Une autoroute ferroviaire entre Calais et Turin

La ministre des Transports Elisabeth Borne était présente aux côtés de Guillaume Pepy, PDG de la SNCF, pour inaugurer la nouvelle autoroute ferroviaire de 1 150 km entre Turin et Calais, qui aura plusieurs atouts…

Élisabeth Borne voit cette autoroute ferroviaire comme une mise en place concrète de la transition écologique...
Élisabeth Borne voit cette autoroute ferroviaire comme une mise en place concrète de la transition écologique...

Voilà un investissement massif sur le territoire, qui devrait permettre de désengorger les routes et de rendre concrète la transition énergétique dans le transport de marchandises : une autoroute ferroviaire entre Orbassano, commune du Piémont située non loin de Turin, et la cité des Six Bourgeois. Le principe : les camions peuvent directement être chargés sur les wagons, sans avoir à s’adapter d’une quelconque manière. Une technologie française qui, en 2017, aura permis d’économiser 75 000 tonnes de CO2 selon Guillaume Pepy, président-directeur général de la SNCF, au cœur du projet via sa filiale VIIA, spécialisée dans le ferroutage. L’objectif de l’opération : retirer 36 000 véhicules des routes chaque année, à mesure de 42 semi-remorques embarquées par voyage.

Rendre concrète la transition écologique

«Chaque camion chargé via ce moyen de transport, c’est une tonne de CO2 économisée», a tenu à rappeler la ministre des Transports. Ainsi, dès 2020, l’autoroute ferroviaire entre Calais et Le Boulou – mise en service en mars 2016 – pourrait se faire le vecteur d’une économie de 45 000 tonnes de dioxyde de carbone. Un camion embarqué à bord d’un train réduirait de 90% ses émissions de gaz à effet de serre. Elisabeth Borne s’est ainsi félicitée de «relancer le fret ferroviaire, qui a perdu des  parts de marché en France et en Europe. Je suis convaincue que c’est avec des solutions multimodales de ce type que le fret ferroviaire doit retrouver toute sa place».

Calais, future plateforme logistique ?

Tout l’enjeu est là : faire de Calais une plateforme logistique qui peut non seulement faire face au Brexit, mais aussi investir pour son avenir. Ce qui fait du désengorgement des abords du tunnel sous la Manche et du port un véritable enjeu économique pour le territoire : entre le Brexit, qui menace d’engorger les autoroutes en amont des solutions de transport transmanche, et les besoins en transport de marchandises qui, selon Guillaume Pepy, auront augmenté de 30% d’ici 2030, les investissements étaient indispensables dans le Calaisis. Aujourd’hui, 10% du fret sur rails se font par l’autoroute ferroviaire ; il s’agit de monter en puissance et d’organiser le réseau. De plus, la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur du transport routier pourrait être une opportunité à saisir pour le réseau ferré…

Un réseau saturé

Le fret ferroviaire a eu du mal à se développer en raison d’une structure «en étoile», ainsi qu’en raison d’une «concurrence entre les trains de fret et les trains de voyageurs», selon Elisabeth Borne. En effet, le réseau ferré est quasiment exclusivement consacré au transport de voyageurs en journée, et est utilisé pour le fret de nuit. Tous ces facteurs sont la cause d’une perte de parts de marché du fret par le rail, d’où l’investissement massif de l’État (27 millions d’euros par an lors du quinquennat) et de la SNCF (40 millions d’euros, essentiellement consacrés à du matériel roulant, les terminaux étant déjà en place) dans les autoroutes ferroviaires.

Le plus grand défi réside dans la conception des wagons pour qu’ils puissent s’adapter à n’importe quel semi-remorque..

 

Élisabeth Borne – aux côtés de Natacha Bouchart, maire de Calais -, voit cette autoroute ferroviaire comme une mise en place concrète de la transition écologique.