Une commande (bien)venued’Arabie Saoudite

Cette entreprise de mécanique et d’usinage du val de Sambre connaît une traversée de crise difficile. Depuis la fin 2011, son activité semble se redresser. Un premier marché obtenu en décembre au Moyen-Orient fait partie des signes positifs.

Via le port d’Anvers, et en provenance d’Arabie Saoudite, deux gros rotors de turbines – de 27,5 tonnes pièce et mesurant chacun 7,5 m de long sur 1,3 m de diamètre – sont arrivés dans les ateliers de l’entreprise Paquet dans le centre d’Hautmont. C’était quelques jours avant Noël. Pour l’entreprise hautmontoise, comme l’explique Christophe Desmarez, le PDG de la SAS, cette commande est bienvenue. D’une part parce qu’elle contribue au redressement d’une société bien malmenée par la crise (voir encadré) et d’autre part parce qu’elle lui ouvre, peut-être, les portes de plusieurs marchés au Moyen-Orient à commencer par l’Arabie Saoudite, un premier gros client. “Ces deux rotors de turbine à gaz que l’on doit réparer, expliquet- il, nous ont été confiés par la SEC, la Saudi Electricity Company, l’équivalent d’EDF en Arabie Saoudite,tant par son parc de centrales que par leur puissance. Elles tournent toute l’année pour la climatisation. La SEC possède de nombreuses centrales équipées de ces rotors, de la même génération, qui présentent tous les mêmes défauts à l’usage. Chaque pièce représente environ 600 heures de réparation, avec des opérations d’usinage et de soudure très précises. Je précise que si la réparation revient à 100 000 euros pièce, la pièce ellemême coûte 3,5 millions de dollars. On n’a donc pas le droit à l’erreur.
Christophe Desmarez précise que si ce gros client est satisfait des premières interventions, d’autres pourraient suivre dans les cinq ans à venir. Tout doit se jouer en ce début d’année.
Contact et audit. Comment ce marché prometteur a-t-il été décroché ? Le PDG précise qu’en tant qu’ancien salarié de Jeumont Electric, il avait gardé des contacts avec ses anciens collègues. Or, cette autre société du val de Sambre était présente en Arabie Saoudite où elle dispose d’un agent. Ces contacts se sont révélés précieux à l’heure où Paquet devait prospecter ce pays en tant que sous-traitant de Vallourec, un des gros donneurs d’ordre du Hainaut…
Christophe Desmarez précise que l’accord de partenariat entre SEC et son entreprise remonte à juillet 2010 et qu’étant donné l’enjeu, il s’était accompagné d’entretiens, d’échanges ainsi que d’un audit. Au début de janvier, la visite du chef de projet saoudien était attendue. Le patron constate au passage que si les Saoudiens ont tendance à négocier longtemps, lorsqu’ils font confiance, ils sont fidèles. D’autres bons contacts ont été pris à cette occasion dans ce pays. De bonnes nouvelles pourraient ainsi arriver dans les prochaines semaines…

De gros donneurs d’ordre. Christophe Desmarez aime à rappeler que la SAS Paquet, née dans les années cinquante, spécialisée dans la fabrication mécanique et l’usinage, fait partie de ces nombreux soustraitants du val de Sambre travaillant pour de gros donneurs d’ordre. Ceux-ci ont pour nom Vallourec (tubes notamment pour l’industrie pétrolière…), Jeumont Electric, Dembiermont (qui fabrique des couronnes notamment pour l’aéronautique et l’aérospatiale), Myriad (travail de l’acier)… On peut y ajouter CMD à Cambrai ou Arcelor Mittal à Dunkerque et en Belgique. “Nos donneurs d’ordre principaux, commente-t-il, sont dans le Hainaut-Cambrésis ; 90% de nos clients se situent ainsi dans un rayon de 100 km et le principe du 20% de clients représentant 80% du chiffre d’affaires se vérifie toujours.” Christophe Desmarez tient à préciser que malgré les diff icultés sérieuses liées à la crise internationale, son entreprise s’est toujours efforcée de garder son savoir-faire humain, et notamment ses tourneurs et fraiseurs, des qualifications que les PME comme la sienne ont aujourd’hui beaucoup de mal à trouver. “On cherche toujours des aléseurs et tourneurs pour nos machines actuellement sous-utilisées”, explique-t-il.