Une concrétisation chez Häagen-Dazs à Arras

Le sujet des fonds européens semble parfois loin des préoccupations des habitants de la région. Aussi, pour casser les idées reçues et démontrer que les investissements européens peuvent améliorer ou changer notre quotidien, la Région et ses partenaires organisent, du 29 octobre au 29 novembre, une campagne régionale d’explications, «Mon Europe-Mon quotidien», sur les cinq départements de la région. Cette campagne a fait étape à Arras à travers deux temps forts : le 18 novembre, une visite de l’entreprise Häagen-Dazs qui, grâce aux fonds européens, a maintenu son outil de production dans le Pas-de-Calais plutôt que d’en construire un nouveau en Asie ; puis, le 19 novembre, un «Café de l’Europe» au sein d’un village des fonds européens sur la place Foch à Arras.

Lors d’un voyage en juin à Séoul (Corée du Sud), le rédacteur s’est régalé avec une glace Häagen-Dazs « Made in France » (à Arras).
Lors d’un voyage en juin à Séoul (Corée du Sud), le rédacteur s’est régalé avec une glace Häagen-Dazs « Made in France » (à Arras).

 

D.R.

À l’issue de la visite de l’usine Häagen-Dazs de Tilloy-les-Mofflaines, au milieu des invités, de g. à dr. : Marc Del Grande (lunettes), secrétaire général de la préfecture du Pas-de-Calais, sous-préfet d’Arras, Valérie Létard, vice-présidente du conseil régional Hauts-de-France en charge des solidarités avec les territoires, du contrat de plan État-Région, des fonds structurels européens et de l’aménagement, et François-Xavier Bréhon, directeur du site.

 

Les fonds européens gérés par la Région Hauts-de-France. Avec 1,5 milliard d’euros d’investissements en région  pour la période 2007-2013 (avec la réalisation de plus de 20 000 projets sous l’autorité de l’État) et près de 1,7 milliard entre 2014 et 2020, l’enveloppe des fonds européens gérés par la Région est la plus importante de France métropolitaine. La campagne régionale «Mon Europe-Mon quotidien» a pour objectifs de faire connaître et de valoriser auprès des habitants l’action de l’Union européenne sur le territoire régional en répondant à leurs questionnements. À quoi servent ces investissements et qui peut en bénéficier ? Que changent-ils dans notre quotidien à l’échelle d’une famille, d’une entreprise, d’un quartier, d’un territoire ? Quel est leur impact réel sur l’avenir de nos territoires ? Quels sont les projets phares financés à l’horizon 2020, pour servir quelles priorités ? 

 

Le bilan des investissements 2007-2013 pour le Pas-de-Calais.  En tout, 2 063 projets du Pas-de-Calais ont bénéficié de financements FEDER (Fonds européen de développement régional) et FSE (Fonds social européen) pour 246,4 M€ durant la période 2007-2013. On y retrouve le projet symbolique du Louvre-Lens qui a obtenu 37,5 M€ (FEDER).

Par ailleurs, 210 projets ont été soutenus dans l’arrondissement d’Arras pour une enveloppe FEDER de 18,73 M€ et FSE de 5 M€. On trouve essentiellement des projets d’accompagnement d’entreprises dans une démarche d’innovation et de développement économique, des projets d’environnement et de développement territorial. À titre d’exemple, on peut noter l’aménagement des Jardins du Val de Scarpe, projet sélectionné au niveau régional à travers l’appel à projets “excellence territoriale” et porté par la communauté urbaine d’Arras. L’aménagement réalisé sur 45 000 m² d’une ancienne friche répond aux attentes des habitants dans les domaines du bien-être, de la détente et du besoin de nature, avec la création d’un espace ludique. Il a bénéficié de 922 000 € de FEDER sur un coût total de 1,9 M€. De nombreux projets dans le domaine des NTIC/réseau à haut débit ont également été développés, notamment pour résorber des zones d’ombres.

 

Les perspectives à l’horizon 2020.

La région Hauts-de-France est la 1ère région de France métropolitaine bénéficiaire des aides des fonds européens structurels et d’investissement (FESI) pour 1,7 milliards d’€ au titre de cinq fonds européens : FEDER pour 894 M€ (674 M€ pour le Nord-Pas de Calais et 220 M€ pour la Picardie), FSE pour 519 M€ (390 M€ Nord-Pas de Calais et 129 M€ Picardie), IEJ (Initiative pour l’emploi des jeunes) pour 58 M€ (45 M€ Nord-Pas-de-Calais, 13 M€ Picardie), FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) pour 258 M€ (120 M€ Nord-Pas de Calais et 138 M€ Picardie) et FEAMP (Fond européen pour les affaires maritimes et la pêche) pour 14 M€ pour la région Hauts-de-France. Dans le Pas-de-Calais, 9,5 M€ de FEDER et FSE sont déjà engagés. Ainsi, 2 M€ de FEDER sont réservés pour l’ITI (Investissement territorial intégré) de la communauté urbaine d’Arras signé le 6 septembre. L’ITI, nouvel outil proposé par l’Union européenne, permettra de mettre en œuvre la stratégie de développement urbain durable du programme opérationnel (PO) FEDER/FSE 2014-2020 Nord − Pas-de-Calais, concentrée sur le soutien aux aires urbaines identifiées comme prioritaires au regard de la politique de la ville.

 

Un projet exemplaire du glacier américain Häagen-Dazs à Tilloy-les-Mofflaines. Créée à New York en 1961 par Reuben Mattus, la société Häagen-Dazs s’est imposée progressivement dans le secteur de la crème glacée haut de gamme. Créée en 1992, l’usine de Tilloy-les-Mofflaines, qui fournit l’Europe entière, est l’un des trois sites mondiaux de production d’Häagen-Dazs avec ceux situés aux États-Unis et au Japon.

Avec le succès de ses produits, le site arrageois s’est retrouvé en 2012 en sous-capacité industrielle. Deux choix s’offrent alors au géant américain : construire une nouvelle usine en Asie ou augmenter les capacités de production du site existant, avec la mise en place d’une nouvelle ligne de production de mini-cups. C’est la deuxième option qui est retenue, d’autant que, la même année, Häagen-Dazs obtient le label “Origine France” qui rappelle que les principaux ingrédients de la crème glacée (lait, crème, jaune d’œuf) sont fournis par un réseau d’éleveurs de vaches et de poules du nord de la France et notamment de l’arrondissement d’Arras. Outre l’obtention de ce label, les fonds européens ont été déterminants dans cette décision qui a permis de maintenir l’outil de production, l’activité et les emplois, et même de créer 49 emplois. Sur le coût total éligible de 5,7 M€, Häagen-Dazs a obtenu 415 000 € de FEDER.

 

 

 

Un zoom sur la visite de l’usine Häagen-Dazs. Comme on l’imagine aisément, Häagen-Dazs est très attentif au secret de tout ce qui concerne ses spécificités de fabrication (processus et procédés, recettes, etc.). L’usine est une importante consommatrice de lait, crème, œufs, sucre, vanille, etc., la plupart étant issus de productions locales proches, on pense par exemple à Ingrédia à Saint-Pol-sur-Ternoise (Prospérité fermière). Ces ingrédients d’origines diverses (cookies, morceaux de noix, caramel, etc.) sont mixés pour fabriquer (dix lignes de production) les crèmes glacées qui seront packagées selon les besoins de la distribution et les spécificités des pays desservis par l’usine. Pour information, la nouvelle ligne de production permet de remplir 300 pots à la minute. La congélation des produits est réalisée à -46° (30 minutes pour un pot de 100 ml et 2 heures 30 pour un pot de 9 l). Depuis quelques mois, l’usine a démarré une production pour l’Australie et ses 24 millions de consommateurs potentiels. Le pic d’activité de la fabrication se situant globalement entre janvier et septembre (naturellement rythmé selon les pays), cette nouvelle destination, actuellement en période estivale, va permettre de travailler à plein régime toute l’année.

 D.R.

C’est au choix : glace en bâtonnets ou en pots.

 

Encadré :

Chiffres clés Häagen-Dazs Arras

. Filiale du groupe américain General Mills

. Usine implantée sur 22 000 m2  (sur un terrain de 15 hectares)

. 328 salariés permanents et 140 saisonniers en moyenne

. 62 millions de litres de crèmes glacées produits

. 450 agriculteurs fournisseurs régionaux (lait, œufs, sucre)

. 656 références (packages différents) pour 54 parfums différents

. Exportation vers 81 pays (Europe, Asie, Moyen-Orient) , hors Amérique du Nord

 

 

Autres projets exemplaires dans le Pas-de-Calais et financés par l’Europe

 

Maréis à Etaples pour découvrir le métier de marin-pêcheur. Maréis est un concept original permettant la découverte, de manière ludique, de la pêche actuelle étaploise, centre unique et réputé en France pour sa qualité et son savoir-faire, ainsi que les espèces animales de Manche et de mer du Nord. Le guide (ancien marin, fille ou femme de pêcheur) entraîne les visiteurs depuis le chantier naval jusqu’au large. Au programme : découverte des différentes techniques de pêche ainsi que de la vie à bord d’un chalutier, avec initiation aux notions de base de navigation. Autour des caisses de poissons débarquées des quais, la réflexion se fait sur l’avenir de la pêche, tendant vers une meilleure gestion de la ressource. Plus de 500 animaux à découvrir via des aquariums géants et un espace nursery où les jeunes raies et roussettes peuvent éclore de leurs œufs. Enfin, le bassin tactile est le point fort de la visite, où petits et grands peuvent caresser raies et autres turbots. Le centre a été soutenu par le Fonds européen pour la pêche à hauteur de 12 300 €.

Saverglass à Arques. Spécialiste mondial de la fabrication et de la décoration de bouteilles haut de gamme, Saverglass rachète en 2008 une partie du terrain du groupe Arc international pour y installer son usine Alphaglass, un atelier de décor sur verre. Le dossier est un grand projet d’investissement productif qui concerne la construction d’une usine de fabrication de bouteilles de verre, composée principalement d’un four de fusion de verre, des machines de formage, de machines de tri et d’inspection et de robots de palettisation et de houssage de palettes. Cette nouvelle unité de production, filiale du groupe Saverglass, devrait créer 330 emplois et permettre l’emploi d’un personnel verrier qualifié, dont une grande partie des postes pourront être proposés aux salariés d’Arc international. Alphaglass permettra au groupe d’augmenter ses capacités de production de 30 à 40%. L’entreprise a été soutenue par le FEDER à hauteur de 2,8 M€.