Environnement-Circuit court
Une filière locale de recyclage de masques prend forme à Nancy
Recycler les masques de protection contre la Covid-19 et les transformer en outils utiles du quotidien, version développement durable ! L’association des Rives de Meurthe de Nancy, le lycée Loritz, l’association Echogestes, suivis par plusieurs partenaires, en ont fait leur credo. L’écosystème collaboratif est en train de poser les bases d’une nouvelle filière industrielo-artisanale version circuit-court territorial d’hyper proximité.
«J’en
ai assez de voir traîner des masques au bord de l’eau !» Tout est parti de ce constat énervé de
Laurence Desmougins, présidente de l’association des Rives de Meurthe à Nancy
et directrice de Auchan-Lobau, à la vue de la prolifération des masques de
protection jonchant de plus en plus l’espace public du fait d’un abandon
intempestif de la part d’usagers peu soucieux de l’environnement. Fortement
impliquée dans les actions environnementales de développement durable (à
l’image de la collecte de mégots de cigarettes), l’association d’entreprises de
ce quartier nancéien a décidé de prendre à bras le corps cette problématique
des masques de protection. Notre nouvel ami quotidien depuis maintenant presque
un an, et principal allié pour lutter contre la Covid-19, le masque vient
aujourd’hui s’additionner à la longue liste des déchets quotidiens. Restait juste
à résoudre le problème ! Objectif affiché du collectif : trouver une
solution locale pour valoriser ces masques chirurgicaux et dans le même temps
mettre en œuvre une nouvelle filière, version micro-industrie, sur un
territoire bien défini en hyper proximité.
Production de règles en plastique
Depuis quelques mois, des récupérateurs de masques chirurgicaux fleurissent peu à peu auprès des entreprises et structures membres de l’association. Une trentaine de bacs de récupération sont aujourd’hui installés. «Un protocole de collecte a été mis en place. Les masques récupérés sont stockés 24 heures durant pour éliminer toute pollution. Nous récupérons la partie faciale en polypropylène et les passons dans un broyeur afin de récupérer une matière première plastique», explique Thierry Decker, proviseur adjoint du lycée Loritz et membre de l’association Rives de Meurthe. Fer de lance technique du projet, le lycée nancéien collecte les masques usagés, les recycle et les passe au sein d’une presse à injection plastique manuelle. Nom de code : Holypress. Cette presse à injection plastique manuelle est développée par HoliMaker (pilotée par Aurélien Stoky). Cet outil de micro-industrie permet de broyer et massifier les masques usagers pour en tirer une nouvelle matière plastique. Quid de l’utilisation de la nouvelle matière ? «Notre fab-lab a travaillé sur l’élaboration de moules pour élaborer des règles à destination des élèves des écoles de Nancy. Des améliorations ergonomiques et esthétiques sont aujourd’hui en cours et d’autres débouchés sont également à l’étude», assure Thierry Decker. Le volume collecté de masques commence à devenir important. «Pour donner une estimation, sur le seul site de Loritz, nous collectons sur une semaine un volume de 100 litres.» Un volume en constante évolution au fil du temps de l’essaimage de la démarche sur le territoire nancéien et ailleurs. L’idée fait son chemin et d’autres territoires à l’image de la Communauté de communes Moselle et Madon, via l’association Echogestes ou encore un lycée de Commercy, la ville de Nancy et aujourd’hui quelques entreprises entrent dans la danse de cette action vertueuse. Une démarche typique de création de filière locale ancrée sur son territoire version écologie industrielle territoriale.
Jardin de ville en vue
Près de 2 000 m² de terrains transformés en jardin potager de ville ! Le lycée Loritz de Nancy mène, en lien avec l’association des Rives de Meurthe, un vaste projet de revitalisation d’une friche jouxtant l’établissement du côté rue des Tiercelins à Nancy. Labellisé : «Établissement en démarche de développement durable», l’établissement avec ses partenaires entendent mettre en place un véritable circuit-court autour de ce jardin de ville. Des carrés potagers devraient prendre place à partir du mois de juin tout comme la culture de houblon sur une partie des murs présents de six mètres de hauteur. De là à voir l’émergence d’une micro-brasserie dans la foulée, il n’y a qu’un pas (pas encore franchi).