Un scanner de vans pour le confort des usagers
Un investissement massif. Eurotunnel a dépensé cinq millions d’euros dans une technologie de pointe. Le but ? Analyser les marchandises transportées par des vans afin de détecter la présence de produits «illicites», de contrefaçons, d’armes ou d’explosifs à bord des minibus, de plus en plus présents, surtout en provenance d’Europe de l’est. Le dispositif, situé des deux côtés de la Manche, est annoncé par le président du groupe, Jacques Gounon, comme étant «une première en France». Le prix, s’il semble très important pour un dispositif douanier, trouve sa justification dans le confort des voyageurs, selon Jacques Gounon. L’investissement, entièrement porté par le groupe Eurotunnel, a pour but d’assurer le transport «de plus de 2,5 millions de voitures et de vans pour le tourisme. Il faut à tout prix assurer une fluidité aux heures et périodes de pointe, comme pendant les vacances d’été ou d’hiver, en février. Nous devons tout faire pour avoir un contrôle efficace : l’appareil est à disposition des 260 douaniers sur le site, nous leur devons les moyens technologiques les plus performants sur le marché».
Comment ça marche ? Le dispositif est plutôt simple. Le van est disposé moteur allumé sur des rails, qui tractent automatiquement le véhicule en dessous d’un appareil de radiographie. Le conducteur étant sorti préalablement de sa camionnette – l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), chargée de la radioprotection, n’autorise pas la présence de personnes lors du processus pour des raisons de santé –, le véhicule est radiographié sur toute sa longueur. Posté dans une cabine avoisinante, un agent des douanes spécialement formé à l’exercice peut ainsi observer le véhicule à la loupe – électronique – et donc repérer d’éventuels produits illicites, armes, contrebande, contrefaçon… «En moyenne, pour contrôler un van par cet appareil, il faut compter entre trois et quatre minutes, détaille Raymond Deschamps, chef divisionnaire des douanes du tunnel sous la Manche et directeur des services douaniers, entre le moment où ça passe dans l’appareil et le moment où on traite les images pour regarder si à l’intérieur du chargement il n’y a pas de matières illicites ou de marchandises dangereuses. Ça demande une réelle formation, délivrée par le fournisseur du dispositif.»
Une avancée. Raymond Deschamps est catégorique : l’utilité d’un tel scanner est indiscutable. «Les vans ne pouvaient pas passer dans le scanner du fret routier, conçu pour les semi-remorques. Avant, ils passaient au niveau des transports de touristes. Le problème, c’est qu’on n’y était pas appareillé pour contrôler ce type de moyen de transport. Cela obligeait nos agents à ouvrir le van, à décharger la marchandise. Ça prenait un temps infini, ça gênait le trafic routier et ça faisait perdre du temps à nos agents. De dix minutes à une heure, c’est du temps qui n’était pas utilisé pour contrôler des voitures de passagers.» De son côté, Jacques Gounon confirme l’utilité du dispositif. Pour un trafic de 2,5 millions de voitures par an, il fallait donner des moyens aux douanier pour avoir «une frontière fluide et efficace», selon les mots du président du groupe. Si le dispositif n’a «rien à voir avec la pression migratoire», aucune intrusion de migrants n’ayant été relevée depuis l’été dernier selon Jacques Gounon, il fallait surtout un service des plus efficaces pour rester compétitif par rapport aux rivaux du tunnel sous la Manche : le transport par avion et par ferry. «L’avantage pour nos clients, c’est d’assurer une traversée rapide, efficace et sûre. C’est ça notre force de vente.»
Performances. Si Eurotunnel avait besoin de ce type de dispositif, c’est que l’affluence est de plus en plus grande sur le site : + 17% de fret, + 2% de voitures de tourisme… Au total, le groupe gère un quart des flux commerciaux entre l’Europe continentale et la Grande-Bretagne. Pour ce qui est de la marchandise, ce sont 110 milliards d’euros par an qui transitent via le tunnel. «L’importance est absolument vitale pour le Royaume-Uni et pour l’Europe continentale, surtout pour l’Allemagne, qui est le premier utilisateur du tunnel. Peu importe le Brexit. Au final notre principale préoccupation est de faire passer cet obstacle naturel qu’est la Manche très vite – en moins de trente-cinq minutes – à des millions de véhicules et à des milliards de marchandises.»