Une 6e Semaine de l'Industrie très mobilisatrice
Occasion de promouvoir et de renforcer l'image et l'attractivité de l'industrie auprès du grand public, et plus spécifiquement auprès des jeunes et leurs familles, la 6e édition de la Semaine de l'industrie a largement mobilisé en mettant l'accent sur l'industrie du futur, source de nouvelles compétences et de nouveaux métiers.
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Toute la semaine écoulée, depuis le lundi jusqu’àu dimanche 20 mars, la région Nord – Pas-de-Calais – Picardie aura vécu à l’heure de l’industrie avec quelque 243 événements organisés sur son territoire, forums ici, rencontres là, avec des professionnels de l’apprentissage, de la formation, ou encore des visites d’entreprises et de sites industriels, des témoignages dans les établissements scolaires… La liste est longue des animations qui ont jalonné cette 6e édition de la Semaine de l’industrie qui a mobilisé − au-delà des entreprises − organisations professionnelles, syndicats, chambres consulaires, services de l’État, de la Direccte à la Dréal, jusqu’à l’Education nationale.
Ces acteurs ont en quelque sorte répondu à l’appel exprimé par Frédéric Motte, président du Médef régional, lors du lancement de cette édition sur le site de l’entreprise Home Medical Service – Vilgo à Loos-lez-Lille, à la mobilisation pour créer l’environnement favorable au développement des entreprises et de l’industrie, pour changer l’image de l’industrie et des chefs d’entreprise, Ainsi, Luc Johann, recteur de la région académique Nord – Pas-de-Calais – Picardie et de l’académie de Lille, chancelier des Universités, qui a notamment mis en exergue l’ouverture à l’environnement socio-économique de l’Education nationale dans la région, insistant en particulier sur les efforts faits pour la valorisation de l’enseignement professionnel et des filières technologiques.
Chef d’entreprise elle-même, la vice-présidente du Conseil régional Karine Charbonnier s’est enthousiasmée : «Il y a rien de plus beau que de fabriquer un objet : c’est de l’ingéniosité, de la créativité, de la réalisation, de la commercialisation. Ce sont des métiers magnifiques. L’industrie, c’est notre futur régional, elle va tous nous étonner dans les années à venir. L’industrie est développement durable, économie circulaire, économie de la fonctionnalité, efficacité énergétique, mais aussi industrie du futur avec le numérique, les objets connectés. C’est une révolution en marche. La région peut devenir la grande région ‘maker’ de France…»
Se félicitant de l’effort collectif que traduit cette semaine de l’attractivité dans laquelle il voit aussi une manifestation d’affection et de vivacité à l’endroit de l’industrie, Jean-François Cordet a rappelé la volonté de l’État de voir la nouvelle France industrielle se développer, tout en jouant de la fibre régionale : «L’industrie dans la région, c’est une partie de l’avenir de notre pays.»
ENCADRE
Questions à Léonce-Michel Deprez, président du Groupe des fédérations industrielles Nord − Pas-de-Calais
«Créer un environnement favorable à l’industrie»
La Gazette. Quelle est la situation de l’industrie ?
Léonce-Michel Deprez. Nous avons des sujets positifs et des motifs d’espoir, mais aussi d’inquiétude permanente liée à la conjoncture et à l’environnement français. L’industrie, c’est 96% des exportations, 78% de la recherche et de l’innovation, trois à quatre emplois induits dans les services par emploi industriel. Il est essentiel que le pays puisse réindustrialiser son territoire et fasse en sorte de créer un environnement favorable à l’industrie. Depuis 40 ans, la France s’est désindustrialisée très rapidement, au point que l’industrie ne représente plus que quelque 12% du PIB contre 21 à 22 % il y a 15 ans et 18 à 20% en Allemagne et en Grande-Bretagne. Malgré un environnement favorable avec un euro redevenu compétitif et un coût de l’énergie à la baisse, l’industrie n’a pas retrouvé son niveau de 2008 et l’investissement ne repart pas.
Comment inverser cette tendance ?
Nous lions ce manque de performance au manque de confiance des entrepreneurs dans l’environnement français et, notamment, à la rigidité du Code du travail. Il faut qu’on ait la possibilité d’ajuster nos effectifs en fonction des besoins. Pour créer l’emploi, il faut pouvoir le supprimer. Pour être licencié, il faut d’abord trouver un emploi. La France a encore perdu en solde final 44 sites industriels l’an dernier. Les effectifs moyens par site sont passés de 30 salariés il y a sept ans à 20. Tant que le Code du travail ne sera pas réformé et le niveau des charges sur le coût du travail, abaissé, on n’inversera pas la tendance. Les efforts faits, comme le CICE, vont dans le bon sens, mais il faut les poursuivre.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Tous ces aspects négatifs ne doivent pas masquer que l’industrie se projette dans une modernité absolue. Il y a dans l’industrie 4.0 un réel gisement d’emplois et d’innovations. La connexion des machines entre elles permettra d’améliorer les process en termes d’économies d’énergie et de matières premières. L’industrie pollue moins que les ménages et, facteur de modernisation extraordinaire, l’industrie 4.0 permettra d’aller plus loin encore. Pour ce faire, il faut que l’État maintienne le crédit impôt recherche et que la Région continue à soutenir les PME-PMI et améliore son process d’aide à l’innovation, encore trop institutionnel et en manque de réactivité. Nous ne demandons pas de l’assistance ni d’être sous perfusion, mais une approche plus précise en direction des PME-PMI. Il faut que le Conseil régional investisse massivement dans tout ce qui favorise l’investissement, l’aide à l’innovation et à la création de valeur ajoutée, pour permettre à l’industrie régionale de se maintenir et de se redévelopper.