Une démarche qui concerne les petites entreprises ?
Le mécénat ne concerne pas seulement les grandes entreprises. Admical, association qui regroupe les entreprises mécènes, a entamé un tour de France pour convaincre les petites entreprises. Première étape à Reims, où des PME locales déjà engagées témoignent.
Pas besoin de mettre sur pied une fondation dotée de centaines de milliers d’euros pour se lancer dans le mécénat : «avec 1 000 ou 3 000 euros, on peut changer la donne pour une association», argumente Charlotte Dekoker, déléguée générale adjointe d’Admical, association qui regroupe quelque 200 entreprises mécènes en France. C’était le 1er décembre, à Reims, dans les locaux de la Caisse d’Épargne Lorraine Champagne-Ardenne, à quelques pas de la cathédrale. Quelque 150 participants avaient répondu à l’invitation d’Admical, venue sensibiliser les entrepreneurs à la démarche du mécénat, illustrée ce soir-là par des témoignages d’acteurs locaux qui le pratiquent déjà. C’était la première de la vingtaine des étapes du «Tour de France des mécènes» prévues en 2017 et 2018, par l’association (La Roche-sur-Yon, le 2 février 2017, et parmi les villes pressenties, Lille, Strasbourg, Bordeaux, Lyon…). L’opération est destinée à promouvoir le mécénat auprès des entreprises situées dans les régions, et, plus particulièrement, des PME. Globalement, en effet, le mécénat est en développement : en 2016, d’après Admical, les montants financiers du mécénat d’entreprise ont nettement augmenté, passant de 2,8 milliards d’euros, en 2014 à 3,5 milliards, soit une croissance de 25 % en deux ans. Pour autant, 14 % seulement des entreprises sont mécènes. De plus, «au début du mécénat, cela s’est beaucoup concentré dans les grandes entreprises et à Paris. Aujourd’hui, le potentiel est dans les régions (…) et dans les PME», a expliqué François Debiesse, président d’Admical, à Reims. De fait, quand 47 % des entreprises de plus de 250 salariés sont mécènes, cette proportion chute à 25 % pour les PME, d’après le baromètre 2016 de l’association.
Contribuer à rendre le territoire plus attractif
Une «réussite» : c’est ainsi que qualifie l’opération Nicolas Smej, chargé d’affaires de cette entreprise travaillant pour l’essentiel avec des clients dans l’industrie, et pour qui cette opération de mécénat constituait une première. «Cela permet de rendre notre travail visible. Et on a aussi le sentiment de participer à l’intérêt général. ( ..) À l’origine, le mécénat, nous ne connaissions pas trop. Nous avons été sollicités par les services techniques de la ville qui nous ont parlé du projet. Dans les entreprises de la taille de la nôtre, on a la tête dans le guidon. Alors, on n’est pas toujours réceptifs à ces projets. Il est important que l’information vienne à nous. Mais à présent, on restera à l’écoute», conclut-il. La participation de Poulain Bobinage au chantier de restauration de la fontaine Subé s’est déroulée dans un contexte local particulier : depuis 2010, la mairie, pionnière en France dans ce domaine, a mis sur pied un service spécifique consacré à la recherche de mécènes, aujourd’hui essentiellement tourné vers la restauration du patrimoine local. Il a par exemple permis de financer la totalité des 650 000 euros nécessaires pour le chantier de la fontaine Subé : des entreprises locales ont accepté d’apporter leurs équipes et leur savoir-faire, sans être rémunérées. Et si, parmi les 180 mécènes recensés par la mairie, figurent aussi de grandes entreprises, «une grande majorité sont des PME. Elles s’identifient à leur ville, à leur territoire », souligne Arnaud Robinet, maire de Reims (LR). Autre spécificité du contexte local, l’existence, depuis 1989, d’un club d’entreprises mécènes, Prisme. Celui-ci regroupe une vingtaine d’entreprises locales qui interviennent essentiellement pour encourager l’art contemporain. Se regrouper, «c’est la possibilité pour de très petites entreprises de pratiquer le mécénat», explique Didier Janot, président de l’association, qui souligne le «sentiment de fierté» des entreprises mécènes, qui contribuent à servir leur territoire et à le rendre «plus attractif».
anne.daubree