Abderrahman Hamani, directeur général de Beugin Garay

«Un savoir-faire qui se transmet de main à main, des anciens aux plus jeunes»

Au coeur de la campagne du Béthunois se dresse une usine centenaire à la renommée mondiale dans la protection des supports acier et béton contre la corrosion industrielle. Une entreprise installée sur la commune de Le Comté mais qui porte le nom du village voisin : Beugin Garay.

Abderrahman Hamani, directeur général de Beugin Garay (à droite).
Abderrahman Hamani, directeur général de Beugin Garay (à droite).

L’histoire démarre en 1923 avec l’ouverture d’une petite usine de conception de dalles et de grès de chimie, à l’origine notamment du Grès d’Artois à partir de 1966, un carreau d’apparence rustique que l’on retrouvait dans de nombreuses maisons des Hauts-de-France. Employant à l’origine une quinzaine de salariés, l’usine grandit au fil des années et diversifie son activité en s’orientant vers le traitement de surfaces à partir des années 1990.

«Nos réalisations partent pour le monde entier»

Rebaptisée Beugin Garay depuis son rachat en 2019 par une holding belge, l’usine nordiste est désormais spécialisée dans la protection anticorrosion des supports acier ou béton utilisés dans l’industrie, que ce soit le nucléaire, la chimie ou l’agroalimentaire. «Nous couvrons trois secteurs d’activités : l’anti-corrosion, l’anti-abrasion et la protection des sols techniques» précise Abderrahman Hamani, directeur général, «en France et à l’export puisque nos réalisations partent pour le monde entier, notamment en Afrique du Nord et au Moyen-Orient». À ce jour, l’usine et un second site, implanté à La Flèche dans la Sarthe, emploient 88 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 12 millions d'euros.

Et si l’expertise de Beugin Garay est plus que jamais reconnue et plébiscitée aux quatre coins du monde, c’est avant tout le fruit d’un savoir-faire qui se transmet de génération en génération. «Nous faisons uniquement du sur-mesure pour nos clients, nous sommes des tapissiers haut-de-gamme de l’industrie ! Notre savoir-faire consiste en effet à recouvrir les pièces de nos clients d’une couche de protection en caoutchouc et je compare chaque pièce à une œuvre, nos salariés sont des «oeuvriers» et n’ont pas le droit à l’erreur !».  

L’usine nordiste est spécialisée dans la protection anticorrosion des supports acier ou béton utilisés dans l’industrie.


Et de poursuivre : «Le travail manuel est au coeur de notre quotidien, seule la cuisson est automatisée mais elle ne représente qu’une infime partie du process. Et il n’existe aucune école pour apprendre ce métier, c’est un savoir-faire qui s’apprend sur le terrain et se transmet de main à main, des anciens aux plus jeunes. Le recrutement est d’ailleurs notre problématique première, c’est même un frein à notre développement sachant que trois années sont nécessaires pour atteindre la dextérité qu’impose notre métier».

Le recrutement des jeunes, pilier de la croissance

En parallèle de ce savoir-faire manuel, Beugin Garay s’appuie sur deux bureaux d’études intégrés et sur le plus grand autoclave de France pour répondre à toutes les demandes, même les plus techniques. «Les derniers mois n’ont pas toujours été simples, nous avons subi quelques creux dans notre activité, mais nous avons toujours su redresser la barre» se réjouit Abderrahman Hamani. «On doit notamment être en mesure de s’ouvrir à de nouveaux marchés, sur lesquels nous ne sommes pas présents alors qu’il y a des besoins… notre savoir-faire peut être sollicité par tous types d’industriels ! Mais encore une fois, nous avons besoin de recruter pour pérenniser et développer notre chiffre d’affaires, comme pour anticiper les départs en retraite de nos salariés les plus expérimentés».

Quoi qu’il en soit, le directeur de l’usine de Le Comté se montre optimiste pour l’avenir. «Nous avons fêté notre centième anniversaire l’an dernier, l’objectif est d’atteindre les 200 ans. Et ce n’est pas une parole en l’air, c’est possible ! Pour y arriver, nous devons bien évidement renforcer les volumes de production - avec un objectif de croissance de 30% du chiffre d’affaires d’ici cinq ans - et accompagner les collaborateurs pour grandir tous ensemble». Et de conclure : «Notre force, c’est cette envie de transmettre notre savoir-faire». 

L’usine de Le Comté et le second site implanté à La Flèche emploient 88 collaborateurs.