de SPQI le 12 mars et devrait terminer sa mission le 12 septembre. «On va continuer à travailler ensemble, on prépare un congrès en octobre.» Elle espère à terme créer sa propre entreprise de graphisme. «Je pense rester dans la région ou partir à Bruxelles.»

Camille MICHALSKI et Victoria PÜTZ