Une Cambrésienne invite les élus à la réflexion

Auteur de trois ouvrages et conférencière, Maud Bazoche fait notamment le constat que l’édifice administratif est quasi figé depuis 1789. Alors que le pays, lui, a changé...

Maud Bazoche lors d’un salon du livre, et ses trois ouvrages très documentés.
Maud Bazoche lors d’un salon du livre, et ses trois ouvrages très documentés.
D.R.

Maud Bazoche lors d’un salon du livre, et ses trois ouvrages très documentés.

Est-il possible, en France, de réformer la carte administrative ? L’empilement des échelons n’a-t-il pas pour résultat d’entraver le développement économique et l’aménagement du territoire ? Depuis une dizaine d’années – et tout en laissant à ses lecteurs le soin de se faire leur propre opinion −, Maud Bazoche a apporté sa contribution à ce débat qui continue. Elle a signé trois ouvrages1 sur l’histoire de l’organisation des échelons administratifs et de réformes jamais abouties.

Originaire du Perche, cette Cambrésienne n’écrit pas sous son vrai nom. Elle s’explique : «Pour mon premier ouvrage, étant fonctionnaire en poste, j’ai eu recours, confidentialité oblige, à un nom d’emprunt. Et pour les deux suivants, mon éditeur, L’Harmattan, a préféré que je le conserve.»

 

Colère. Sur ce sujet, Maud Bazoche laisse transparaître une certaine colère. Avec de bons motifs. Elle relève ainsi que les entreprises en quête d’un document ou d’une autorisation ont toujours trop d’interlocuteurs en face d’elles et doivent compter avec un temps administratif qui n’est pas celui du privé. Elle estime aussi que le code général des collectivités territoriales est devenu illisible. Plus grave, «l’expérience professionnelle des fonctionnaires est méprisée et la notion de service public souffre à l’évidence de la confusion entre le projet politique centré sur l’image et le discours, et sa mise en œuvre concrète. On n’écoute plus des organismes comme l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), on ne consulte plus les urbanistes et les citoyens… On  préfère s’en remettre aux ‘faux spécialistes’».

 

L’histoire tourne en rond. Les ouvrages de Maud Bazoche vont à contre-courant tout en faisant référence à l’histoire administrative qui, pour elle, «tourne en rond». Elle explique que si la Révolution de 1789 a fait voler en éclats l’organisation administrative de l’Ancien Régime, synonyme de «désordres, de gaspillages et d’injustices», tout en précipitant la fin d’un «royaume au bord de la banqueroute», il en est sorti un nouvel édifice administratif, «bâti en quelques semaines selon une organisation hiérarchique militaire». Cependant, elle constate que, malgré les tentatives de réformes, rien n’a fondamentalement changé depuis 1800 alors que le pays a connu révolution industrielle, exode rural, deux guerres mondiales, mai 1968… On peut ajouter que les nouveaux échelons créés (Europe, Région, etc.) n’ont fait qu’émietter encore un peu plus pouvoirs et compétences. 

Projet de Maud Bazoche : faire des conférences afin de livrer et de développer le fruit de ses recherches. Et aussi tirer la sonnette d’alarme.

 

1. Du Morcellement communal de 1789 à l’émiettement intercommunal et contractuel de 2000. Un exemple : le Nord, Pas-de-Calais » (2002) ; Département ou région ? Les réformes territoriales, de Fénelon à Jacques Attali (2008) ; Commune ou ville intercommunale ? De Condorcet à Nicolas Sarkozy (1793-2009) (2010).