Un territoire de la mobilité électrique
La Région Hauts-de-France et les collectivités partenaires ont inauguré à Dainville, près d’Arras, le réseau régional de bornes de recharge pour véhicules électriques en présence de Philippe Rapeneau, vice-président du Conseil régional en charge du développement durable, de la troisième révolution industrielle et de la transition énergétique, par ailleurs président de la communauté urbaine d’Arras (CUA), et de Yannick Paillet, de la direction régionale ADEME Nord − Pas-de-Calais − Picardie.
Depuis juillet, le Conseil régional déploie sur son territoire le service de recharge pour véhicules électriques, accessible au moyen d’une carte magnétique “pass pass” qui donne accès à un réseau de bornes de rechargement, maillant tout le territoire régional d’ici à 2020 et offrant aux habitants des Hauts-de-France la possibilité de recharger leurs véhicules électriques.
La mobilité électrique sur l’Arrageois. Comme l’indique Philippe Rapeneau, «sur le territoire de la CUA, sept communes sont concernées : Achicourt, Anzin-Saint-Aubin, Beaurains, Saint-Laurent-Blangy, Sainte-Catherine, Dainville, lieu de ce lancement régional, avec pas moins de 14 bornes implantées sur des parkings, à la citadelle, dans le centre, à proximité d’Aquarena ou près de l’Université d’Artois». Pour poursuivre : «Après avoir accompagné les particuliers souhaitant se doter d’un vélo à assistance électrique, la CUA a franchi une nouvelle étape pour encourager la mobilité électrique : la location d’un vélo électrique sur plusieurs mois, le V’electric, est déjà une réussite avec plus de 120 contrats de location signés. Le Grand-Arras a l’ambition de devenir un territoire de la mobilité électrique. Nous ne pouvions que répondre présent pour l’implantation de bornes de rechargement.»
Le déploiement d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques en région. Grande région industrielle automobile, la région Hauts-de-France prépare sa transformation écologique en devenant une des premières grandes régions du développement du véhicule électrique. Consciente des enjeux liés aux changements climatiques et dans le cadre des orientations du Grenelle 2 de l’environnement, la région s’est engagée dans un processus de transition énergétique, faisant du développement du véhicule électrique et de l’électromobilité une priorité. Double enjeu économique et écologique pour le territoire régional, berceau du développement du moteur électrique, avec une filière automobile qui emploie un peu plus de 50 000 personnes.
Ainsi, elle s’est dotée en 2012 d’une stratégie pour les territoires du Nord et du Pas-de-Calais à travers un Plan régional de développement de la mobilité électrique (PRDME). Le projet régional contribue au maillage de la région en partenariat avec l’État par le biais de l’ADEME, dans le but d’assurer un déploiement des infrastructures de recharge cohérent à l’échelle régionale. «Tout usager, venant de tout lieu, doit pouvoir se charger sur l’ensemble du territoire avec un niveau de service équivalent.» Par ailleurs, les différentes collectivités et les syndicats départementaux d’électricité collaborent afin d’articuler leurs actions en matière de déploiement d’infrastructures de recharge.
Un PRDME, première initiative régionale en France. Il s’agit de la première initiative au niveau d’une région, qui met en œuvre un plan stratégique de développement des mobilités électriques et des infrastructures interconnectées. Elle devrait permettre d’en faire la 1re région électromobile interconnectée. Cette politique volontariste centrée sur les usagers et leurs besoins s’appuie sur les souhaits des collectivités du territoire de contribuer au développement de la mobilité électrique, au maillagerégional d’infrastructures de charge avec l’installation de bornes de charge accessibles à tout type de véhicule, à l’élaboration d’une offre homogène de service d’accès aux infrastructures à travers l’installation et le déploiement du service de charge “pass pass” électrique.
Les différentes phases du dispositif. Lancée dès 2013, la première phase du programme de déploiement avec l’accompagnement de l’ADEME s’étend jusque fin 2017 avec l’installation de 873 bornes de rechargement et 1 745 points de charges sur 325 communes. Ce déploiement est réparti en quatre phases opérationnelles du PRDME fédérant les collectivités partenaires.
Ainsi, la première phase d’installation concerne les collectivités de la communauté d’agglomération (CA) de Saint-Omer, le Pays de Saint-Omer, la communauté urbaine d’Arras, la CA du Boulonnais, la CA Maubeuge Val-de-Sambre et la Ville d’Hazebrouck. Cette phase prévoit l’installation de 194 bornes de charges à fin 2016 et 39 bornes en 2017.La deuxième phase s’étend sur la communauté de communes (CC) d’Ostrevent et la CA du Douaisis et prévoit l’installation de 26 bornes en 2016, puis 42 à partir de 2017. Le territoire de Valenciennes métropole constitue la troisième phase et comprend l’installation en 2016 de 20 bornes, puis 18 dès 2017. La quatrième et dernière phase regroupe les territoires de la CA de la Porte du Hainaut, la CC des Trois Pays, la CC du canton de Fruges, la Métropole européenne de Lille, la CC Flandre-Lys, la Ville de Fourmies et la CC du Pays de Mormal à laquelle s’ajoutent le Syndicat d’énergie de la Somme, celui de l’Oise, ainsi que l’Union des secteurs d’énergie de l’Aisne (USEDA). Cette phase prévoit l’implantation de 114 bornes d’ici fin 2016, puis 420 à partir de 2017.
Une étape d’installation permettra de compléter ce réseau à 2 000 bornes d’ici 2020. Les bornes seront interopérables (accessibles à tout type de véhicule européen) et permettront de charger deux véhicules simultanément. Les utilisateurs pourront recharger leurs véhicules en utilisant une carte “pass pass”.
Un partenariat avec l’État par le biais de l’ADEME. Ce projet est accompagné par l’ADEME dans le cadre du Programme des investissements d’avenir (PIA). A l’échelle des Hauts-de-France, le déploiement du système de recharge publique va générer un investissement local de 11,3 M€, soutenu à hauteur de 3,7 M€ par le PIA et le soutien de la Région et des communes concernées. Comme l’exprime Yannick Paillet de l’ADEME, «c’est tout un écosystème pour le développement de la mobilité électrique qui se met en place : bornes de recharges, bonus renforcé pour l’acquisition d’un véhicule électrique, soutien à la filière automobile pour poursuivre la recherche, le développement et l’innovation». On peut citer pour exemple le Laboratoire de réactivité sur la chimie des solides (LRCS) de l’université de Picardie Jules-Verne, chef de file sur le stockage de l’énergie et notamment sur la batterie du futur. Afin d’accélérer le développement de la mobilité électrique, il est important de poursuivre le développement de l’interopérabilité et d’une billettique simple pour l’usager. Ainsi, la carte “pass pass” favorise l’intermodalité, car elle permet d’utiliser le train et un grand nombre de réseaux de transport collectif de la région. Le développement des bornes se fait en parallèle et vient soutenir le développement de l’acquisition de véhicules électriques.
«Plus largement, la mobilité électrique contribue au développement d’une mobilité plus durable avec la mise en place de nouveaux services de mobilité et un lien renforcé avec les questions d’aménagement et d’urbanisme, notamment dans une région où les relations ville-campagne sont nombreuses.» Des initiatives intéressantes sont d’ailleurs en cours. On peut citer Mouy (60) ou Corbie (80) pour l’aménagement et l’urbanisme orienté vers le rail. Pour conclure, «la mobilité est un sujet complexe, avec de fortes attentes des habitants. Des initiatives comme celle d’aujourd’hui apportent des réponses concrètes pour mieux se déplacer dans le futur».
ENCADRE
Cinquième pilier de la troisième révolution industrielle
Le véhicule électrique fait partie intégrante de la troisième révolution industrielles initiée par le Conseil régional et la Chambre de commerce et d’industrie de région (CCIR), dont l’élaboration de la feuille de route a été confiée à Jeremy Rifkin, essayisteaméricain, pour engager la région dans un nouveau modèle économique et énergétique. Le véhicule électrique fait partie du cinquième pilier «Transports zéro carbone» défini par Jeremy Rifkin, qui doit se développer à la même vitesse et ampleur que les quatre autres : énergies renouvelables, hydrogène et stockage d’énergie, technologie des réseaux intelligents, bâtiments producteurs d’énergie.